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Liban - Expédition

Michael Haddad à l’assaut du pôle Nord

Le jeune athlète paraplégique, qui s'est déjà fait connaître pour ses exploits au Liban, se lance dans une aventure inédite afin de promouvoir la lutte contre le changement climatique.

Un selfie bien particulier avec Saad Hariri, Michael Haddad et Ghassan Hasbani. Photo Marwan Assaf

Si impossible n'est pas français, il n'existe pas non plus dans le dictionnaire de Michael Haddad. Le jeune paraplégique prépare une expédition visant à parcourir 100 kilomètres au pôle Nord, qui serait prête dans huit mois à un an, selon ce qu'il a précisé à L'OLJ.

Hier, cette expédition a été lancée en grande pompe au Grand Sérail, lors d'une cérémonie parrainée par le Premier ministre, Saad Hariri, en présence du ministre de la Santé, Ghassan Hasbani, organisateur de cet événement, de Philippe Lazzarini, représentant du Programme des Nations unies pour le développement (le PNUD dont Michael est le « champion de la lutte contre le changement climatique au Liban »), de Joseph Jabra, président de la Lebanese American University (LAU, qui suit cette initiative d'un point de vue scientifique, notamment pour la création des équipements adaptés), et d'un parterre très fourni de personnalités de l'administration et de la société civile.

« Espoir » et « inspiration » sont des mots qui revenaient souvent hier dans les discours sur Michael Haddad. Saad Hariri les a employés entre autres, lançant à l'athlète, non sans humour, qu'il lui a fait « sentir que (ses) propres défis, pourtant ardus, sont plus faciles à porter ». « Beaucoup de gens valides auraient peur d'un tel défi, a-t-il ajouté. Nous vous suivrons pas à pas. »

Ghassan Hasbani a insisté sur les deux aspects de l'aventure : le défi personnel à un certain état de santé qui n'est pas envisagé comme une barrière, et la sensibilisation au danger du changement climatique. Philippe Lazzarini a souligné l'intérêt des réalisations quand la volonté individuelle rencontre l'innovation scientifique, surtout dans le cas de personnes souffrant de blessures vertébrales, et surtout quand l'exploit sert de plateforme pour attirer l'attention du monde sur les ravages du changement climatique. Joseph Jabra a parlé de l'apport du département de génie de la LAU qui, à la demande de Michael, s'est mis au travail pour créer un exosquelette biomécanique pour aider le paraplégique à atteindre ses objectifs.

 

« Cette performance est une première »
Quand on pose à Michael Haddad la question de savoir comment il compte se préparer pour ce défi qu'il s'est posé, il répond d'emblée : « Il n'y a pas de moi dans cette affaire, seulement "nous" », en référence au travail d'équipe nécessaire en pareil cas. « Cette performance est une première, et en tant que telle, nous l'offrons au monde entier, dit-il à L'OLJ. Notre objectif est de faire la lumière sur le problème numéro un, qui est le changement climatique. La performance, en elle-même, est une combinaison entre plusieurs disciplines : entraînement, régime alimentaire, physiothérapie, différents aspects en rapport avec la neurologie. Elle servira à expliquer comment une personne paralysée à partir de la taille est capable d'une telle performance. Nous voulons relier tout cela au cerveau humain et son fonctionnement, d'une part, et profiter, d'autre part, de cette expérience pour créer une nouvelle technologie d'exosquelette, qui permettra aux paraplégiques de marcher à l'avenir. »

Il a souvent été question d'« espoir » et d'« innovation » dans les discours sur Michael Haddad. Mais que signifiera pour lui un tel exploit ? « J'ai souvent dit, dans mon parcours, que le handicap est un état d'esprit, répond-il. Avec la foi et la détermination, rien n'est impossible. Mais le plus important, c'est qu'il faut parler le langage de la science, présenter des solutions pratiques au monde. J'ai décidé de me rendre à l'endroit le plus dangereux de la Terre pour livrer un message, et il faut placer ce message dans un cadre académique pour en faire profiter l'humanité. »

 

Des apports à la science
Le Dr Rouchdi el-Ahdab est le médecin qui sera à la tête de l'équipe de neurosciences et de neurophysiologie qui accompagnera l'athlète au cours du voyage. À la question de savoir quels seront les préparatifs auxquels se consacrera Michael, le Dr Ahdab répond : « Il y aura des exercices physiques bien sûr. Michael étant paralysé dans la partie inférieure du corps, il n'est pas capable de ressentir des frissons à ce niveau. D'où le fait que nous ne savons pas jusqu'à quel point il peut endurer le froid. Il y a beaucoup de données de base qu'il nous faut récolter : comment ses muscles vont réagir au froid, combien de temps ils peuvent supporter le mouvement dans l'espace d'une journée avec le nouvel équipement, etc. »

Qu'apportera cette aventure à la science ? « Le succès de Michael dans cette expédition sera très utile pour la science, répond le médecin. Il y a un grand nombre de tests physiologistes qui n'ont jamais été effectués sur des personnes dans le cas de Michael, et toute la communauté paraplégique profitera de ces résultats, notamment de savoir comment le muscle fonctionne sous pression. Côté génie, cette expérience permettra de développer de nouveaux équipements. Il y a aussi l'aspect de l'entraînement cérébral. Même si Michael est en excellente forme, tout vient du cerveau : cet entraînement ressemblera à celui des athlètes de haut niveau pour apprendre à anticiper, à réduire le temps de réaction aux obstacles... »

 

« Un plafond de verre vient de se briser »
Le public était littéralement sous le charme hier. Cheikha Intisar al-Sabah, présidente d'une ONG koweïtienne, exprime d'emblée son admiration pour le projet entrepris par Michael Haddad. « J'ai senti cette même inspiration gagner tous ceux qui m'entouraient, dit-elle à L'OLJ. J'ai posté aujourd'hui sur les réseaux sociaux : le plafond de verre de l'impossible vient d'être brisé ! Je pense que quelque chose va changer après cela. »

« Un tel exploit remarquable, qui n'est pas à la portée de tout le monde, est certainement très utile pour la sensibilisation à l'importance de la lutte contre le changement climatique », affirme à L'OLJ Vahakn Kabakian, chef de projet sur le changement climatique au PNUD, basé au ministère de l'Environnement. « Le pôle Nord est devenu un symbole du changement climatique, avec un impact déjà visible sur les peuples autochtones et la faune », rappelle-t-il.

 

 

Pour mémoire

À la conquête du Kilimandjaro pour permettre aux paralysés de marcher

 

Si impossible n'est pas français, il n'existe pas non plus dans le dictionnaire de Michael Haddad. Le jeune paraplégique prépare une expédition visant à parcourir 100 kilomètres au pôle Nord, qui serait prête dans huit mois à un an, selon ce qu'il a précisé à L'OLJ.
Hier, cette expédition a été lancée en grande pompe au Grand Sérail, lors d'une cérémonie parrainée par le...

commentaires (2)

Enfin, une belle histoire qui blanchit un peu,la noirceur du quotidien politique et économique du pays...

LeRougeEtLeNoir

12 h 37, le 12 juillet 2017

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Enfin, une belle histoire qui blanchit un peu,la noirceur du quotidien politique et économique du pays...

    LeRougeEtLeNoir

    12 h 37, le 12 juillet 2017

  • MES VOEUX DE BONNE REUSSITE... DE L,AVANT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 06, le 12 juillet 2017

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