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Moyen Orient et Monde - Éclairage

La « Gravitas » attend Trump à son retour

Les démocrates préfèrent ne pas se mêler de la campagne contre le président US.

Les problèmes attendent le président Trump à son retour à Washington. Mandel Ngan/AFP

Durant les dernières semaines de sa présidence, le président Richard Nixon avait choisi d'entreprendre un périple pour faire diversion de ses scandales, dont notamment le célèbre Watergate. De retour, il avait dû démissionner quelques jours plus tard. Comme Nixon, le président Donald Trump a probablement pensé également, en entreprenant son premier voyage à l'étranger, que ses problèmes allaient s'évaporer, surtout l'enquête relative à ses contacts avec les Russes. Contrairement au président Nixon, à son retour, à la fin de cette semaine, Donald Trump ne perdra pas son poste aussi rapidement. Néanmoins, il va faire face à ses détracteurs qui sont plus résolus que jamais à le déloger de la Maison-Blanche. Les murmures sur « un président Mike Pence » sont en train de devenir le pivot d'un éventuel changement. Il est d'ailleurs visible que le président américain s'est montré, durant son voyage, préoccupé par ce qui l'attendait à son retour à Washington.

La pompe saoudienne, le paroissial accueil israélien, le Vatican et le G7 n'ont pas pu alléger son anxiété sur ses affaires, car, selon un observateur, en plein voyage, il a copié Bill Clinton en faisant établir à Washington une « Scandal War Room ». Le but étant de prévoir des mécanismes pour prévenir le drame, la menace de l'embrasement de la West Wing (les bureaux présidentiels à la Maison-Blanche) et autres déraillements. À noter que, durant son absence, les processus de l'enquête sur l'interférence russe se sont intensifiés outre-Atlantique, au point que le président Trump a dû nommer, avant-hier même, un avocat personnel, Marc Kasowitz, pour le défendre à ce sujet.

 

(Lire aussi : Trump, colombe au Vatican, faucon à Bruxelles)

 

 

Trump à Sissi : « Love your shoes, those shoes, Man »
La presse, américaine et étrangère, y va de sa distillation d'inquiétantes révélations. Le New York Times a publié, il y a quelques jours, un éditorial titré : « Temps dangereux pour Trump et la nation » où il est dit que « la présidence de Trump peut à présent se désintégrer et dégringoler vers l'entropie ».

Le Washington Post fait part de l'existence de l'enregistrement d'un dialogue entre Kevin McCarthy, le leader de la majorité républicaine au sein de la Chambre des représentants, et son président, Paul Ryan, en présence d'autres leaders. M. McCarthy disant à ce dernier : « Je crois que Poutine a financé Trump. Et je pense que Poutine paye Trump, je le jure. » Et Paul Ryan prévient les présents : « Pas de fuites. C'est comme cela que l'on sait qu'on est une famille. » Par ailleurs, pour le Der Spiegel, « il est temps de se débarrasser de Trump », car « il a transformé les États-Unis en objet de risée et il est un danger pour le monde ».

Et, avant de se réunir avec le président américain, les dirigeants de l'OTAN ont fait savoir qu'il est temps de rappeler à M. Trump qu'il est le leader du monde libre. Précisant, « Gravitas (mot latin pour gravité et sérieux) est ce que l'Alliance fait de mieux »... Alors que le leader du monde, lors de sa visite en Arabie saoudite et pendant un entretien avec le président égyptien, Abdel Fattah el-Sissi, lui avait dit : « Love your shoes. Boy, those shoes. Man. » (J'aime vos chaussures. Oh ! ces chaussures). Et, plus que jamais, c'est « Gravitas » qui l'attend à Washington.

Pendant qu'il découvre ainsi le monde, à sa manière, Donald Trump va d'abord retrouver en rentrant une chute contestée de sa popularité. Et, dans ce contexte, les partisans de sa destitution ne sont autres que ses alliés et des membres de son parti. Les démocrates préfèrent ne pas s'y mêler de trop près et se concentrer à gagner les élections législatives de mi-mandat en novembre 2018. Selon un connaisseur de la révocation présidentielle, rien dans le texte ou l'histoire du 25e amendement de la Constitution n'empêche le vice-président, le gouvernement et le Congrès de déterminer que le président est « incapable d'exercer le pouvoir et les devoirs de son poste ». Mais la section 4 de ce 25e amendement permet aussi au vice-président et aux membres du gouvernement de recommander son départ, puis les 2/3 de la Chambre des représentants et les 2/3 du Sénat peuvent voter sa destitution, invoquant son incapacité mentale. Dans le cas de Donald Trump, on avance l'argument d'un « président infantile » ou encore, un « menteur compulsif », inapte à remplir sa tâche. Et, cerise sur le gâteau, le magazine New Yorker dans sa dernière livraison, avant-hier mardi, cite le ministre belge des Transports, Heldrik Van Der Valde, qui semble donner le coup de massue européen en disant : « Cela n'a pas de sens pour nous de dérouler le tapis rouge, alors qu'il va y avoir quelqu'un d'autre à la Maison-Blanche dans un mois. » Il va trop vite en besogne, mais, de part et d'autre de l'Atlantique, pas de signe d'embellie.

 

 

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