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Moyen Orient et Monde - Venezuela

La Constituante inaugurée, malgré le rejet de l’opposition

Une quarantaine d'États ont condamné cette Assemblée, dont le Vatican.

Des miliciens exhibant les portraits de l’ancien président Hugo Chavez et de leur héros national Simon Bolivar, devant le bâtiment où s’est déroulée l’Assemblée constituante, hier, à Caracas. Carlos Garcia Rawlins/Reuters

La séance inaugurale de la controversée Assemblée constituante a eu lieu hier au Venezuela en présence de quelque 545 membres, malgré les critiques internationales et le rejet de l'opposition qui manifestait simultanément, laissant craindre de nouvelles violences. « Nous inaugurons l'Assemblée nationale constituante du peuple vénézuélien rebelle », a déclaré en début de séance le doyen des constituants, Fernando Soto, devant ses collègues élus. Un prêtre a ensuite béni l'assistance, après un bref sermon.
L'ex-chef de la diplomatie vénézuélienne Delcy Rodriguez, surnommée « la tigresse » par le président Nicolas Maduro pour sa défense passionnée de la « révolution bolivarienne », a été élue présidente de la Constituante voulue par le chef de l'État, pourtant absent. Nicolas Maduro devait normalement assister à leur prestation de serment. « Je promets de défendre la patrie de toute agression ou menace », a déclaré cette avocate de 48 ans, un drapeau vénézuélien et un exemplaire de la Constitution à la main. Les membres de la nouvelle Assemblée – parmi lesquels l'épouse et le fils de M. Maduro–, élus dans le sang le 30 juillet, sont arrivés peu après 16h00 GMT au siège du Parlement, en arborant des portraits géants du défunt président Hugo Chavez (dont M. Maduro est l'héritier politique) et de Simon Bolivar (héros de l'indépendance du Venezuela).
Ils se sont ensuite installés dans le « salon elliptique », à quelques mètres de l'hémicycle dans lequel se réunissent les députés élus fin 2015 et majoritairement issus de l'opposition, faisant craindre des tensions au sein du bâtiment.
Pendant ce temps, les partisans de M. Maduro étaient réunis à l'extérieur, casquette rouge sur la tête et agitant des drapeaux vénézuéliens. L'opposition marchait également hier et entendait rejoindre le Parlement.
Dotés de pouvoirs illimités durant un temps indéfini, les constituants sont pour la plupart issus de la société civile et appartiennent tous au camp présidentiel, l'opposition ayant boycotté le scrutin. La nouvelle Assemblée constituante se situe au-dessus de tous les pouvoirs, y compris ceux du chef de l'État. Elle aura pour mission de réécrire la Constitution du Venezuela de 1999, promulguée par Hugo Chavez, président de 1999 à 2013. Son élection, dimanche, entachée par des violences qui ont fait dix morts, a suscité un tollé international. Plus de 120 personnes ont été tuées en quatre mois de manifestations contre le président Maduro.

Intervention du Vatican
Un peu plus tôt, hier, le Vatican a estimé que l'inauguration de la Constituante devait être « évitée ou suspendue » pour favoriser « la réconciliation et la paix », tout en invitant « les forces de sécurité à s'abstenir de l'usage excessif et disproportionné de la force ». Parallèlement, l'opposant Antonio Ledezma, maire de Caracas, a été, selon son épouse, ramené chez lui tôt hier pour être de nouveau placé en résidence surveillée après avoir été emprisonné durant trois jours. Un autre chef de l'opposition, Leopoldo Lopez, qui se trouvait également en résidence surveillée et avait été arrêté en même temps que M. Ledezma, restait détenu, l'un des quelque 600 « prisonniers politiques » dénoncés par l'opposition.
La Constituante est rejetée par 72 % des Vénézuéliens, d'après l'institut de sondages Datanalisis. Selon les autorités, plus de 8 millions d'électeurs – 41,5 % du corps électoral – ont participé à son élection, mais SmartMatic, l'entreprise britannique chargée des opérations de vote, a estimé ce chiffre « manipulé » et surévalué d'au moins un million de votants.

« Superpouvoir »
Après ces révélations, le parquet général, dirigé par la procureure dissidente Luisa Ortega, a tenté jeudi de freiner la mise en place de la Constituante, demandant à la justice d'annuler la séance inaugurale. L'initiative du parquet a peu de chances d'aboutir, ses précédentes décisions ayant toutes été neutralisées par la Cour suprême. Cible d'une contestation l'accusant de vouloir étendre ses pouvoirs et prolonger son mandat qui s'achève en 2019, M. Maduro entend, grâce à cette Constituante, « perfectionner » l'économie et inscrire ses programmes sociaux dans la Constitution. Il jouit du soutien de l'armée. L'opposition continue à contester le principe même de ce « superpouvoir » en dénonçant son « illégitimité ».
Par ailleurs, le gouvernement panaméen a annoncé hier avoir accordé l'asile politique à deux magistrats de la Cour suprême parallèle, formée par les opposants à Nicolas Maduro, qui se disent « menacés » et « persécutés ». À Genève, un groupe de cinq experts de l'ONU ont appelé hier le gouvernement vénézuélien à mettre un terme aux détentions systématiques de manifestants et cesser de traduire les civils devant des tribunaux militaires. Une quarantaine d'États ont condamné cette Constituante. M. Maduro a été qualifié de « dictateur » par Washington qui a renforcé ses sanctions. Dans ses apparitions quotidiennes à la télévision d'État, le président rejette ces condamnations et affirme vouloir résister à ce qu'il qualifie d'impérialisme.

Source : AFP

La séance inaugurale de la controversée Assemblée constituante a eu lieu hier au Venezuela en présence de quelque 545 membres, malgré les critiques internationales et le rejet de l'opposition qui manifestait simultanément, laissant craindre de nouvelles violences. « Nous inaugurons l'Assemblée nationale constituante du peuple vénézuélien rebelle », a déclaré en début de séance...

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