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Devoirs de (post)vacance

Affligeant mais guère surprenant : c'est le genre de commentaire, parfois assorti d'une punition bien méritée, auquel ont droit les cancres quand ils rapportent à leurs parents un désastreux livret scolaire, encore un. Mais qui diable trouvera moyen de sanctionner un État libanais qui se retrouve parmi les derniers de la classe en termes d'exercice de la démocratie ?


La classe, pourtant, n'est pas peuplée de cracks, puisqu'elle se limite à une dizaine de pays arabes peu susceptibles, au départ, de se poser en modèles de démocratie. Comme nous le rapportions dans notre édition d'hier, c'est la très sérieuse Arab Reform Initiative, ONG basée à Paris, qui distribue les bons et les mauvais points ; et d'où il n'occupait déjà que la cinquième place, le Liban est rétrogradé à la septième. Encore ne s'agit-il là que des années 2014 et 2015, essentiellement marquées par des scandales tels qu'une vacance présidentielle de plus de deux ans et la brutale répression policière des manifestations de la société civile, organisées lors de la crise.


Depuis, le cancre libanais s'est surpassé en termes de médiocrité. Car si le pays s'est enfin doté d'un président, et aussi d'une nouvelle loi électorale, il n'a en rien renoué avec une tradition démocratique toute relative certes, mais qui faisait naguère son orgueil, du moment qu'au pays des aveugles, le borgne est forcément roi. Le semblant de retrouvailles nationales illustré par la formation d'un gouvernement d'unité paraît se résumer à une simple convergence d'intérêts très particuliers et peu avouables, quant à un partage des bonnes affaires. Les clivages politiques et idéologiques demeurent, notamment à propos des initiatives diplomatiques et guerrières du Hezbollah. Pas encore désengagé de son équipée syrienne, ce dernier en vient ainsi à nous promettre, en cas de guerre, l'afflux en renforts, sur notre sol, de centaines de milliers de volontaires étrangers.


Faillie en termes de fonctionnement des institutions comme de transparence financière, la démocratie libanaise dénie enfin au citoyen le premier de ses droits : celui, proprement vital, à la protection. On n'applaudira jamais assez à la vigilance des organismes antiterroristes qui démantelaient hier un réseau de suicidaires dans un camp de réfugiés syriens. Mais quid des terroristes non déclarés, énergumènes à la gâchette facile qui écument les routes ? Quid des tirs dits de joie qui endeuillent périodiquement d'innocentes familles ?


Innovation : ce que saluait la folle et meurtrière pétarade de jeudi, c'était, on croit rêver, les résultats du brevet d'études complémentaires ; jolie façon que celle-là d'ancrer le sens civique dans le cœur et l'esprit de nos potaches. Non moins renversante est cette autre innovation, l'appel lancé sur les réseaux sociaux par les FSI, invitant la population à signaler sans aucune crainte tout débordement de ce genre. Qu'on se rassure : sourde aux détonations, la police entend parfaitement, par contre, la sonnerie du téléphone...

Issa GORAIEB
igor@lorientlejour.com

Affligeant mais guère surprenant : c'est le genre de commentaire, parfois assorti d'une punition bien méritée, auquel ont droit les cancres quand ils rapportent à leurs parents un désastreux livret scolaire, encore un. Mais qui diable trouvera moyen de sanctionner un État libanais qui se retrouve parmi les derniers de la classe en termes d'exercice de la démocratie ?
La classe, pourtant,...