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Disparus de la guerre civile : S'ils pouvaient témoigner... - Pour préserver l’espoir

« Mon ami et moi avons été emmenés par des hommes armés »

Des milliers de personnes ont disparu pendant la guerre du Liban. Leur sort reste inconnu. Dans le cadre du projet « Fus'hat amal »*, nous publions le portrait de l'une d'elles.

Salim Ismaïl a disparu le 22 octobre 1982.

Je m'appelle Salim.
Au terme de trois ans passés à l'étranger pour des raisons professionnelles, je suis rentré au Liban pour me marier et fonder une famille. Je connaissais Hoda depuis longtemps car, enfants, nous étions voisins.
Nous avons eu une petite fille, Rana.

J'avais l'habitude de lui préparer son biberon tous les matins, avant d'aller travailler dans les chantiers. Le week-end, nous allions pique-niquer. Je m'adonnais alors à ma passion : la photographie. Évidemment, Rana était mon sujet préféré.

En 1982, nous avons accueilli Mohammad, notre deuxième enfant. À la suite de sa naissance, nous nous sommes installés pendant quelque temps chez mes beaux-parents, qui avaient offert d'aider Hoda à s'occuper des deux enfants. Savoir que ma femme et mes enfants n'étaient pas seuls me rassurait, car depuis l'assassinat du président Bachir Gemayel, le 14 septembre 1982, la situation à Saïda était devenue très tendue.

Un mois plus tard, le 22 octobre 1982, des hommes armés ont débarqué sur le chantier où je travaillais avec d'autres ouvriers. Ils m'ont embarqué avec mon ami Ahmad. Comme moi, il était palestinien. Nous avons été emmenés au centre de détention de Rmeilé, situé en dehors de Saïda, pour être interrogés. Nos familles ont perdu notre trace du côté de Jiyé.

Comme beaucoup d'autres femmes de disparus, Hoda s'est retrouvée à élever seule nos deux jeunes enfants. Tout en se battant pour me retrouver, elle s'efforçait de continuer à leur offrir le même niveau de vie. Elle essayait aussi de cacher son chagrin. Mais le soir, quand Rana et Mohammad étaient au lit et que le silence retombait dans la maison, l'absence et l'incertitude lui devenaient insupportables.
Mon nom est Salim Ismaïl. Mon ami s'appelle Ahmad. Ne laissez pas notre histoire s'interrompre ici.

 

* « Fus'hat amal » est une plateforme numérique qui rassemble les histoires des personnes disparues au Liban. Le projet est financé par le Comité international de la Croix-Rouge, l'Union européenne, le National Endowment for Democracy et la Fondation Robert Bosch.
Des histoires d'autres personnes ayant disparu durant la guerre sont disponibles sur le site Web de Fus'hat amal à l'adresse: www.fushatamal.org
Si vous êtes un proche d'une personne disparue, vous pouvez partager son histoire sur le site du projet ou contacter Act for the Disappeared aux 01/443104, 76/933306.

Je m'appelle Salim.Au terme de trois ans passés à l'étranger pour des raisons professionnelles, je suis rentré au Liban pour me marier et fonder une famille. Je connaissais Hoda depuis longtemps car, enfants, nous étions voisins.Nous avons eu une petite fille, Rana.
J'avais l'habitude de lui préparer son biberon tous les matins, avant d'aller travailler dans les chantiers. Le week-end,...

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