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Liban - Environnement

Le lion et l’abeille : la Cimenterie nationale de Chekka s’engage dans « la modernisation durable »

Un nouveau filtre a été inauguré hier, réduisant de plus de 50 % l'émission de poussières oxydées.

Une conférence de presse spéciale, dans un immense hangar aménagé.

Un gigantesque effort de mise à niveau environnemental est en cours, en ce moment, à la Cimenterie nationale de Chekka (1 000 employés, 45 % de la production nationale de ciment, mieux connue sous le label, « Cimenterie du Lion », pour la tête de lion illustrant le sac de ciment qu'elle produit).

L'usine a inauguré hier un nouveau filtre (bag filter) qui réduit de moitié les émissions d'oxyde de soufre et de nitrate émises par ses cheminées (15 mg/mètre cube), un taux bien inférieur aux normes internationales permises (50 mg/mètre cube). L'ancien filtre, aujourd'hui désuet, a moins de 20 ans d'âge ; c'est dire la rapidité du progrès enregistré sur le plan mondial en termes de normes de santé et de préservation de l'environnement, que cherchent à suivre les cimenteries nationales.

Initiée par le PDG de la Cimenterie nationale, Pierre Doumet, l'installation du nouveau filtre, un immense cube destiné à retenir les oxydes émis par les matières premières chauffées dans le four, est emblématique d'une politique de « modernisation permanente » qui doit devenir un modèle du genre.
La cérémonie d'inauguration publique (le nouveau filtre est opérationnel depuis le 28 mai), à laquelle plus de 200 notables et édiles de la région étaient conviés, a été marquée, d'abord, par un tour guidé du site de l'usine. Le tour comprend quelques explications sur le nouveau filtre installé, dont l'aluminium neuf brille encore au soleil, les fours tournants chauffés à 1 450 degrés où le mélange d'environ 80 % du calcaire et de 29 % de marne siliceuse prélevés sur les carrières de Chekka vont se fondre et former le « clinker », dont la pulvérisation donne le ciment en poudre, la salle de commande, où les différentes étapes du traitement du « clinker », sont contrôlées minute par minute sur des écrans d'ordinateurs, et enfin les hangars où grondent quatre générateurs électriques qui fournissent les 40 MW nécessaires au fonctionnement de l'usine.

 

Conférence de presse
Une conférence de presse a suivi. Elle s'est tenue dans un immense hangar aménagé pour l'occasion, où des pots de miel d'eucalyptus produit dans une partie réhabilitée des collines calcaires de Chekka ayant fourni la matière première, attendaient sur les sièges prévus pour les visiteurs.
« Quand nous introduisons des technologies avancées pour moderniser notre usine, nous ne faisons que notre devoir », a commencé par dire M. Doumet. Et de préciser que « l'usine possède de nombreuses certifications ISO dont celle de l'Institut allemand de recherche sur le ciment et celle de l'Institut de recherche industrielle libanais ».

« Voici deux ans et demi que nous tentons de poursuivre notre politique de modernisation permanente, a poursuivi Pierre Doumet. Mais nous attendons toujours les autorisations nécessaires pour la construction d'un tapis roulant industriel pour transporter la matière première vers l'usine (à la place d'une noria de camions qui soulève des tonnes de poussières), deux hangars pour le clinker et le pétrocoke utilisé pour chauffer les fours, aujourd'hui toujours stockés à l'air libre, un four à double capacité, un mégagénérateur à la place des 5 existants et enfin un broyeur géant au lieu des cinq en service. Cet investissement de quelque 200 millions de dollars continue de se heurter à un mur de formalités bureaucratiques invraisemblables. »

 

L'amiante cancérigène
« Nous voulons et nous cherchons à entretenir d'excellentes relations avec notre environnement humain et la société civile, a assuré M. Doumet, avant de démentir formellement que la production de ciment soit à l'origine de cancers. Autrement, s'est-il exclamé, toutes les usines de ciment d'Allemagne et du monde seraient aujourd'hui fermées. »

« Ce sont les usines utilisant l'amiante, comme jadis l'usine Eternit au Liban, qui sont responsables des émanations cancérigènes, a-t-il précisé. Elles ont toutes été fermées au cours des dernières décennies. »
Un expert allemand de l'Institut allemand de recherche sur le ciment VDZ devait confirmer cet avis, précisant qu'aucune preuve des propriétés cancérigènes de la production ou de l'usage du ciment n'existe, et que la plupart des cimenteries allemandes sont implantées près d'agglomérations.
À ce témoignage s'est ajouté celui de Joseph Matta, directeur des laboratoires de l'Institut de recherche industrielle relevant du ministère de l'Industrie, et de Marwan Rizkallah, directeur du projet LEPAP de lutte contre la pollution de l'environnement au ministère du même nom.

À son tour, le président de la municipalité de Chekka, Farjallah Kfoury, devait affirmer avec une fougue qui semble lui être habituelle qu'il appuie toutes les demandes d'autorisation des cimenteries nationales, avant de se demander pour quelle raison « Chekka est coupée du reste du Liban par un tunnel ». M. Kfoury plaidera avec passion la cause du bien-être d'une agglomération qui se développe au milieu d'une zone où plusieurs autres industries lourdes sont implantées.

 

Plantations d'eucalyptus
Comme en réponse à cette plaidoirie, M. Doumet devait ajouter que la Cimenterie nationale est décidée à s'attaquer à la déformation des paysages naturels provoqués par les carrières. « Depuis 1999, a-t-il précisé, un plan de réhabilitation des carrières, dont l'exploitation est achevée, a été mis en route, au point où les eucalyptus qui y ont grandi ont fait oublier à la région son passé. »
« Dans cet espace, a-t-il précisé, nous produisons aujourd'hui 300 kilos de miel d'eucalyptus, et tout le monde sait que là où sont les abeilles, la santé est là. Malheureusement, ces espaces ne sont pas visibles de la route, alors que de laides collines blanches en terrasse longent la route des Cèdres. Ces collines, nous envisageons d'en traiter les étagements et les pentes par hydro-ensemencement, une nouvelle technique dont nous espérons beaucoup. Partout ailleurs, nous installerons des remparts de verdure entre notre espace industriel et l'agglomération proprement dite. »

« Notre ambition, a conclu M. Doumet, est d'être un hôte bienvenu par toutes les couches de la population locale, et nous intégrer de mieux en mieux dans Chekka et tous les villages environnants. Du reste, les mille employés de la Cimenterie nationale en font partie déjà. Notre expérience ici a montré que le dialogue en profondeur, les accords et les ententes sur tout ce qui touche à la conciliation entre industrie et environnement sont possibles. Il est temps d'apprendre à mieux le communiquer et à mieux nous intégrer à la communauté locale. »

 

Pour mémoire

Sit-in des habitants de Kfarhazir devant la cimenterie de Chekka

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L'usine a inauguré hier un nouveau filtre (bag filter) qui réduit de moitié les...

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