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Lifestyle - Récompense

Un « Hitman » gagnant, plus Narcos libanais que James Bond british

Le vidéoclip, réalisé par André Chammas pour The Wanton Bishops, a été primé aux Berlin Music Video Awards dans la catégorie « meilleure clip à petit budget ».

La moralité de l'histoire est presque aussi belle que l'œuvre primée. Dans un pays où le coût de production des vidéoclips peut parfois atteindre des sommets excessifs et absurdes, avoir une œuvre récompensée pour son coût réduit relève d'une belle leçon de savoir-faire, de modestie et de créativité. C'est le cas de Hitman – réalisé par André Chammas, produit par Clandestino films pour le groupe The Wanton Bishops (composé de Nader Mansour et Eddy Ghossein) – qui revient des Berlin Music Video Awards (BMVA) auréolé du prix « meilleur clip à petit budget ». Le festival, qui rythme la vie artistique de la capitale allemande depuis 2012, souhaite faire la lumière sur plusieurs domaines et métiers qui composent le milieu audiovisuel. Il accueille à la fois des artistes inconnus et des gros noms de la vidéo et de la scène musicale. « C'est un festival anti-red carpet, indépendant, visant juste à récompenser les meilleurs clips internationaux », déclare le réalisateur André Chammas.

 

 

 

Treize catégories mettent les réalisateurs en compétition au BMVA. Aux côtés des plus traditionnelles comme celles du meilleur réalisateur, du meilleur montage ou de la meilleure cinématographie, on trouve un prix pour l'œuvre la plus trash, la plus bizarre ou celle qui a le meilleur concept. Une centaine de clips y concourent, certains sont sélectionnés par le jury et d'autres sont choisis à partir d'un appel à participation.

Le clip de Hitman est à l'image des pantalons bariolés de Nader Mansour : délicieusement suranné et kitsch. C'est un hommage aux séries B filmées pendant les années 60 à Beyrouth. « J'ai revu tous les James Bond et même les fake James Bond, de même que beaucoup de films d'action pour m'en inspirer, précise Chammas.

L'idée de départ était de faire une parodie des aventures de l'agent 007. Mais au Liban, c'est difficile. Le kitsch du style Narcos nous ressemble plus. C'est pour cela que j'ai choisi finalement cet esprit-là, en accentuant la dose, mais en gardant les gadgets du plus célèbre agent du MI6. » Quid du budget alors ?
« Il n'a pas dépassé les 12 000 dollars », affirme le réalisateur. « Notre boîte de production est plutôt spécialisée dans la publicité, ajoute-t-il. Mais nous avons décidé de donner un coup de pouce aux artistes. Au Liban, si les gens aiment quelqu'un, ils l'aident de tout cœur. Et un grand nombre de ceux qui ont participé à ce projet l'ont fait gratuitement. Ils se sont ralliés avec un esprit extraordinaire. Il régnait sur le tournage une atmosphère de bonnes vibes, ce qu'on ne trouve pas dans la pub. »

 

(Pour mémoire : Quand Dionysos s’arrête de boire pour écouter les Wanton Bishops)

 

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« Du moment où j'ai fait le pitch à André Chammas et l'équipe de Clandestino, nous étions tous tellement excités que nous payions au fur et à mesure », renchérit Nader Mansour, frontman du groupe. « Le tournage nous a pris deux jours, mais beaucoup plus en préproduction pour limiter les coûts et le temps de tournage. Mais ce qui était remarquable, c'était l'engouement et la fierté que nous avons trouvés chez tous ceux qui nous ont aidés à réaliser ce projet. Je fais un clin d'œil à Raghunter, Chtaura Park Hotel, Lila Post, Lary Abou Safi... et une longue liste de professionnels et amateurs, d'amis et de nouvelles rencontres, qui n'ont pas hésité une seconde à porter ce projet. Je les remercie tous, infiniment, surtout Clandestino Films », sourit-il encore.

Nader Mansour est en phase d'écriture et de production du prochain album de The Wanton Bishops, tout en effectuant des tournées mondiales, entre deux morceaux.

Un concert pour bientôt au Liban ? « Oui, un concert très spécial cet été. Une production bien surprenante où nous essaierons de nouveaux morceaux dans un contexte assez particulier. »
La musique de The Wanton Bishops est-elle plus populaire en dehors du Liban ? La réponse fuse : « Certainement ! De jouer à Glastonbury, SXSW, le Printemps de Bourges, et Solidays... De remplir des salles et des festivals tous les soirs, d'avoir nos morceaux joués à la radio partout dans le monde, de faire des passages à la télé en Allemagne, en Autriche et en France, d'être régulièrement chroniqués et interviewés par des journaux et magazines internationaux... » Laissant sa phrase en suspens pour un moment, le chanteur et musicien ajoute : « Ils réagissent au contenu là-bas, à la musique. Alors qu'au Liban, c'est juste la réussite qui attire l'attention. »

« Il fut une époque, au début de notre parcours, où notre histoire (le fait de venir du Liban) intéressait plus que notre musique, d'être une sorte d'anomalie dans le monde du rock séduisait beaucoup. Plus maintenant. »
Il est à espérer, en tout cas, que ce prix donne une seconde vie à Hitman et un espoir aux artistes qui n'ont pas de budget faramineux à dépenser pour réaliser un clip.
Comme quoi, être démuni, ça paye parfois.

 

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