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À La Une - Crise

Au Venezuela, deux chefs de l'opposition arrêtés, "profonde inquiétude" de Washington

Le haut-commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, demande la libération de Leopoldo Lopez et Antonio Ledezma.

Un homme se tient devant la porte d'entrée du domicile de Leopoldo Lopez, leader de l'opposition vénézuélienne, arrêté le 1er août par les services de renseignement de l'Etat dirigé par Nicolas Maduro. Photo AFP / Ronaldo SCHEMIDT

Deux figures de l'opposition vénézuélienne ont été à nouveau arrêtés mardi, deux jours après l'élection dans le sang d'une toute puissante Assemblée constituante voulue par le président socialiste Nicolas Maduro, à la grande inquiétude de la communauté internationale.

Les Etats-Unis ont exprimé mardi leur "profonde inquiétude" après cette double incarcération, considérée comme une "nouvelle preuve de l'autoritarisme du régime" du chef de l'Etat vénézuélien. Un sentiment partagé par le haut-commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, qui a demandé leur libération.

A la veille de l'installation prévue de cette Constituante, Leopoldo Lopez, 46 ans, fondateur du parti Voluntad Popular (Volonté populaire, droite), et le maire de Caracas Antonio Ledezma, 62 ans, ont été arrêtés selon leurs familles en pleine nuit chez eux, où ils étaient en résidence surveillée. Tous deux avaient déjà été emprisonnés, jusqu'à presque trois ans et demi pour M. Lopez.

"Nous avons reçu des information des services de renseignement qui faisaient état d'un plan d'évasion", a expliqué la Cour suprême, dans un communiqué où il est également précisé que les deux opposants n'ont pas respecté leurs "conditions de détention" à domicile interdisant tout "prosélytisme politique" pour l'un et toute "déclaration à un quelconque média" pour l'autre.

MM. Lopez et Ledezma avaient appelé à ne pas participer à l'élection dimanche de la Constituante, un scrutin marqué par des violences qui ont fait dix morts.
Opposants et forces de l'ordre s'étaient alors affrontés à Caracas et dans d'autres villes lors de batailles rangées. Plus de 120 personnes au total ont été tuées en quatre mois de manifestations anti-Maduro. Selon l'ONG Foro Penal, le Venezuela compte quelque 490 "prisonniers politiques".

La coalition de l'opposition Table de l'unité démocratique (MUD) a appelé à une nouvelle manifestation mercredi dans la capitale.
"Ils ont pris Leopoldo Lopez et le maire Ledezma pour nous faire peur et nous démoraliser", a déclaré le député d'opposition Freddy Guevara. Mais "la prison et les persécutions contre nos responsables ne stopperont pas la rébellion".

 

(Lire aussi : Vers une reconnaissance internationale du gouvernement d’union de l’opposition vénézuélienne ?)



Sanctions américaines
L'élection - pour une durée indéterminée - des 545 membres de la Constituante a été qualifiée de triomphe "historique" par M. Maduro.

L'opposition, qui contrôle le Parlement depuis 2016, a boycotté ce scrutin en dénonçant une "fraude" visant à prolonger le pouvoir de M. Maduro, dont le mandat s'achève en 2019.
Qualifiant ces élections d'"illégitimes" et M. Maduro de "dictateur", Washington a annoncé lundi soir de nouvelles sanctions avec le "gel (de) tous les avoirs" que posséderait le président vénézuélien aux Etats-Unis, une mesure extrêmement rare contre un chef d'Etat en exercice.

M. Maduro est le quatrième chef d'Etat seulement à être ainsi sanctionné par Washington, rejoignant les présidents syrien Bachar el-Assad, nord-coréen Kim Jong-Un et zimbabwéen Robert Mugabe.

"Je n'obéis pas aux ordres impérialistes, je n'obéis pas aux gouvernements étrangers, je suis un président libre", a rétorqué M. Maduro dans une allocution télévisée.

La nouvelle Assemblée, qui doit s'installer mercredi au siège du Parlement, se situe au-dessus de tous les pouvoirs, y compris du président, et doit rédiger une nouvelle Constitution remplaçant celle promulguée en 1999 par le défunt président Hugo Chavez.



Condamnations internationales
L'opposant Julio Borges, président du Parlement, a assuré que le pouvoir législatif continuerait de siéger malgré l'élection de la Constituante. Selon lui, le Venezuela s'est réveillé lundi "plus divisé et isolé du reste du monde".

M. Maduro a souhaité lundi que la Constituante lève l'immunité des parlementaires de l'opposition pour qu'ils soient jugés.
Selon les autorités, plus de huit millions d'électeurs, soit 41,5% du corps électoral, ont participé à l'élection de l'Assemblée constituante. Plus que les 7,6 millions de voix réunies par l'opposition le 16 juillet, lors d'un référendum contre le projet de Constituante. Chaque camp conteste les chiffres de l'autre.

La nouvelle arrestation des deux chefs de l'opposition a provoqué de nombreuses condamnations internationales.
"C'est clairement un pas dans la mauvaise direction", a estimé une porte-parole de la Haute représentante de l'UE, Federica Mogherini. Le président du Parlement européen, Antonio Tajani, a demandé des sanctions - par un gel de leurs avoirs et une interdiction de voyager dans l'UE - à l'encontre des "membres du gouvernement vénézuélien, y compris son président Nicolas Maduro et son entourage".

Le Brésil a sommé le Venezuela de "relâcher immédiatement" les deux opposants.

Une dizaine de pays, des Etats-Unis à la Colombie, en passant par l'Argentine ou l'Espagne, ont annoncé qu'ils ne reconnaîtraient pas la Constituante.

A l'inverse, la Russie, Cuba, le Nicaragua, la Bolivie et le Salvador ont apporté leur soutien à M. Maduro. La Havane a dénoncé une "opération internationale" dirigée par Washington pour ne pas reconnaître "la volonté" du peuple vénézuélien.

Le Venezuela, premier exportateur de pétrole d'Amérique latine, est au bord de l'effondrement économique et 80% des Vénézuéliens désapprouvent la gestion du président, selon l'institut de sondages Datanalisis.

 

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