Rechercher
Rechercher

À La Une - France

Une ex-militante FN jugée coupable mais dispensée de peine pour avoir aidé un migrant iranien par amour

"Depuis le départ, j'assume mes actes", a affirmé Béatrice Huret.

Béatrice Huret, sur une plage à Dannes, près de Boulogne-sur-mer, près de l'endroit où est parti pour l'Angleterre le bateau transportant illégalement Mokhtar, un migrant iranien dont elle est tombée amoureuse, tenant un exemplaire de son livre dans lequel elle raconte cette histoire. REUTERS/Pascal Rossignol

Par amour, Béatrice Huret, ex-sympathisante d'extrême droite, avait fait passer un Iranien en Angleterre. La justice française l'a reconnue coupable mardi mais l'a néanmoins dispensée de peine.

"Je viens de lui annoncer la bonne nouvelle et il s'est mis à pleurer. C'est un soulagement pour tous les deux", a déclaré Mme Huret, 44 ans, en larmes sur le perron du tribunal de Boulogne-sur-mer (nord). Elle venait de discuter par téléphone avec Mokhtar, ce migrant dont elle est tombée amoureuse et qu'elle a aidé à rejoindre l'Angleterre où il séjourne aujourd'hui.

Béatrice Huret était jugée pour "aide à l'entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers d'un étranger en France en bande organisée", mais le tribunal n'a pas retenu les circonstances aggravantes de "bande organisée" ou de "mise en danger d'autrui".

"C'est logique" d'être déclarée coupable. "Depuis le départ, j'assume mes actes", a-t-elle dit, alors que le procureur avait requis un an de prison avec sursis. La représentante du parquet avait notamment insisté sur la dangerosité de la traversée effectuée par Mokhtar et deux de ses camarades en juin 2016.

Trois autres prévenus étaient jugés avec Mme Huret. L'un d'entre eux, qui avait participé à l'achat du bateau des migrants, a lui-aussi été déclaré coupable et dispensé de peine. Un Iranien, Mohammad G., a en revanche été condamné à 3 ans de prison dont 16 avec sursis, les magistrats considérant qu'il était bel et bien un passeur, les enquêteurs ayant retrouvé des sommes d'argent démontrant son rôle dans deux passages de migrants, en voiture. Une Calaisienne qui était en couple avec lui a quant à elle été condamnée à six mois avec sursis.

Veuve d'un policier aux frontières, formatrice pour adultes aujourd'hui au chômage, Béatrice Huret menait une vie routinière, avant de se confronter au drame des migrants dans cette région.

 

(Lire aussi : La France veut éviter un "appel d'air" à Calais)

 

"Le goût de l'amour oublié"
Son quotidien bascule une première fois en février 2015 quand elle découvre la "Jungle" de Calais "par hasard", en prenant en stop un jeune réfugié soudanais qu'elle dépose à l'entrée du camp. "Cela a été un choc", expliquait-elle début juin à l'AFP. La "Jungle", où de 6.000 à 8.000 migrants vivaient dans un bidonville insalubre, avec l'espoir de passer en Angleterre, a été démantelée en novembre 2016 par les autorités françaises.

Béatrice Huret décide de devenir bénévole. Un an plus tard, elle croise le regard de Mokhtar pour la première fois. Il fait partie des migrants iraniens qui se sont cousus la bouche pour protester contre le démantèlement d'une partie du bidonville. C'est "un coup de foudre", confie-t-elle.

Après avoir perdu sa trace, elle accepte des mois plus tard via une connaissance de la "Jungle" d'accueillir Mokhtar et un autre Iranien à son domicile, où elle vit avec sa mère, 76 ans, et son fils Florian, 19 ans. Leur relation débute: "Mokhtar m'a rendu le goût de l'amour oublié", écrit cette ancienne électrice du parti d'extrême droite Front national, pour qui elle votait "sans se poser de questions".

Après une première tentative de passage ratée, vient l'idée d'acheter un bateau pour la traversée - périlleuse - du détroit, une pratique peu courante. Béatrice Huret achète un bateau sur internet et organise la traversée de Mokhtar et deux autres Iraniens le 11 juin 2016.

Son nouveau compagnon de 37 ans, ex-professeur de persan en Iran, vit maintenant à Sheffield, dans le nord de l'Angleterre où il a obtenu un permis de travail. Il reçoit régulièrement la visite de Béatrice Huret. Dans son livre ("Calais, mon amour", ed. Kero), elle s'explique: "j'ai amené un bateau sur une plage. Point. Je l'ai fait par amour (...), ça ne m'a rien rapporté".

 

 

Lire aussi
Migrants: après Calais, la France veut démanteler un autre camp dans le nord

France: la distribution de repas aux migrants bloquée à Calais

Par amour, Béatrice Huret, ex-sympathisante d'extrême droite, avait fait passer un Iranien en Angleterre. La justice française l'a reconnue coupable mardi mais l'a néanmoins dispensée de peine.
"Je viens de lui annoncer la bonne nouvelle et il s'est mis à pleurer. C'est un soulagement pour tous les deux", a déclaré Mme Huret, 44 ans, en larmes sur le perron du tribunal de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut