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Garanti d’usine

C'est un débat creux que vient de relancer, à bien mauvais escient, le Hezbollah en plaidant pour un dialogue avec le régime de Bachar el-Assad en vue de réglementer, organiser, coordonner et gérer de concert le retour à leurs foyers des centaines de milliers de réfugiés syriens installés au Liban.

Creux en effet, ce débat, car l'issue – un match nul – en est connue d'avance. Dès lors, la démarche n'a rien d'innocent ; n'ayant apparemment d'autre objet que de raviver les dissensions, notamment au sein du gouvernement dit d'unité, elle se résume, en somme, à une provocation. Celles-ci n'arrivent jamais seules, du reste. Il y a peu, le chef de la milice pro-iranienne se faisait fort de rameuter et de rassembler sur place souverainement des centaines de milliers de volontaires, de par le monde arabo-musulman, si une nouvelle guerre devait éclater avec Israël. Et, stupéfiante nouvelle, car c'était un peu le monde à l'envers, des dizaines de cadets de l'armée ont eu droit à une visite guidée d'une base du Hezbollah au Liban-Sud.

Pour le Hezbollah, une conclusion s'impose, en toute logique, après la chaude alerte du week-end dernier dans le camp de réfugiés de Ersal, devenu en effet un véritable vivier de terroristes suicidaires. Pour conjurer ce péril, rien de plus normal donc que de travailler la main dans la main avec l'autorité ayant charge légale de toutes ces âmes en détresse qui ont fui l'extrême violence des combats. Après tout, vous rappellera-t-on encore, la Syrie sœur n'est pas Israël, et d'ailleurs il existe bien un ambassadeur syrien à Beyrouth, ce qui implique déjà un degré assez avancé de collaboration entre États.

Fallacieuse toutefois est cette logique, et pas seulement parce que, pour notre pays, l'interlocuteur tout indiqué est plutôt cette même communauté internationale qui, vaille que vaille, nous aide déjà à supporter le lourd fardeau de l'afflux de réfugiés. La Syrie n'est pas Israël, c'est vrai ; mais c'est en vassal, en subalterne – et souvent en véritable ennemi qu'il convient de soumettre par le fer et le feu – que le régime baassiste de Damas a souvent traité son voisin libanais. On ne s'étonnera guère donc que pour un grand nombre de Libanais, la perspective d'un dialogue avec le tortionnaire n'ait rien d'engageant, ni même d'utile. Pire encore, des années de guerre civile n'ont entamé en rien le potentiel d'ingérence, de subversion, de déstabilisation et de nuisance que possède ce régime secondé, de surcroît, par de puissantes alliances locales.

On gardera pour la fin l'argument suprême. Si cet appel à la collaboration, gracieusement lancé par le Hezbollah, est carrément irrecevable, ce n'est pas seulement parce que le régime de Damas est partie au conflit de Syrie : c'est parce que, de tous les protagonistes de cette guerre barbare, c'est lui qui, à coups de barils explosifs et de lâchers de gaz toxiques, s'est qualifié en champion incontesté de la tuerie de masse.
Le premier fabricant de réfugiés, comme d'ailleurs de terroristes, c'est bien lui.

 


Issa GORAIEB
igor@lorientlejour.com

C'est un débat creux que vient de relancer, à bien mauvais escient, le Hezbollah en plaidant pour un dialogue avec le régime de Bachar el-Assad en vue de réglementer, organiser, coordonner et gérer de concert le retour à leurs foyers des centaines de milliers de réfugiés syriens installés au Liban.
Creux en effet, ce débat, car l'issue – un match nul – en est connue d'avance. Dès...