Raï se dit désolé parce que les besoins des Libanais sont « négligés au profit du débat sur la loi électorale »

Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, a souligné que le peuple libanais avait peur pour son avenir, dans l'homélie qu'il a prononcée durant la messe dominicale célébrée en l'église Notre-Dame au patriarcat maronite de Bkerké.
Le sermon de Mgr Raï a été axé, comme tous les dimanches, sur la situation socio-économique et politique qui prévaut dans le pays. Il a d'abord salué la présence parmi les fidèles des membres de l'association Nahda, des chrétiennes et musulmanes qui s'attellent à prendre soin des femmes dans la Békaa-Nord, sur le double plan médical et social. « Nous bénissons cette initiative et nous remercions les membres de l'association pour leurs efforts », a ainsi affirmé le patriarche.
S'attardant sur les récents développements sur la scène politique, il a insisté sur le fait que les Libanais ont peur pour leur avenir, du fait de la gestion officielle des affaires publiques. Il s'est dit désolé de voir que l'ensemble de la classe politique n'a pour seul et unique objectif que de mettre en place une loi électorale nouvelle. « Je m'adresse aux responsables libanais, qu'ils soient au Parlement, au gouvernement, dans les administrations publiques ou dans la justice : le peuple n'est pas rassuré, il est troublé. Il a besoin de paix politique, économique et sécuritaire », a-t-il noté.
Et le patriarche maronite de poursuivre : « Comment peut-on dès lors accepter que l'ensemble des forces politiques, des blocs parlementaires et du gouvernement soient uniquement accaparés par la production d'une nouvelle loi électorale, alors qu'ils tentent d'y parvenir depuis 12 ans, en vain ? Pendant ce temps, tous les autres besoins des citoyens sont négligés, tous ces besoins qui constituent le fondement de la paix intérieure et de la paix civile, alors que, pendant ce temps, la région toute entière est aux prises avec les conflits et les guerres. La vente d'armes et l'armement sont en augmentation (...) et nous craignons le pire, car il n'y a pas d'appels à mettre un terme aux guerres, ni à s'atteler à trouver des solutions pacifiques. Il n'y a pas non plus de travail pour parvenir à une paix juste, globale et durable, ni d'efforts pour que les réfugiés puissent rentrer dans leur pays (...), et le Liban croule sous leur extraordinaire poids qui menace jusqu'à son existence, son économie, sa structure, sa culture, sa politique et sa sécurité. »