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À La Une - Diplomatie

Base d'Incirlik : Ankara et Berlin échouent à surmonter leur différend

Le blocage entre la Turquie et l'Allemagne sur cette question illustre l'état des relations actuelles entre ces deux partenaires historiques, qui traversent régulièrement des zones de turbulences.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, serrant la main au président turc Recep Tayyip Erdogan, le 5 juin 2017, à Ankara, en Turquie. Murat Cetinmuhurdar/Presidential Palace/Handout via REUTERS

Ankara a maintenu lundi son interdiction faite aux députés allemands de rendre visite aux forces déployées par l'Allemagne à Incirlik (sud de la Turquie), Berlin affirmant n'avoir d'autre choix que de chercher une autre base.

"A l'heure actuelle, il est possible (aux Allemands) de visiter la base de l'Otan à Konya (centre), mais pas Incirlik", a déclaré le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu, après avoir reçu son homologue Sigmar Gabriel à Ankara.

Prenant acte du refus turc, le ministre allemand des Affaires étrangères a indiqué que Berlin commencerait à chercher une nouvelle base "cette semaine ou la semaine prochaine". "Je crois qu'on ne peut pas régler ce problème avec la Turquie en ce moment", a-t-il dit à la presse après la rencontre. "Nous ne pouvons pas déployer des soldats là où les députés ne peuvent pas leur rendre visite", a-t-il souligné.

Abondant dans le même sens, la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, a déclaré à Berlin que l'armée allemande était "prête à un transfert" de ses forces d'Incirlik et qu'un accord avait été trouvé avec la Jordanie pour qu'elles soient accueillies sur la base d'Azraq. "Il est inacceptable que nos députés ne puissent visiter les soldats", a martelé une proche de la chancelière Angela Merkel.

Le conseil des ministres allemand va donc "discuter et décider" mercredi d'un éventuel déménagement des quelque 280 militaires concernés, ainsi que de 10.000 tonnes de matériel réparties dans environ 200 conteneurs, a annoncé Mme Von der Leyen.

Ce dossier a provoqué un regain de tension entre Ankara et Berlin, deux partenaires au sein de l'Otan dont les relations se sont dégradées au cours des derniers mois, notamment depuis le putsch manqué du 15 juillet.
Ankara a interdit, à la mi-mai, à des parlementaires allemands de se rendre à Incirlik pour rencontrer les soldats allemands qui y sont déployés. La Turquie a justifié son interdiction en reprochant à Berlin d'avoir accordé l'asile politique à des ressortissants turcs, dont des militaires, accusés par le président Recep Tayyip Erdogan d'être liés à la tentative de putsch de juillet.

La base turque d'Incirlik, située dans le sud de la Turquie, sert notamment aux opérations de la coalition internationale contre le groupe Etat islamique (EI).

 

(Lire aussi : Berlin décidera mi-juin du retrait de ses troupes de Turquie)

 

"Journalistes espions"
Après sa rencontre avec M. Cavusoglu, M. Gabriel a été reçu par le président Erdogan. En revanche, un entretien prévu avec le Premier ministre Binali Yildirim a été annulé par la partie turque pour cause d'"agenda surchargé", a indiqué un responsable turc à l'AFP.

Le blocage entre la Turquie et l'Allemagne sur cette question illustre l'état des relations actuelles entre ces deux partenaires historiques, qui traversent régulièrement des zones de turbulences.

Les rapports s'étaient fortement tendus au début du printemps, lorsque des villes allemandes avaient interdit la tenue de rassemblements de campagne pour le renforcement des pouvoirs de M. Erdogan lors d'un référendum en avril. Le chef de l'Etat turc avait alors accusé le gouvernement allemand d'avoir recours à des "pratiques nazies", suscitant l'ire de Berlin.

Autre sujet de tension entre Ankara et Berlin, le cas de Deniz Yücel, un journaliste binational incarcéré depuis février en Turquie où il est accusé d'"espionnage" et d'activités "terroristes". "L'accusation n'est pas en lien avec des activités de journalisme, mais avec des activités de terrorisme", a déclaré lundi M. Cavusoglu, ajoutant, devant M. Gabriel, que "des agences de renseignement européennes utilisent des journalistes comme espions". M. Gabriel a indiqué avoir "formulé une série de propositions afin d'avancer" sur ce dossier.

Au grand dam du gouvernement turc, les dirigeants allemands font épisodiquement part de leur préoccupation sur la situation des droits de l'Homme en Turquie, en particulier depuis le putsch manqué de juillet. Après le coup de force, Ankara a lancé des purges d'une ampleur inédite : quelque 50.000 personnes ont été arrêtées et plus de 100.000 limogées ou suspendues. Des centaines d'autres ont fui à l'étranger, notamment en Allemagne, et le gouvernement turc demande avec insistance leur extradition.
"L'Allemagne est un Etat de droit et, par conséquent, la culpabilité doit être prouvée devant un tribunal", a souligné lundi M. Gabriel.

 

 

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Ankara a maintenu lundi son interdiction faite aux députés allemands de rendre visite aux forces déployées par l'Allemagne à Incirlik (sud de la Turquie), Berlin affirmant n'avoir d'autre choix que de chercher une autre base.
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