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Moyen Orient et Monde - Décryptage

L’exception iranienne n’existe plus : Téhéran frappé au cœur par l’EI

Parmi tous les ennemis de premier plan de l'État islamique (EI), l'Iran était le seul à ne jamais avoir été victime d'une attaque de ce groupe terroriste sur son sol. Cette singularité alimentait jusqu'alors certaines théories complotistes, plutôt répandues au sein de l'opposition syrienne et dans une partie du monde arabe, qui voyaient la main de Téhéran derrière les actions de l'entité jihadiste.

Leurs rhétoriques vont désormais devoir s'adapter à la nouvelle donne : non seulement l'Iran a été frappé hier par une double attaque revendiquée par l'EI, mais celle-ci a touché le cœur du pouvoir iranien, le Parlement et le mausolée de l'imam Khomeyni à Téhéran. Menées presque simultanément, les attaques ont fait 13 morts et au moins 46 blessés, selon un dernier bilan de l'agence ISNA. Elles ont duré plusieurs heures, selon le ministère de l'Intérieur, et les six assaillants sont morts. Le premier groupe qui a attaqué le mausolée « était composé de deux personnes : la première s'est fait exploser dans les jardins du mausolée et la seconde a été tuée par les forces de l'ordre », selon le ministère. Quatre assaillants ont mené l'attaque contre le Parlement. Deux se sont fait exploser et deux autres ont été tués par les forces de sécurité. Les assaillants du Parlement étaient « âgés de 20 à 25 ans », a déclaré à l'agence Fars Mohammad Hossein Nejat, chef adjoint des services de renseignements des gardiens de la révolution, l'armée d'élite de l'Iran.

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a tenté hier de minimiser la portée de l'événement. « Ces pétards n'auront aucun effet sur la détermination du peuple iranien », a dit le guide, selon son site officiel. Le président iranien Hassan Rohani a pour sa part appelé à « l'unité et à la coopération régionales et internationales » contre le terrorisme. Mais les pasdaran comptent bien profiter de l'occasion pour affaiblir leur adversaire, qui vient à peine d'être largement réélu, et ont déjà jeté de l'huile sur le feu. Les gardiens de la révolution ont ainsi dénoncé l' « implication » de Riyad et Washington dans les attentats, qui auraient « ordonné à leurs marionnettes » de passer à l'action. Une manière de fragiliser la position de Hassan Rohani, partisan d'une normalisation des rapports avec les États-Unis, mais aussi d'alimenter une autre théorie du complot, assez répandue au sein de la population iranienne, qui attribue à l'Arabie saoudite la paternité de l'EI.

 

(Pour mémoire : Un tournant décisif pour l'Iran ?)

 

Ennemi proche
Ces attentats interviennent deux semaines après la visite de Donald Trump à Riyad, où le président américain a appelé les pays de la région à « isoler l'Iran », pointé du doigt comme la « source du terrorisme ». Si les États-Unis, qui n'ont pas de relations diplomatiques avec Téhéran, ont condamné ces « attaques terroristes » en présentant leurs « condoléances aux victimes et à leurs familles », le président américain a préféré enfoncer le clou, affirmant que ceux qui soutiennent le terrorisme s'exposaient à en être les « victimes ». La Russie, alliée de l'Iran, a pour sa part condamné les attentats, estimant qu'ils prouvaient une nouvelle fois la « nécessité de coordonner la lutte antiterroriste ».

Pour l'EI, l'opération est un coup d'éclat, d'autant plus que son territoire se rétrécit de jour en jour en Irak comme en Syrie. Alors qu'el-Qaëda privilégiait l'ennemi lointain (l'Occident), le père spirituel de l'EI, le Jordanien Abou Moussab al-Zarqaoui – qui s'était pourtant réfugié en Iran après les attentas du 11 septembre 2001 –, appelait dès la moitié de la décennie 2000 à combattre en priorité « l'ennemi proche » (les chiites). Le pouvoir iranien, qui intervient en Syrie, en Irak et dans une moindre mesure au Yémen, est une cible prioritaire pour l'organisation jihadiste. Non seulement les pasdaran sont présents en Syrie et en Irak où ils soutiennent des gouvernements ennemis de l'EI, mais en plus ils forment, arment et financent dans toute la région des milices chiites qui combattent directement les jihadistes sunnites.

 

(Pour mémoire : Trump peut-il couper les tentacules de la « pieuvre iranienne » ?)

 

Dans une vidéo publiée en mars, l'EI avait menacé l'Iran, affirmant que le groupe allait conquérir ce pays, « le rendre à la nation musulmane sunnite » et provoquer un bain de sang chez les chiites. Il a saisi hier sa chance en profitant certainement d'une faille de l'appareil sécuritaire, pour toucher deux des lieux les plus symboliques et les plus protégés de la République islamique. Les forces de sécurité avaient d'ailleurs affirmé ces deux dernières années avoir démantelé des cellules de l'EI en Iran et déjoué des tentatives d'attentat de sa part.

Téhéran justifiait jusqu'alors sa présence sur le sol syro-irakien par la nécessité d'endiguer la menace jihadiste, avant qu'elle ne parvienne au territoire iranien. Les attaques dans la capitale devraient renforcer sa détermination et souder encore un peu plus la population derrière cet objectif, renforçant la rhétorique belliciste des pasdaran. Les gardiens ont déjà promis des représailles à l'État islamique : « Sachez que nous aurons notre revanche contre les terroristes, leurs complices et leurs partisans pour les attentats commis aujourd'hui à Téhéran », a déclaré leur numéro deux, le général Hossein Salami.

Ces attaques interviennent dans un contexte régional tendu alors que le rival saoudien vient de mettre le Qatar en quarantaine en l'accusant de financer les groupes terroristes chiites comme sunnites. En dépit des vives tensions avec l'Iran, les Émirats arabes unis ont néanmoins dénoncé hier une « attaque terroriste (...) dirigée contre des innocents ».

 

 

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Parmi tous les ennemis de premier plan de l'État islamique (EI), l'Iran était le seul à ne jamais avoir été victime d'une attaque de ce groupe terroriste sur son sol. Cette singularité alimentait jusqu'alors certaines théories complotistes, plutôt répandues au sein de l'opposition syrienne et dans une partie du monde arabe, qui voyaient la main de Téhéran derrière les actions de...

commentaires (7)

je l'avais deja dit, le timing, la maniere et l'endroit ou l'attentat a ete perpétrer montre bien la fausseté de l'iran !!! elle veut eloigner la coupe de sa bouche car bientôt on verra les vrais verites !!

Bery tus

15 h 15, le 08 juin 2017

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • je l'avais deja dit, le timing, la maniere et l'endroit ou l'attentat a ete perpétrer montre bien la fausseté de l'iran !!! elle veut eloigner la coupe de sa bouche car bientôt on verra les vrais verites !!

    Bery tus

    15 h 15, le 08 juin 2017

  • Pourrait-on exclure que ce soit un petard d'operation a fausse bannière ou "False Flag" par laquelle l'Iran chercherait a se blanchir les mains?? franchement un acte terroriste touchant en plein cœur du Regime!!! le moindre que l'on puisse dire c'est que c'est trop fort de cafe!

    Bibette

    13 h 14, le 08 juin 2017

  • Ca devait arriver un jour ou l'autre de toute facon. Mais comme Teheran n'est pas Paris on ne verra pas de vague d'indignation dans le monde entier. Logique, l'humanité, les droits de l'homme, la guerre contre le terrorisme, blablabla, c'est quand ca nous arrange uniquement

    Chady

    11 h 45, le 08 juin 2017

  • Les bactéries wahabites avancent à visage découvert. Mais je ne suis pas d'accord de parler d'exception IRANIENNE NPR, le pays usurpateur n'a jamais été attaqué par ces bactéries wahabites , sauf si on est dupe pour croire que le combat des palestiniens contre l'apartheid est du même ressort que les agissements de ces bactéries wahabites qui agissent sur remonte control sioniste .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 02, le 08 juin 2017

  • BIZARRE L,ACTION, SA MOTIVATION ET SON TIMING...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 22, le 08 juin 2017

  • Par chance pour l IRAN,les valeureux soldats du Hezbollah vont venir a la rescousse...

    HABIBI FRANCAIS

    08 h 08, le 08 juin 2017

  • "Des pétards"! 13 morts et 46 blessés n'ont aucune importance aux yeux du guide suprême!Les familles apprécieront certainement.

    Yves Prevost

    07 h 15, le 08 juin 2017

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