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Liban - Environnement

La pollution de la rivière de Rachiine : vers une solution de court terme ?

La solution, pour le moment, consiste en l'installation d'un canalisateur général pour les eaux usées qui empêchera celles-ci de se répandre dans les eaux de la rivière.

La pollution de la rivière de Rachiine touche l’ensemble de la population du caza du Liban-Nord.

L'affaire de la pollution de la rivière de Rachiine semble progresser vers un dénouement heureux, après de longues années et une campagne féroce menée principalement par le groupe « Zghorta ghadouna », une ONG née dans le sillage de la liste indépendante qui s'était présentée aux dernières élections municipales, ainsi que par la société civile zghortiote. Cependant, la situation reste assez compliquée et les activistes gardent un œil vigilant sur le processus des travaux en vue de garantir un règlement correct du problème une bonne fois pour toutes.

La rivière de Rachiine, qui passe par Mardachiyé et rejoint la source de Jouhit pour former le flux principal de la fameuse rivière Abou Ali à Tripoli, est touchée depuis plusieurs années et sur tout son cours par la pollution. Les causes en sont nombreuses. « Les eaux usées des villages situés de part et d'autre de la rivière déversées dans le cours d'eau constituent sans doute le facteur essentiel de la pollution », avait précisé à L'Orient-Le Jour Stéphane Doueihi, ingénieur civil et propriétaire d'un restaurant situé au bord de la rivière. Selon lui, il s'agit de quelques villages du caza de Denniyé, mais essentiellement d'un grand nombre de villages du caza de Zghorta : Zghorta, Rachiine, Ardé, Harf Ardé, Achache, Miriata, Kadriyé, Kfardlakous et Kfarhata.

« D'autres facteurs de pollution entrent en jeu, et ils ne sont pas moins dangereux que le déversement des eaux usées, affirme M. Doueihi. D'une part, des fermes de vaches sont installées près de la rivière alors que la région est classée zone touristique et, d'autre part, des propriétaires d'usines d'extraction d'huile d'olive rejettent les résidus du processus dans l'eau. Sans oublier les individus qui se débarrassent de leurs déchets solides dans la rivière. »

 

(Lire aussi : Quand le Liban « vert » devient « dangereux »)

 

Interrogé à ce sujet par L'OLJ, l'architecte et géographe Boulos Doueihi, membre de « Zghorta ghadouna », affirme qu'une partie du projet a été adjugée. « Ce projet consiste en l'installation d'un canalisateur général pour les eaux usées qui empêchera celles-ci de se répandre dans les eaux de la rivière. Ce collecteur général canalisera les eaux usées dans un tuyau spécial, qui longera la rivière sur ses côtés et qui les emmènera directement vers la rivière Abou Ali, à Tripoli, où elles sont déversées actuellement de toute façon », explique-t-il avant de poursuivre : « Il s'agit évidemment d'une solution à court terme. À long terme, il faudrait que ce tuyau soit étendu pour qu'il puisse déverser les eaux usées dans un des sites proposés pour la station d'épuration ». Cette solution cible exclusivement une partie de la rivière, à partir du pont de Rachiine et jusqu'aux alentours de l'hôpital Notre-Dame de Zghorta.

L'exécution du projet de la mise en place des tuyaux a été confiée à une société appelée al-Moustapha pour la construction qui, à son tour, l'a confiée à Pierre Toulany et Antoine Yammine. « Nous espérons que le projet sera réalisé conformément à l'étude effectuée, et nous veillerons, en tant qu'activistes, à ce que le projet soit exécuté correctement », assure M. Doueihi. « Il reste à noter que les municipalités devraient impérativement brancher leurs réseaux d'eaux usées au canalisateur, sinon tous les efforts seront vains », poursuit-il.
Ce projet ne constitue qu'une partie du problème, et donc de la solution, puisque plusieurs cours d'eau naturels traversent la rivière de Rachiine, dont « Chrendé », le plus important de ces cours. « L'importance du cours d'eau appelé Chrendé réside dans le fait que quatre villages du caza déversent leurs eaux usées dans ses flots », précise le membre de « Zghorta ghadouna ».

 

(Lire aussi : Un plan « zéro déchet » pour régler le problème des ordures ménagères)

 

Dans le cadre de ses projets relatifs aux problèmes d'eaux usées réalisés sur l'ensemble du territoire libanais, la Fondation René Moawad (RMF) a collaboré avec le ministère de l'Énergie, lequel avait entamé il y a trois semaines l'élaboration d'une étude concernant la partie Chrendé qui ne rentre pas dans le projet de la canalisation. La fondation a également œuvré, à la demande des habitants, à mettre en lumière une autre trajectoire dangereusement affectée par la pollution, mais qui n'est pas en rapport direct avec la rivière de Rachiine, celle de Alma – Fouwar – Beddaoui, dont l'étude du projet de réhabilitation a été réalisé il y a quelques mois. Selon un communiqué publié par le chef du mouvement de l'Indépendance sur son compte Facebook, deux millions d'euros ont été consacrés par le ministère à la réalisation de ces deux projets.

De son côté, le président de la Fédération des municipalités de Zghorta-Ehden, Zeenny Kheir, a tenu à rappeler les efforts déployés par son équipe en vue de trouver une solution efficace au problème. « De tout ce qui a été déjà fait, il reste 4 à 5 km de la rivière polluée qui ne sont inclus dans aucun des projets envisagés », souligne-t-il. De ce fait, la Fédération des municipalités du caza s'est adressée au ministère de l'Énergie concernant la partie restante, et « des études sont actuellement en cours pour tenter de trouver la meilleure solution pour en finir une bonne fois pour toutes avec la pollution de la rivière de Rachiine », précise M. Kheir. « Nous sommes en train d'aménager des réseaux d'eaux usées dans quatre villages concernés par cette catastrophe environnementale, et nous continuerons parallèlement à surveiller les travaux envisagés, par le biais d'ingénieurs spécialisés », conclut-il.

 

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