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Moyen Orient et Monde - France

Macron concentre les pouvoirs, l’opposition critique un « monarque présidentiel »

Le chef de l'État doit s'exprimer lundi devant le Parlement au château de Versailles.

Emmanuel Macron lors d’une cérémonie militaire, hier, à l’hôtel des Invalides, à Paris. Thibault Camus/Pool/Reuters

Il relègue son Premier ministre au second plan, encadre étroitement ses ministres, et son parti étend son pouvoir à l'Assemblée : le président français Emmanuel Macron concentre tous les pouvoirs et ébauche le « macronisme », selon les analystes. Signe d'une prééminence assumée, le chef de l'État doit s'exprimer lundi devant le Parlement au château de Versailles pour exposer les grandes orientations de son quinquennat, la veille de la déclaration de politique générale de son Premier ministre Édouard Philippe, lui grillant ainsi la politesse. Un choix critiqué par l'opposition : les députés de La France insoumise (gauche radicale) et l'ensemble des parlementaires communistes boycotteront ce rendez-vous. « Nous n'irons pas à Versailles adouber le monarque présidentiel » et « valider le court-circuit du travail de l'Assemblée », ont fait valoir les élus PCF.

De ce format solennel et exceptionnel – Nicolas Sarkozy et François Hollande n'y ont eu recours qu'une fois –, Emmanuel Macron a décidé de faire un rituel annuel, abandonnant l'habituelle interview télévisée du 14 Juillet. Le président, au pouvoir depuis un mois et demi, aurait une pensée « trop complexe » pour l'exercice des questions-réponses avec des journalistes, a commenté son entourage au Monde.

À l'Assemblée, son parti La République en marche ! (REM) et ses alliés ont raflé mercredi tous les postes du bureau de l'institution, alors que traditionnellement l'un d'entre eux revenait à l'opposition.
« Une telle concentration au profit de la présidence, qui exerce sa tutelle sur le Premier ministre, le gouvernement, le parti majoritaire et l'Assemblée, est caractéristique du macronisme qui s'invente », analyse Pascal Perrineau, chercheur au centre de recherches politiques Cevipof. « Dans son livre Révolution, Emmanuel Macron expliquait déjà vouloir rétablir la présidence dans toute sa majesté, mais parlait aussi d'un fonctionnement équilibré avec le gouvernement. Or, très vite, il a mis en place non pas un équilibre, mais une sujétion », dit-il.
L'ancien candidat du Parti socialiste à la présidentielle Benoît Hamon a dénoncé hier dans le quotidien Libération « un pouvoir autoritaire, hypercentralisé et concentré dans les mains d'un homme », Emmanuel Macron, qualifié de « libéral autoritaire ».

 

(Lire aussi : Macron s'exprimera lundi devant le Congrès à Versailles)

 

 

« Chef d'entreprise »
Une douzaine de conseillers sont mutualisés entre le palais présidentiel de l'Élysée et l'hôtel Matignon où est installé le chef du gouvernement, « ce qui donne les moyens d'éviter une autonomie excessive du Premier ministre ». Et « l'Élysée a suivi très attentivement la mise en place des pouvoirs à l'Assemblée », remarque encore Pascal Perrineau. « Le président, qui sait que sa majorité est fragile quoique pléthorique, étant donné l'amateurisme au sein du groupe et l'abstention, met en place un fonctionnement jamais connu, type entreprise : un patron avec son "board", ses jeunes cadres technos et des corps intermédiaires un peu écrasés. Une conception à l'américaine, en phase avec une des origines du macronisme », conclut-il.

« Il revient aux sources de la Ve République et en utilise toutes les dispositions : un président vertical et le Premier ministre qui est un fusible. Ça nous étonne car nous avons connu une période de rôles brouillés, mais cela fonctionne comme ça, nuance l'historien Christian Delporte. C'est l'inspiration des présidents américains, et celle d'Obama, jusque dans la photo officielle. »

L'ex-secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur et à la Recherche Thierry Mandon a aussi épinglé sur Twitter la « fascination » américaine d'Emmanuel Macron, allusion à sa photo officielle où il est debout devant son bureau, comme celle de Barack Obama.

Pour l'essayiste Guy Sorman, « le macronisme est l'avatar d'une passion française : le despotisme éclairé, de Bonaparte à de Gaulle, la quête du sauveur ». « Emmanuel Macron, qui estime les Français monarchiques dans leur âme, hérite de cette histoire au bilan mitigé », écrit-il dans une tribune au Monde intitulée « Un despote éclairé ? ».

Cette concentration des pouvoirs risque-t-elle d'entamer la popularité d'Emmanuel Macron ? Les sondages sont contradictoires, ViaVoice faisant état jeudi d'une hausse de 4 points depuis la fin mai, à 53 % d'opinions favorables. Mais pour Ipsos Game Changer et Kantar Sofres OnePoint, qui ont publié des enquêtes mercredi et jeudi, il est en retrait de 1 à 3 points, à 45 % ou 54 % d'opinions favorables.

 

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Il relègue son Premier ministre au second plan, encadre étroitement ses ministres, et son parti étend son pouvoir à l'Assemblée : le président français Emmanuel Macron concentre tous les pouvoirs et ébauche le « macronisme », selon les analystes. Signe d'une prééminence assumée, le chef de l'État doit s'exprimer lundi devant le Parlement au château de Versailles pour...

commentaires (4)

POURTANT C,EST UN BON CHANGEMENT... LOIN DE LA DERIVE PRECEDENTE !

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 46, le 02 juillet 2017

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Commentaires (4)

  • POURTANT C,EST UN BON CHANGEMENT... LOIN DE LA DERIVE PRECEDENTE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 46, le 02 juillet 2017

  • un Mitterand en herbe ou un Mitterand new look ? refaconne a la mode 21 eme siecle? mais ominipotent qd meme . Mitterand avait peut etre le chic davoir su REGNER... mais n'a jamais fait du bien a la france . se debarasser de la vieille ecole , ca a du bon mais alors?

    Gaby SIOUFI

    10 h 46, le 01 juillet 2017

  • non il a tiré les leçons des mandats précédant il ne faut pas se faire d'illusion le monde politique est un milieu contestable et méchant, un président l'avait compris vu que lui aussi était un requin c'est Mitterrand. Un président de la république doit être un "tueur" si il veut gouverner. La faiblesse dans ce milieu est une erreur, exemple Hollande

    yves kerlidou

    09 h 57, le 01 juillet 2017

  • Le phénomène de "translation" du pouvoir socialiste en France ...est facile à comprendre après 40 ans de collusion avec la pseudo-droite ... ,d'ailleurs , le règne étouffant de F.Hollande 'élu par défaut),a surtout servi pendant 5 ans,a imposer aux français la dernière nomenklatura entièrement socialiste en Europe ...puis > par tous les moyens < , ne pas permettre à la droite d'accéder au pouvoir , E.Macron fut donc le seul recours "providentiel", après l'implosion du parti socialiste et il suffisait de prendre une posture de droite ,pour accélérer la division de celle-ci ...! d'où l'avènement très probable , d'une nouvelle phase d'instabilité ...

    M.V.

    06 h 40, le 01 juillet 2017

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