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Idées - France

Les grands perdants de la présidentielle : Daech, la Russie et la corruption

Emmanuel Macron sur l’esplanade du Louvre au soir de sa victoire le 7 mai. Philippe Lopez/AFP

L'élection présidentielle française qui a abouti à la victoire d'Emmanuel Macron a généré une impulsion favorable à l'unité européenne. Elle lui a redonné vie et renforcé la croyance selon laquelle elle constitue l'unique solution pour la France en cette époque cruciale, même si l'Europe a besoin des quelques accommodations que lui dictent les dizaines d'années d'expérience européenne, douce et amère, notamment après la sortie de la Grande-Bretagne et la victoire de Donald Trump, grand partisan de l'isolationnisme.

La vie politique française ne permettait pas une victoire de Marine Le Pen au second tour du scrutin présidentiel. Une rapide rétrospective historique permet de relever qu'il existait en France, au début des années 40 du siècle dernier, 90 % de vichystes qui avaient voté en faveur de la dissolution du Parlement et de la remise à Pétain de la totalité des pouvoirs lorsque l'armée allemande avait vaincu la France en 1940. Cette proportion s'est réduite, plus tard, à 20 % lors du référendum sur l'indépendance de l'Algérie, décidé par de Gaulle. Elle a été ensuite de 22 % après le carnage du Bataclan en 2015 lorsque Daech a fait tuer 150 Français dans les rues de Paris, et après la nuit du 14 juillet de l'an dernier lorsqu'un camion écrasa des femmes et des enfants sur la Promenade des Anglais à Nice. Cette proportion demeura la même lorsque les partisans de Daech pénétrèrent dans une église et égorgèrent le prêtre en prière. Elle ne varia pas avec les attentats qui suivirent et le nombre de fascistes français ne dépassa toujours pas le cap de 22 % de lepénistes, à la lumière des élections présidentielles.

La Russie de Poutine a également été défaite. Le Pen lui avait prêté allégeance après les massacres en Syrie. Il en est de même de François Fillon qui avait prévu dans son programme politique une alliance avec la Russie contre le terrorisme, ainsi que des pourparlers avec Bachar el-Assad. François Fillon n'était pas l'homme de la providence de la droite française. Ce rôle aurait dû être dévolu à Alain Juppé qui a, toutefois, perdu aux primaires. Mais après la mise en examen de Fillon pour l'emploi fictif de son épouse Penelope, le candidat de la droite avait malgré tout rassemblé au Trocadéro 300 000 personnes contre la magistrature et les médias : il reste que Fillon n'était plus l'homme de la providence. Les hommes sages de la droite ont essayé à ce moment critique de faire en sorte que Fillon se retire et qu'Alain Juppé revienne avec l'accord de toute la droite, à la manière gaulliste. C'est Fillon qui s'est entêté et il a fait perdre à la droite les élections, soutenant que la morale n'a rien à voir avec la politique.

 

(Lire aussi : Premiers couacs pour le président Macron avant son investiture)

 

Daech a voulu exacerber le racisme français pour transformer les nationaux originaires d'Algérie en moutons prêts à l'abattoir et avait bâti son programme sur leur expulsion et leur transmutation en boucs émissaires livrés aux braises de la « rancune » française. Mais la grande force de vie de la démocratie française a résisté aux tempêtes. Ont résisté aussi la liberté, la démocratie en général et l'Europe, même très ébranlée. Une véritable catastrophe se serait produite à l'échelle de toute l'Europe si Le Pen l'avait emporté avec son programme anti-européen. Le siècle des Lumières européen a tenu tête à l'obscurantisme inouï de Daech qui cherchait par tous les moyens à blesser la dignité nationale française et ouvrir la voie à un massacre frappant les musulmans de France, ce qui aurait profité pleinement à son objectif qui n'est autre que celui de les faire tuer et nous renvoyer ainsi au Moyen Âge.
Si sa voix s'était fait entendre chez les musulmans, la France, pays des Lumières, de la liberté et de la tolérance, se serait transformée en pays de la haine et de la rancune.

Macron l'a emporté, lui qui a qualifié la guerre d'Algérie – qui a coûté la vie à un million d'Algériens – de crime de guerre, qui a affirmé que la France est multiculturelle, etc., sur le chemin des lumières de Sartre et de Voltaire. Ce sont de telles pensées et orientations politiques ouvertes qui sont capables de résister et d'affronter l'obscurantisme bâti sur la violence, la rancune, le fanatisme et la haine.
Au Liban, pays de lumière, il s'est trouvé mille votants qui ont approuvé, au premier tour, le programme raciste de Le Pen, alors qu'elle envisageait, en cas de victoire, de retirer la nationalité française aux Libanais titulaires de la double nationalité !

Macron veut régler le problème économique de la France, la débarrasser du complexe qu'elle nourrit vis-à-vis des riches et de la richesse, lui faire partager à nouveau les idéaux gaulliens qui ont fait la grandeur de la France et ont fait qu'elle n'est plus un simple État mais une idée, une liberté vivante qui ont renforcé chez les Français l'amour de la patrie.

 

(Lire aussi : Pourquoi la France n'a pas été emportée par la vague populiste...)

 

Les dimanches 23 avril et 7 mai ont constitué une étape charnière en Occident. Daech y a reçu la plus sévère défaite et les Franco-Algériens ont réclamé très haut le renforcement de la lutte contre Daech, par le soutien que leurs voix ont apporté à l'esprit d'ouverture, à la multiculture, à l'appellation des choses par leur nom, la guerre d'Algérie ayant bien constitué un crime de guerre.

La Russie de Poutine a également été défaite, cette Russie que Le Pen avait défendue avec outrance alors que le sang des victimes des bombardements d'Alep n'avait pas encore séché.
Ces élections ont montré que, dans la politique, il y a la morale et que la corruption et le pacte avec le despotisme n'appartiennent pas à la culture de la lumière française.

 

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commentaires (5)

Monsieur, la leçon que porte la France au monde Arabe et Islamique est assourdissante. Si l'Europe a évoluée par le sang et les guerres vers l'émancipation et le siècle des lumières ou est donc notre monde à nous? La société islamique est responsable des phénomènes comme Daesh, des massacres par-ci et par-là de minorités religieuses, sans cesse, depuis 1914. Les constitutions arabes ne sont elles pas discriminatoires dans le texte et les faits? Ou est donc le vrai visage de l'islam si il existe? est-il si craintif, si peureux, si timide? ou bien est-il sourd et aveugle ou pire encore, silencieusement complice? Il ne suffit pas que certains penseurs ou sommités religieuses grattent du papier pour poser certains idéaux, il est de la responsabilité de la société musulmane toute entière de porter haut, si elle le pense, les idéaux d'égalité, d'amour et de convivialité dans les faits, les constitutions et les actes. Cordialement,

Naayem Francoise

14 h 25, le 14 mai 2017

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Commentaires (5)

  • Monsieur, la leçon que porte la France au monde Arabe et Islamique est assourdissante. Si l'Europe a évoluée par le sang et les guerres vers l'émancipation et le siècle des lumières ou est donc notre monde à nous? La société islamique est responsable des phénomènes comme Daesh, des massacres par-ci et par-là de minorités religieuses, sans cesse, depuis 1914. Les constitutions arabes ne sont elles pas discriminatoires dans le texte et les faits? Ou est donc le vrai visage de l'islam si il existe? est-il si craintif, si peureux, si timide? ou bien est-il sourd et aveugle ou pire encore, silencieusement complice? Il ne suffit pas que certains penseurs ou sommités religieuses grattent du papier pour poser certains idéaux, il est de la responsabilité de la société musulmane toute entière de porter haut, si elle le pense, les idéaux d'égalité, d'amour et de convivialité dans les faits, les constitutions et les actes. Cordialement,

    Naayem Francoise

    14 h 25, le 14 mai 2017

  • Theorie de Blanche Neige : La morale ,la corruption et le pacte avec le despotisme n'appartiennent pas à la culture de la lumière française . Dire que le sang des victimes des bombardements d'Alep n'avait pas encore séché c’est facilement oublié le sang au Mali , Afghanistan , Irak et nord de la Syrie

    aliosha

    11 h 58, le 14 mai 2017

  • Attention le Trocadéro ce n'était pas 300000 mais 30000 ou 25000....

    Beauchard Jacques

    09 h 44, le 14 mai 2017

  • je cite- "Si sa voix( a daech) s'était fait entendre chez les musulmans, la France, pays des Lumières, de la liberté et de la tolérance, se serait transformée en pays de la haine et de la rancune." BEAUCOUP-la majorite peut etre- des musulmans francais sont d'un avis contraire - ils sont d'ailleurs rejoints par des non musulamans s'agissant de la "liberte","tolerance",racisme(toute sorte de),inegalites sociales(revoir leurs reactions violentes et frequentes) mme Le Pen n'est certainement pas a l'origine de ce dont les musulmans de france souffrent, depuis des decennies. que mr Macron pense reussir a y remedier , eh bien esperons le pour la France, et pour l'Europe aussi.

    Gaby SIOUFI

    11 h 27, le 13 mai 2017

  • Les primaires ont été une mascarade inutile pour la gauche et la droite. François Fillon n'était pas le candidat idéal chez "Les Républicains". Avec l'éviction d'Alain Juppé, la France a perdu une occasion d'avoir à sa tête un vrai homme d'Etat expérimenté. Dommage. Tout le monde s'est réclamé du général de Gaulle, même Marine Le Pen, fille d'un ennemi du Général. Seul Alain Juppé pouvait se réclamer gaulliste. Les choses étant ce qu'elles sont, comme l'aurait dit le Général, un centriste est élu, faisons avec. Vive la République, vive la France.

    Un Libanais

    10 h 48, le 13 mai 2017

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