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Liban - Loi électorale

Les réformes, nouveau cheval de bataille du CPL

Le président de la République, Michel Aoun, a signé samedi la nouvelle loi électorale (prévoyant la proportionnelle appliquée à 15 circonscriptions) votée vendredi dernier par la Chambre des députés. Elle doit être publiée dans le Journal officiel afin d'entrer en vigueur.
Mais cela ne signifie aucunement que le débat autour d'une nouvelle mouture est désormais clos. Bien au contraire. Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, semble déterminé à se lancer dans une toute nouvelle bataille : celle visant à remédier aux failles entachant le texte.
« La bataille pour rectifier la représentativité n'est pas finie », a-t-il assuré lors d'un iftar organisé samedi soir au Akkar. Selon le ministre des Affaires étrangères, « ce combat se poursuivra jusqu'à ce que chaque Libanais soit assuré que sa voix compte ». Dans les milieux aounistes, on explique cette volonté du ministre par le fait que la nouvelle loi a été adoptée à toute vitesse, trois jours avant l'expiration du mandat de la Chambre (le 20 juin).

(Lire aussi : Découpage électoral : le changement en trompe-l’œil)

« Nous sommes conscients que plusieurs failles entachent le nouveau code électoral, mais nous avons été pris par le temps », déclare ainsi à L'Orient-Le Jour Gaby Layoun, ancien ministre de la Culture et membre du bloc du Changement et de la Réforme. Pour lui, « les réformes envisagées devraient notamment toucher le quota féminin – d'autant qu'il n'a pas été adopté à cause d'une insuffisance de voix favorables – ainsi que le seuil d'éligibilité des candidats ». « Tout cela s'inscrit dans la continuité du processus de réforme que nous avons lancé », indique l'ancien ministre, avant de faire valoir que son parti se prépare déjà aux législatives prévues le 6 mai 2018, ajoutant toutefois qu'« il est encore tôt pour parler des prochaines alliances électorales ».

Si la formation fondée par le chef de l'État se targue d'avoir réussi à enregistrer à son actif la promulgation d'une loi électorale « complète », ses alliés semblent beaucoup plus prudents et soucieux de préserver cet accomplissement encore précaire. C'est par cela que pourrait s'expliquer la réserve formulée par Ammar Houri, député de Beyrouth (courant du Futur), aux propos de Gebran Bassil.

Dans une déclaration à L'OLJ, M. Houri note qu'« un bon nombre de réformes ont été introduites au système électoral ». « Mais le fait de relancer le débat autour de la loi paverait la voie à plusieurs autres modifications, dont il n'est pas opportun de discuter aujourd'hui. » Même son de cloche chez les Forces libanaises, grand allié chrétien du régime Aoun, et qui se félicitent de l'adoption d'une nouvelle loi, à laquelle aurait principalement contribué le parti dirigé par Samir Geagea.

Si un cadre de la formation reconnaît que « certains détails auraient pu être améliorés dans le texte, il s'empresse de faire remarquer que la réouverture du débat est difficile ». Des « détails » (dont notamment la carte magnétique et la durée de la troisième prorogation de la législature, fixée à un an) qui ont failli dynamiter la séance parlementaire – à la lumière de la querelle qui a opposé le Premier ministre, Saad Hariri, au chef des Kataëb Samy Gemayel à l'hémicycle. Pour le proche de Samir Geagea, « il vaut toutefois mieux se focaliser sur les avantages du nouveau texte, plutôt que de s'attarder sur les failles qui restent à régler ».
D'ailleurs, il devient de plus en plus évident que les FL déploieront tous les efforts dans la prochaine phase pour se préparer aux législatives. « Nous entretenons de bonnes relations avec tous les protagonistes », assure ce proche de M. Geagea, avant de poursuivre : « Nous œuvrerons à dynamiser notre machine électorale et à présenter de nouveaux candidats aux élections de 2018. »

(Lire aussi : Loi électorale : un projet qui reflète l’équilibre de force actuel)

Nouvelle session extraordinaire ?

Parallèlement à leur bataille électorale lancée très tôt – au moyen de plusieurs tournées effectuées dans les régions, notamment au Akkar –, les diverses formations politiques semblent déterminées à profiter de la reconduction du mandat de la Chambre pour réactiver les institutions, noyées dans une longue léthargie dictée par les débats autour de la loi électorale. Jeudi, Michel Aoun réunira à Baabda les chefs des blocs parlementaires représentés au sein du cabinet Hariri. Si les observateurs attendent la réaction du chef des Marada, Sleiman Frangié, à cette invitation (dans la mesure où il boycotte le palais présidentiel depuis l'élection de M. Aoun), un proche du président de la République précise à L'OLJ qu'« il ne s'agit pas d'une table de dialogue élargie, mais d'une réunion politique des composantes du gouvernement pour discuter de la relance des institutions ». Sleiman Frangié doit normalement y participer, mettant ainsi fin à une brouille qui dure depuis presque deux ans avec le fondateur du CPL. Les autres participants sont : le président de la Chambre Nabih Berry, le Premier ministre Saad Hariri, les chefs des Forces libanaises, Samir Geagea, des Marada, Sleiman Frangié, du PSP, Walid Joumblatt, du CPL, Gebran Bassil, du Parti démocrate, Talal Arslan, du PSNS, Ali Kanso, du bloc parlementaire de la Résistance, Mohammad Raad, ainsi que le secrétaire général du Tachnag, Hagop Pakradounian. Ils devront examiner un ordre du jour composé de six points : les articles non appliqués de l'accord de Taëf, notamment la création d'un Sénat et la décentralisation administrative ; un plan économique, proposé par le chef de l'État ; une dynamisation de l'action du gouvernement et du Parlement ; l'adoption du projet de budget et l'examen du dossier de l'échelle des salaires.

La question reste de savoir si le chef de l'État envisage l'ouverture d'une nouvelle session parlementaire extraordinaire, un point que le président de la Chambre, Nabih Berry, avait d'ailleurs soulevé, en précisant que de nombreux textes de lois restent à l'étude. De sources politiques, on souligne à L'OLJ l'importance d'ouvrir cette session pour plancher sur des dossiers qui intéressent la population et concernent son quotidien. Dans les mêmes milieux, on veut croire qu'une telle mesure sera adoptée, d'autant que la session parlementaire ordinaire ne débute qu'à la mi-octobre.

 

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