Une militante exerçant son droit de citoyenne.
Si la caste politique continue d'échouer à élaborer une nouvelle loi électorale, la société civile, elle, exerce un forcing en faveur d'un nouveau texte axé sur la proportionnelle avec des circonscriptions élargies, à même d'assurer une représentation de toutes les factions de la société au sein des institutions politiques. Pour nombre d'activistes, il s'agit là d'un « choix de citoyenneté ».
Pour le deuxième dimanche consécutif, des militants de plusieurs collectifs de la société civile – notamment Sabaa, « Vous Puez ! », « Nous demandons des comptes » et « Liban alternatif » – se sont rassemblés, hier, près du Parlement dans le centre-ville de Beyrouth pour s'opposer à toute possibilité d'une (éventuelle) prorogation de la législature, stigmatiser les atermoiements du gouvernement et de la Chambre des députés en matière de législation électorale, et enfin plaider pour un texte prévoyant le mode de scrutin proportionnel.
Mais ce n'est pas par hasard que les manifestants ont choisi la date du 21 mai pour se rassembler. Si les autorités compétentes avaient respecté les délais constitutionnels, les législatives auraient dû se tenir hier. C'est justement à la lumière de ce constat que les organisateurs de la manifestation ont mis en place un bureau de vote, pour permettre aux citoyens d'exercer un droit dont ils sont privés depuis huit ans : voter.
« Les législatives ne se sont pas tenues aujourd'hui (hier) à cause de l'atermoiement inexplicable du pouvoir politique. Ainsi, nous voulons rappeler aux autorités leur devoir d'adopter une nouvelle loi électorale », souligne à L'Orient-Le Jour Zeina Hélou, membre de l'Association libanaise pour la démocratie des élections (LADE), qui ne manque pas de mettre l'accent sur un point important : « La nouvelle législation devrait prévoir quelques réformes tant attendues, parmi lesquelles le quota féminin, la baisse de l'âge de vote et de candidature, ainsi que les bulletins préimprimés, pour n'en citer que quelques-unes. »
(Lire aussi : Le temps ne joue peut-être pas en faveur du Liban.... Le décryptage de Scarlett Haddad)
« Nous ne céderons pas »
Assoiffés d'expression, de vote et de pratiques démocratiques, les citoyens qui ont répondu à l'appel de ces 33 groupements de la société civile semblent déterminés à ne pas céder au « chantage » exercé par la classe politique « pour étouffer leur désir de changement ». « Nous sommes venus récupérer ce qui nous a été confisqué pendant huit longues années, en l'occurrence notre droit de vote », souligne Karim Mufti, professeur de sciences politiques et de droit international, interrogé par L'OLJ. « Si l'expérience a prouvé que la classe politique est imperméable à ce genre de pression civile et citoyenne, nous voulons leur affirmer que nous ne céderons pas à leur chantage », dit-il encore d'un ton ferme.
De son côté, Nada Kurdi, membre du collectif « Liban alternatif », insiste sur « la nécessité de changer les choses, d'autant que les législatives sont liées aux problèmes sociaux et économiques dont souffre le pays ». À L'OLJ, elle confie toutefois qu'elle n'espère pas un changement radical, à suite aux pressions de la société civile. « Mais nous continuons parce que l'abandon signifierait que nous sommes complices », note-t-elle.
Parmi les manifestants, aussi, des mineurs qui n'ont pas encore eu l'opportunité de choisir leurs représentants. Le rassemblement d'hier était leur première expérience derrière l'isoloir. « J'ai voté parce que je veux contribuer au Liban de demain », confiait ainsi Ranim Abdel Khalek (15 ans) à L'OLJ.
Rendez-vous dimanche prochain pour continuer à plaider pour un droit élémentaire dans un pays qui se veut démocratique.
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IL S,EXHALE... PUISQU,ON PROMOTE LA PROPORTIONNELLE INTEGRALE... LE PARTISANAT ET/OU LA NIAISERIE ET/OU L,INCOMPETENCE !!!!!!!!
14 h 11, le 22 mai 2017