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Liban - Médias

Patrick de Carolis : « La culture est en premier lieu l’affaire de l’État »

« Il est important de donner des clés de compréhension au citoyen pour qu'il analyse le monde dans lequel il vit », estime le journaliste et écrivain.

Patrick de Carolis au café des Lettres. Photo Luciano Rispoli

C'est au café des Lettres de l'Institut français du Liban que Patrick de Carolis, homme de télévision et écrivain, ancien président de France Télévision et directeur actuel du musée Marmottan-Monet, s'est confié à L'Orient-Le Jour sur sa vision du service public au service de la culture.

M. de Carolis, qui a donné jeudi une conférence à la Résidence des Pins, est revenu sur son expérience à la télévision, lui qui est connu du grand public pour avoir été le producteur et le présentateur de la célèbre émission de reportages culturels « Des racines et des ailes ». Pour lui, « la culture est en premier lieu l'affaire de l'État », et par extension de la télévision publique, même si les initiatives culturelles sur les chaînes privées sont importantes, sauf qu'elles répondent « à des logiques économiques personnelles légitimes ».
Il dénonce par ailleurs un déclin de l'intérêt pour la culture, au sens large du terme, dans les programmes télévisés. « L'ADN du service public français est fondé sur trois piliers : l'information, le divertissement et la culture. Avec le développement des chaînes privées, la part de culture des chaînes du service public a diminué au profit de l'information et du divertissement », déplore M. de Carolis.

Culture et vivre-ensemble

« Je pense que l'État se doit d'avoir une politique culturelle parce que la culture va créer les conditions du vivre-ensemble et permettre que chaque individu puisse se révéler et avoir une identité différente complémentaire, explique Patrick de Carolis. La culture, c'est ce qui va permettre à chacun de ne pas être un petit soldat en uniforme mais quelqu'un qui a une pensée autonome. »
« On s'aperçoit que de moins en moins de monde fait de la culture. Et je pense qu'aujourd'hui l'État serait bien inspiré de demander au service public de renforcer ce pôle culturel dans lequel il faut mettre beaucoup de choses. L'histoire fait partie de la culture, des sciences, de l'économie et d'Europe aussi. La culture n'est pas uniquement l'art de la scène ou les arts plastique », explique M. de Carolis. « Il est important de donner des clés de compréhension au citoyen pour qu'il analyse le monde dans lequel il vit. Faire de la culture, c'est mettre au service du spectateur ces clés de compréhension », ajoute-t-il.

Et à ceux qui prétextent que trop de culture à la télé serait source d'ennuis, Patrick de Carolis répond : « La culture, quand elle est faite par des passeurs, n'est pas ennuyeuse. Si on choisit des personnes qui y croient et qui sont imbibées de cette mission, elle ne peut pas être ennuyeuse. »
« Un opéra à la télé, cela fait une audience d'un million neuf cent mille personnes à 20h30, ce n'est pas beaucoup par rapport à six millions qui regardent une fiction ou un téléfilm, mais il faudrait cinquante représentations quotidiennes de l'opéra de Paris pour arriver à ce chiffre, souligne-t-il. C'est cela le service public. Ce n'est pas une question de quantité, c'est une question d'offres et de possibilités pour des personnes qui n'ont pas la possibilité d'acheter des livres, d'aller à l'opéra et au théâtre, ou de réfléchir sur l'économie ou l'international. »

 

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