Leur présence interpelle depuis plusieurs semaines les passants du quartier de Hamra, à Beyrouth. A l'ombre d'un imposant ficus, des portemanteaux trônent depuis plusieurs semaines sur la façade colorée de la bouillonnante rue Abdel Aziz. Des âmes charitables y suspendent chaque jour vêtements, nourriture et jeux pour que d'autres dans le besoin puissent les récupérer. A l'origine du projet, un groupe d'amis. L'une d'entre eux a découvert le "Mur de la gentillesse" mis en place en Iran et convaincu les autres de le reproduire à Beyrouth.
"L'idée du 'Wall of Kindness' est simple : un projet fait par les gens pour les gens". Près du mur orné de dessins jaune et vert du Street Artist Chain Reaction, une des responsables de l'initiative explique : "Les gens peuvent suspendre ici les affaires dont ils ne se servent plus pour que d'autres dans le besoin les récupèrent". Comme les autres bénévoles, la jeune femme souhaite conserver l'anonymat. "Nous n'avons rien fait de plus que d'accrocher des portants sur un mur ! Tous ceux qui donnent participent à la pérennité de notre action !".
Pleine d'humilité, la jeune beyrouthine aux cheveux clairs raconte : "Nous nous sommes dit qu'un mur de la gentillesse aurait toute sa place ici. Beaucoup de gens sont confrontés à la misère et nous voulions les aider". La plupart des bénéficiaires sont des réfugiés. "Nous voyons beaucoup d'enfants revenir chaque jour pour voir si des jouets ont été déposés", témoigne la bénévole. Après une première expérience manquée dans le quartier Sodeco où les portants étaient régulièrement arrachés, le pari du "Wall of Kindness" semble désormais être gagné. Depuis son installation près de l'hôpital Bekhazi en juin dernier, les patères ne désemplissent pas.
Le succès du groupe s'explique en grande partie par son dynamisme sur les réseaux sociaux. "Nos comptes Facebook et Instagram ont accéléré la popularité du mur et ont contribué à la formation d'une véritable communauté", explique la jeune femme. Le regard enjoué, elle se souvient de ce jour où elle a partagé la requête d'un réfugié : "Il voulait une cravate, mais les donateurs ne pensent jamais à ce genre d'accessoire. J'ai sollicité nos réseaux. Le lendemain, une dizaine de cravates pendaient aux portants!".
L'association ne souhaite pas s'arrêter là. D'autres "Wall of Kindness" devraient rapidement apparaître à Beyrouth, notamment dans le secteur Cola. D'autres villes se sont déjà appropriées l'idée : un "mur de la gentillesse" vient d'être érigé à Tripoli, capitale du Liban-Nord.
Très belle et bonne idée ! Chaque quartier devrait avoir un de ces "murs de la gentillesse". Nous avons tous des affaires dans nos armoires qui ne nous sont plus utiles, et qui feront le bonheur d'autres qui sont dans le besoin. Irène Saïd
13 h 58, le 10 août 2017