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Moyen Orient et Monde - Portrait

Hollande, gestionnaire, pas monarque...

François Hollande quittant l’Élysée hier après la passation des pouvoirs. Éric Feferbeg/AFP

L'antihéros par excellence. Celui dont on voudrait être l'ami, mais à qui l'on ne confierait pas notre destin. Celui à qui l'on demande de jouer un rôle dans lequel il ne se sent pas à l'aise, malgré les efforts qu'il déploie pour ne pas le montrer. Celui dont on ne retient pas les mots, dont on ne parle pas avec passion ou avec admiration. Et qui finit par se retrouver dans une situation, inédite sous la Ve République, où son crédit politique est tellement entamé qu'il est dans l'incapacité de se représenter. Un renoncement au pouvoir tellement symbolique, même motivé par des raisons hyperrationnelles, qui vient clôturer cinq années de malentendus entre un président qui se voulait « normal » et un peuple, obsédé par sa grandeur, qui l'a élu à la tête d'une monarchie républicaine. François Hollande ne « voulait pas exercer le pouvoir », analysera plus tard son ancien conseiller politique Aquilino Morelle. Pas comme ses prédécesseurs en tous cas.

François Hollande est passé à côté de son mandat présidentiel. Pas du fait de son bilan, critiqué à l'excès, mais qui n'est finalement pas plus mauvais que celui de plusieurs de ses prédécesseurs. Pas parce qu'il n'est pas parvenu à endiguer la montée du Front national, à inverser la courbe du chômage, ou à renégocier les traités européens. Pas parce qu'il a été lâché par une partie de la gauche et combattu, parfois stupidement, par la droite. Pas parce que sa famille politique, le Parti socialiste, aura fini par imploser sous sa présidence. Non, le véritable échec de François Hollande, celui qui l'a condamné politiquement, c'est de n'avoir jamais réussi sa rencontre avec les Français. De n'avoir véritablement incarné, que dans de trop brefs moments, la fonction présidentielle.

François Hollande a préféré être un gestionnaire, plutôt qu'un monarque. On peut pardonner un mauvais bilan politique à un monarque, pas à un gestionnaire. D'autant moins quand ce dernier n'arrive pas, malgré ses nombreuses tentatives, à expliquer le sens de son action et à convaincre les Français de son utilité.
Les Français pardonneront peut-être un jour au président le plus impopulaire de la Ve République son péché originel. Peut-être sauront-ils davantage apprécier, dans quelques années, cet homme intelligent, maladroit, sympathique, touchant, drôle, parfois malgré lui, et qui donne l'impression d'être profondément honnête. Peut-être se rappelleront-ils de son sang-froid et de son discernement, dans les moments les plus graves, comme lors des multiples attentats qui ont frappé l'Hexagone ces dernières années.

Mais en attendant ce moment qui n'arrivera peut-être jamais, François Hollande doit dire au revoir à ce qu'il aime le plus, à sa raison d'être, à la seule chose qui le passionne : la politique. Pire, il doit regarder son successeur enfiler avec tant d'aisance, à seulement 39 ans, ce costume de superhéros qu'il n'a pas pu / voulu porter. François Hollande peut toujours se rassurer en se disant que la victoire d'Emmanuel Macron est aussi la sienne. Que le nouveau président, avec qui il entretenait une relation quasi filiale, est son héritier, le continuateur de sa politique. Ce n'est pas tout à fait faux, tant les deux hommes partagent une vision proche de la France, de l'Europe et du monde. Mais c'est oublier qu'Emmanuel Macron est aussi tout ce que François Hollande n'est pas : un homme porté par l'audace, doté d'un incroyable instinct politique, cherchant à la fois à briser tous les codes et à se mesurer à ses plus illustres prédécesseurs. Le premier est resté prisonnier de sa volonté de faire la synthèse entre toutes les tendances de la gauche socialiste. Entretenant le flou, il a fâché les uns, sans pour autant obtenir l'approbation des autres. Sans assumer, qu'au fond, il n'a jamais considéré la finance comme son ennemie. Le second ne se soucie guère des tabous de la gauche et ne triche pas sur la marchandise : libéral, pro-européen, il est convaincu que le pays doit être réformé pour que la situation s'améliore. Les Français, s'ils peuvent être mécontents ou déçus, ne seront pas surpris par son action. Car la rencontre, bien qu'imparfaite, a déjà eu lieu.

 

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L'antihéros par excellence. Celui dont on voudrait être l'ami, mais à qui l'on ne confierait pas notre destin. Celui à qui l'on demande de jouer un rôle dans lequel il ne se sent pas à l'aise, malgré les efforts qu'il déploie pour ne pas le montrer. Celui dont on ne retient pas les mots, dont on ne parle pas avec passion ou avec admiration. Et qui finit par se retrouver dans une...

commentaires (2)

Macron va faire la même chose que Hollande n'oublier pas qu'il est son tuteur le chaumage va augmenter etc...

Eleni Caridopoulou

18 h 55, le 16 mai 2017

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Commentaires (2)

  • Macron va faire la même chose que Hollande n'oublier pas qu'il est son tuteur le chaumage va augmenter etc...

    Eleni Caridopoulou

    18 h 55, le 16 mai 2017

  • tres bonne analyse, claire et objective!

    Otayek Nada

    13 h 29, le 15 mai 2017

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