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Économie - Crise du Golfe

Le Qatar montre ses muscles avec un vaste projet gazier

L'émirat veut augmenter de 30 % sa production de GNL via une hausse de l'exploitation d'un gisement commun avec l'Iran.

Le patron de Qatar Petroleum, Saad al-Kaabi, annonçant hier son projet d’accroître la production de gaz du vaste gisement off-shore North Field. Naseem Zeitoon/Reuters.

Le Qatar a annoncé hier son intention d'augmenter de 30 % sa capacité de production de gaz naturel liquéfié (GNL) dans ce qui s'apparente à une démonstration de force en pleine crise avec ses voisins du Golfe.

Cette décision inattendue, qui intervient alors que l'Arabie saoudite et ses alliés doivent se réunir aujourd'hui au Caire pour évaluer la réponse du Qatar à leurs exigences d'un changement de cap dans sa politique (voir page 6), confirme la volonté de Doha de renforcer son indépendance économique.

Dans une conférence de presse à Doha, le patron du géant Qatar Petroleum (QP) Saad al-Kaabi a dévoilé son projet d'accroître la production de gaz du vaste gisement off-shore North Field, que le Qatar partage avec l'Iran. Le projet vise à faire passer la production nationale de GNL de 77 millions de tonnes à 100 millions de tonnes par an à l'horizon de 2024. « Ce nouveau projet va renforcer la position du Qatar », a déclaré M. Kaabi, ajoutant que son pays « restera pour longtemps leader mondial du secteur GNL ». Selon lui, le projet d'augmentation de la production se fera en partenariat avec des compagnies internationales.

En avril, QP avait annoncé son intention d'augmenter sa production de 10 % sur North Field. Le Qatar observait alors un moratoire depuis 2005 sur tout nouveau projet de développement du gisement dans l'attente des études sur les incidences à long terme d'une exploitation plus étendue. L'émirat a dépensé des centaines de milliards de dollars pour le développement de son gisement, M. Kaabi avait donc indiqué en avril qu'il était « grand temps » de lever ce moratoire.

 

(Lire aussi : Au Qatar, les habitants s’adaptent à l’embargo)

 

« Nous savons ce que font les Iraniens »
Selon M. Kaabi, les activités de Qatar Petroleum ne seront pas affectées par la crise diplomatique actuelle. En cas de pression de l'Arabie saoudite et de ses alliés pour empêcher un tel partenariat, le Qatar procédera seul à l'augmentation de la production, a assuré le patron de QP. « S'il n'y a pas de compagnies prêtes à travailler avec nous, nous arriverons à (l'objectif de) 100 millions de tonnes », a-t-il affirmé.

Pour les experts, la décision de Doha est liée à celle de Téhéran, qui appelle ce vaste gisement gazier Pars-Sud. Lundi, l'Iran avait signé un accord de 4,8 milliards de dollars avec un consortium international conduit par le français Total pour développer une partie de ses ressources.

« Cela veut dire qu'ils peuvent augmenter la production de (North Field) sans déstabiliser la géologie du gisement », explique Oliver Sanderson, analyste à Thomson Reuters. Selon lui, cela pourrait même rapprocher les deux pays et inciter Doha à coopérer avec Téhéran.

De son côté, M. Kaabi a indiqué hier qu'il n'y avait pas de coopération avec l'Iran sur quelque projet que ce soit dans ce gisement, mais que les deux pays disposaient d'une commission conjointe qui se réunit chaque année pour évoquer la mise en valeur de North Field /Pars-Sud. « Nous savons ce que font les Iraniens et ils savent ce que nous faisons », a-t-il dit.

Cette décision du Qatar risque par ailleurs d'accentuer la saturation du marché du GNL sur lequel rivalisent déjà l'Australie, les États-Unis et la Russie. La majorité du GNL est aujourd'hui fournie via des contrats à long terme entre producteurs et utilisateurs qui offrent peu de souplesse et interdisent, dans la plupart des cas, aux importateurs de revendre leurs cargaisons. Mais avec une offre bien supérieure à la demande, les analystes s'attendent également à une libération progressive du marché.

Entre 1997 et 2014, le Qatar a tiré 125 milliards de dollars de ses exportations de GNL, estime l'Observatory of Economic Complexity, un site dédié au commerce international.

 

 

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Cette décision inattendue, qui intervient alors que l'Arabie saoudite et ses alliés doivent se réunir aujourd'hui au Caire pour évaluer la réponse du Qatar à leurs exigences...

commentaires (4)

L'Iran insitigatrice de tout se cafouillage arabe !!

Bery tus

15 h 15, le 05 juillet 2017

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • L'Iran insitigatrice de tout se cafouillage arabe !!

    Bery tus

    15 h 15, le 05 juillet 2017

  • COURSES DE CHAMEAUX...

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 35, le 05 juillet 2017

  • EN FAIT IL FAUT QU,AU MOINS UN PAYS ARABE GARDE DES RELATIONS AVEC L,IRAN... CA SERVIRA APRES POUR DES APPROCHES ET DES POURPARLERS... A MOINS QU,ON VEUILLE ETERNELLEMENT L,ESCALADE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 31, le 05 juillet 2017

  • Fin du Conseil des pays du Golfe, balkanisation de la Péninsule, apparition d'axes régionaux politiquement "incorrects", sur fond de guerre larvée en Syrie et de stabilité fragilisée en Irak, regain d'ambitions hégémoniques chez les puissances locales, interrogations sur la pérennité de systèmes "protégés"- Liban d'abord- Israël, à qui profite cette ébauche de sinistrose, paraît étranger à ce chef d'oeuvre intégralement made in Arab Countries.

    Khlat Zaki

    09 h 26, le 05 juillet 2017

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