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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Macron et Poutine montrent les muscles à Versailles

Les dirigeants français et russe ont profité de leur première rencontre officielle pour exprimer leurs désaccords sur les droits de l'homme et la Syrie.

Conférence de presse à Versailles, avec le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue français, Emmanuel Macron. Christophe Archambault/AFP

C'est en grande pompe que le président français fraîchement élu, Emmanuel Macron, a reçu hier son homologue russe, Vladimir Poutine. La visite a eu lieu à Paris, plus précisément au château de Versailles. Tapis rouge et garde républicaine étaient de mise pour l'arrivée du dirigeant russe. M. Poutine, invité pour l'inauguration d'une exposition sur le tsar Pierre le Grand, aura eu droit à l'un des symboles historiques de la France pour ce déplacement. Pour autant, cela n'a pas empêché Vladimir Poutine et Emmanuel Macron d'avoir un dialogue musclé et sans concessions sur la Syrie et les droits de l'homme pour leur première rencontre. « Nous nous sommes tout dit, on partage des désaccords mais, au moins, on les a évoqués », a souligné lors d'une conférence de presse conjointe le nouveau président français qui espère avancer « sur des solutions communes » avec le chef de l'État russe. « De loin, il y a une certaine similitude entre les deux : M. Poutine a aussi accédé au pouvoir jeune, c'est un casseur de codes. Ce recul pourrait différencier Emmanuel Macron de François Hollande », souligne à L'Orient-Le Jour Florent Parmentier, maître de conférence à Sciences-Po Paris et spécialiste de la Russie.

 

(Lire aussi : Emmanuel Macron, ou la politique autrement)

 

« Ligne rouge » sur la Syrie
Sur le dossier syrien, Emmanuel Macron a tracé une « ligne rouge » en forme d'avertissement au régime de Bachar el-Assad, soutenu par la Russie, sur « toute utilisation d'armes chimiques » par « qui que ce soit ». Elle fera « l'objet de représailles et d'une riposte immédiate de la part des Français », a déclaré le chef de l'État français avec fermeté. En 2013, son prédécesseur, François Hollande, avait renoncé en pareilles circonstances à une intervention militaire contre le régime de Damas après le recul américain et britannique. M. Poutine a d'ailleurs rappelé hier que la France était engagée au sein de la coalition internationale. Dans le même temps, Emmanuel Macron souhaite « renforcer le partenariat avec la Russie » sur la Syrie ainsi que la création d'un « groupe de travail » sur le terrorisme. « La lutte contre le terrorisme » est la « priorité absolue » pour la France comme pour la Russie, a souligné Emmanuel Macron.

Le président français a aussi plaidé pour une transition démocratique en Syrie, « mais en préservant un État syrien » et en se disant prêt à « discuter avec l'ensemble des partis », « y compris les représentants de M. Bachar el-Assad » même si la réouverture d'une ambassade de France à Damas n'était « pas une priorité ».
« Il y a une volonté du côté d'Emmanuel Macron de retrouver un dialogue, de normaliser les relations et d'avoir une marge de manœuvre supérieure à celle qu'avait François Hollande », explique à L'Orient-Le Jour Olivier Rouquan, politologue et chercheur associé au Centre d'études et de recherches de sciences administratives et politiques. M. Macron adopte une position plus franche sur la forme alors que « sur le fond, il n'y a pas de changement ou de rupture, mais bien une continuité de la diplomatie française menée » sous le mandat précédent, ajoute le chercheur.

Sur le dossier ukrainien, à la fermeté de M. Poutine pour qui les sanctions contre la Russie ne contribuent « aucunement » à régler la crise, le président français a répondu en appelant de ses vœux à une « désescalade » de la tension et en évoquant une prochaine discussion au format Normandie, réunissant Russie, Ukraine, France et Allemagne, dans les « prochains jours ou semaines ». La levée des sanctions est liée à l'application par la Russie des accords de Minsk signés en 2015, a rappelé le G7 la semaine dernière en évoquant l'éventualité de nouvelles sanctions.

 

(Lire aussi : Poignée de main virile avec Trump en guise de bienvenue sur la scène internationale pour Macron)

 

« Contre-vérités infamantes »
La conférence de presse a notamment été marquée par la réponse de M. Macron à une journaliste russe qui l'interrogeait sur sa décision d'exclure deux médias en français financés par le Kremlin, Russia Today et Sputnik, de son quartier général pendant la campagne présidentielle. « On va se dire les choses : en vérité, Russia Today et Sputnik ne se sont pas comportés comme des organes de presse et des journalistes, mais comme des organes d'influence, de propagande et de propagande mensongère, a-t-il dit. Quand des organes de presse répandent des contre-vérités infamantes, ce ne sont plus des journalistes, ce sont des organes d'influence », a-t-il asséné aux côtés de son hôte silencieux.

En réponse à une question, Vladimir Poutine a évoqué la réception au Kremlin de la candidate du Front national Marine Le Pen, le 24 mars, en pleine campagne. Elle « nous a demandé de l'accueillir, pourquoi aurions-nous dû refuser ? » a-t-il lancé.

Autre point sensible : les droits de l'homme. Emmanuel Macron a rompu avec la prudence de François Hollande en affirmant avoir évoqué « très précisément » cette question avec M. Poutine. « Le président Poutine m'a (...) indiqué avoir pris plusieurs initiatives sur le sujet des personnes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuelles et transsexuelles), en Tchétchénie, avec des mesures visant à faire la vérité complète sur les activités des autorités locales et (pour) régler les sujets les plus sensibles », a-t-il dit en promettant d'être « constamment vigilant » sur cette question. Cette posture plus offensive va dans « un sens plutôt positif, il est plus facile de travailler dans ce contexte alors qu'il y avait un certain agacement du côté russe face aux non-dits sous Hollande », observe Florent Parmentier.

À l'issue de la conférence de presse, les deux dirigeants ont visité ensemble l'exposition qui a justifié la rencontre, « Pierre le Grand, un tsar en France », en mémoire du voyage de Pierre 1er à Versailles, marqué par l'établissement de relations diplomatiques entre la France et la Russie, en mai et juin 1717 à Versailles. Le président russe s'est ensuite rendu seul au nouveau Centre spirituel et culturel orthodoxe russe, avec sa cathédrale aux bulbes dorés située au cœur de Paris. Il devait l'inaugurer en octobre 2016, mais l'escalade verbale entre Paris et Moscou, provoquée par la campagne militaire du régime syrien et de son allié russe contre la partie rebelle d'Alep, l'avait conduit à annuler ce déplacement.

 

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TACHTACHE AU PARADIS DES ZOROS !

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 23, le 30 mai 2017

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Commentaires (2)

  • TACHTACHE AU PARADIS DES ZOROS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 23, le 30 mai 2017

  • Vladimir Poutine n'est pas le PDG de Nestlé...Il faut que Macron s'en rappelle...

    LeRougeEtLeNoir

    09 h 08, le 30 mai 2017

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