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Économie - Dette

Le FMI à la manœuvre pour éviter une nouvelle crise grecque

La directrice du FMI, Christine Lagarde, et le ministre grec des Finances, Euclid Tsakalotos, à Bruxelles, le 12 juillet 2015. Photo d’archives/AFP

Le FMI a assuré hier pouvoir éviter une nouvelle crise en Grèce avec un compromis de circonstance acceptable par les Allemands, au moment où Bruxelles appelle les créanciers du pays à ne pas « jouer avec le feu ».
À une semaine d'une réunion « décisive » de l'Eurogroupe sur la dette grecque, le Fonds monétaire international (FMI) a ressorti de sa boîte à outils un vieux mécanisme permettant, selon lui, de vaincre les résistances de Berlin et de permettre le déblocage de prêts vitaux pour Athènes.
Concrètement, le fonds donnerait son « accord de principe » à sa participation au plan de 86 milliards d'euros (96 milliards de dollars) accordé par la zone euro en 2015, mais sans débourser le moindre centime et sans déclarer la dette du pays « soutenable » contrairement à ses pratiques habituelles.
Cette solution, utilisée dans les années 80 pour des pays pauvres, permettrait de « préserver les progrès réalisés sur les réformes » par les autorités grecques et d'éviter « une situation financière potentiellement désordonnée en juillet », a plaidé jeudi Gerry Rice, le porte-parole du FMI. Elle permettait surtout de satisfaire Berlin qui exige la présence du FMI avant de délier de nouveau les cordons de la bourse. Emmenés par Berlin, les Européens ont jusqu'à présent refusé de verser un nouveau prêt à Athènes alors que le pays, sous perfusion financière depuis 2010, doit rembourser en juillet pour 7 milliards d'euros (7,8 milliards de dollars) de créances. « Nous avons le sentiment que nos partenaires européens pourraient aller de l'avant si nous décidions d'avoir un accord de principe, qu'ils pourraient effectuer un versement sur cette base », a affirmé le porte-parole.
Cette solution permettrait par ailleurs au FMI de ne pas s'engager financièrement tant qu'un allègement de dette n'aura pas été formellement accordé par les Européens, mettant ainsi fin à un blocage potentiellement dangereux. « Cela éviterait une situation déstabilisante en juillet. Nous avons vu cela dans le passé et je pense que c'est une bonne chose d'éviter des tensions financières en Grèce », a assuré M. Rice.
Le commissaire européen à l'Économie lui a fait écho hier en mettant en garde contre toute impasse lors de la prochaine réunion du 15 juin. « Je veux vraiment passer un message très clair aux créanciers de la Grèce : il ne faut pas jouer avec le feu », a affirmé Pierre Moscovici à Paris.

Critiques
Le compromis proposé par le FMI ne fait toutefois pas l'unanimité.
Premiers concernés, les Grecs ont déjà fait connaître leur opposition à une telle solution qui ne suffira pas, selon eux, à rassurer les marchés sur la solvabilité du pays. « Le FMI a été très pressant dans son exigence de réformes d'austérité, mais quand il doit demander un règlement sur la dette, il recule ou perd du temps », a déploré mercredi le porte-parole du gouvernement, Dimitris Tzanakopoulos.
D'autres accusent le FMI de tordre de nouveau ses règles pour venir en aide à la Grèce, après avoir déjà créé en 2010 une règle spéciale pour venir en aide au pays en dépit de son insolvabilité. « Il y a un deux poids, deux mesures. Cela revient à traiter la Grèce comme aucun autre pays », affirme à l'AFP Peter Doyle, un ancien cadre du département Europe au fonds. Autre ex-membre du fonds, Desmond Lachman se montre plus nuancé sur la forme. « Je ne dirais pas que c'est un traitement spécial, mais cela me semble être une solution très imaginative », dit-il.
Le FMI récuse, lui, tout « traitement de faveur » et assure avoir déjà utilisé ce mécanisme à 19 reprises dans les années 80 et 90. Il pourrait toutefois s'agir de la première fois où ce mécanisme serait utilisé pour un pays industrialisé comme la Grèce.
Dans la presse allemande, la patronne du FMI Christine Lagarde, qui assistera en personne au prochain Eurogroupe, avait déjà assuré lundi ne pas inventer « de nouvelle méthode "à la grecque" ». La solution fait toutefois tiquer Thanos Catsambas, ancien représentant du FMI en Grèce, parce qu'elle fait des Européens les véritables maîtres du jeu. « En clair, le FMI dit aux Européens : "Je serai prêt à revoir ma position quand vous serez disposés à agir" sur l'allègement de dette », dit-il à l'AFP.
Source : AFP

Le FMI a assuré hier pouvoir éviter une nouvelle crise en Grèce avec un compromis de circonstance acceptable par les Allemands, au moment où Bruxelles appelle les créanciers du pays à ne pas « jouer avec le feu ».À une semaine d'une réunion « décisive » de l'Eurogroupe sur la dette grecque, le Fonds monétaire international (FMI) a ressorti de sa boîte à outils un...

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