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Économie - Focus

La modération des cours du brut, bonne nouvelle pour le Liban

Le scepticisme des marchés vis-à-vis de la stratégie de l'OPEP laisse présager une évolution plutôt favorable à court terme pour la consommation et les finances publiques.

La décision de l’OPEP et de ses partenaires de prolonger de neuf mois leur réduction de production reste fraîchement accueillie par les marchés. Archives AFP

Plombés depuis la fin de la semaine dernière par le scepticisme autour de la stratégie de l'OPEP, les cours de l'or noir ne devraient pas connaître un rebond massif à court-moyen terme. Une situation dont devrait profiter l'économie libanaise, estiment des analystes interrogés par L'Orient-Le Jour.

La décision, jeudi dernier à Vienne, de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et de ses partenaires de prolonger de neuf mois leur accord réduisant d'environ 1,8 million de barils par jour leurs extractions reste froidement accueillie par les marchés. Après avoir perdu environ 2,50 dollars dès jeudi – à 48,90 dollars – le contrat juillet sur le brut léger américain (WTI) a clôturé à 48,32 dollars hier.

Outre l'absence de surprises, les marchés ont notamment sanctionné le niveau toujours élevé des réserves mondiales et la reprise des extractions de pétrole de schiste aux États-Unis (qui ne sont pas concernés par l'accord). Une réalité dont le cartel semble d'ailleurs avoir pris acte : « À ce stade, l'objectif pour tous les membres de l'OPEP c'est un baril à 55 dollars avec un maximum de 60 dollars », avait par exemple déclaré le ministre iranien du Pétrole, Bijan Zanganeh, vendredi, au lendemain du sommet de Vienne.

 

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« Prix avantageux »
« Même s'il reste nettement plus cher qu'au plus fort de la chute entamée en 2014 (début 2016, les cours étaient descendus en dessous de la barre des 30 dollars, NDLR), un baril à ce prix reste très avantageux pour le Liban », estime l'économiste à la Banque mondiale (BM) Wissam Haraké. « Cette situation se reflétera positivement sur son déficit budgétaire et sa balance courante », résume-t-il. Pour rappel, la BM a estimé en avril que le Liban atteindra 2,5 % de croissance en 2017 en se basant sur un cours du brut à 55 dollars en moyenne cette année.

Comme tous les pays importateurs de brut, le Liban doit d'abord composer avec l'effet direct des prix du pétrole sur sa consommation et sa balance commerciale. « Les cours du brut influent sur l'inflation qui a affiché une hausse en glissement annuel de près de 5 % à fin avril », indique le directeur du département de recherche du groupe Byblos Bank, Nassib Ghobril, rappelant que le Liban avait enregistré deux années consécutives de déflation parallèlement à la baisse des cours du pétrole. Pour rappel, l'indice moyen des prix à la consommation de l'Administration centrale de la statistique a baissé de 0,8 % en 2016, contre une chute de 3,75 % en 2015. Le sous-indice mesurant l'évolution moyenne des prix de l'énergie et des carburants a, lui, respectivement reculé de 17,57 % en 2015 et de 3,82 % en 2016. « Le niveau attendu de la hausse des cours – attendu à partir du 3e trimestre – devrait être indolore tant qu'il n'y a pas de hausse de taxes sur la consommation ou les importations de carburants, ces dernières impactant fortement la facture globale des importations », note encore M. Ghobril. En 2016, les carburants représentaient 44,2 % du volume total des importations et 19,7 % de leur valeur ; contre respectivement 34,9 % et 23,6 % en 2013.

 

Interrogation sur les remises
La modération des cours devrait aussi continuer de profiter aux finances publiques, en raison de l'importance des transferts de l'État à Électricité du Liban (EDL). « La baisse des prix du pétrole avait eu un effet positif à court et moyen terme en diminuant les transferts de moitié en 2016 par rapport à leur niveau en 2014, quand le prix du baril était encore très élevé, rappelle M. Haraké. Malgré la hausse attendue des cours, ces transferts resteront toutefois à un niveau assez bas, loin de ceux qu'ils avaient atteint en 2014 quand le prix du baril gravitait autour de 100 dollars contre un prix de référence fixé en 1994 par l'État sur la base d'un baril de pétrole à 23 dollars », ajoute-t-il. Pour rappel, les transferts à EDL, qui constituent la troisième plus importante des dépenses budgétaires globales et dont 98 % du montant sert à subventionner les achats de mazout du fournisseur d'électricité, ont atteint 927 millions de dollars en 2016, en baisse de 54 % par rapport à leur montant en 2013 (à près de 2,04 milliards de dollars).

Cette baisse des transferts à EDL n'avait toutefois pas permis d'enrayer la hausse du déficit public, qui a atteint un record en 2016 à 4,94 milliards de dollars (+ 25,1 % par rapport à 2015). « Le Liban doit profiter des niveaux actuels des cours pour lancer une réforme du secteur de l'électricité, en supprimant notamment les subventions sur le carburant. En revanche, il serait contre-productif de taxer davantage le consommateur final en rétablissant un droit d'accise sur les carburants comme le gouvernement a envisagé de le faire, notamment en 2016 », estime M. Ghobril.

Par ailleurs, une interrogation demeure quant à l'impact de ces variations sur les remises des expatriés, dont dépend en grande partie le financement de l'économie. En avril, la BM a révisé à la baisse ses prévisions sur les remises, à 7,3 milliards de dollars en 2016, soit une baisse de 2,3 % par rapport à 2015. « La baisse des cours du brut a été suivie par une baisse des remises des expatriés libanais dont un grande partie est installée dans les pays du Golfe », résume M. Haraké. « Les remises évoluent en fonction d'autres facteurs comme les mesures d'austérité mises en place par les pays producteurs de pétrole pour limiter leur dépendance aux hydrocarbures. De plus, la baisse des remises est restée marginale comparé à l'évolution des cours et leur impact sur les économies des pays producteurs de pétrole », nuance M. Ghobril.

 

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La décision, jeudi dernier à Vienne, de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole...

commentaires (2)

Comme quoi...le schisme fait monter les prix du pétrole ..et le schiste les fait baisser ... et le prix du shit augmente de partout ! :-)

M.V.

15 h 48, le 01 juin 2017

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Commentaires (2)

  • Comme quoi...le schisme fait monter les prix du pétrole ..et le schiste les fait baisser ... et le prix du shit augmente de partout ! :-)

    M.V.

    15 h 48, le 01 juin 2017

  • Une bonne nouvelle pour le Liban mais dans le monde du virtuel toujours .

    Antoine Sabbagha

    11 h 42, le 01 juin 2017

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