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Liban - Diplomatie

À l’ambassade d’Arabie, l’appel à une nouvelle renaissance arabe à partir du legs de Chakib Arslane

Chakib_Arslan (1869-1946).

Soutenant, sous le signe de la culture, une politique d'ouverture transcommunautaire, depuis l'arrivée à Beyrouth de son chargé d'affaires, Walid Boukhari, l'ambassade d'Arabie saoudite a dédié sa quatrième rencontre culturelle à la mémoire de l'émir Chakib Arslane (1869-1946). Un vibrant hommage a été rendu à l'homme politique, figure emblématique du nationalisme, fervent défenseur de la réforme de l'islam comme support du panarabisme, dont l'influence s'est étendue du Maghreb à la péninsule Arabique. L'hommage est allé aussi aux qualités d'historien et d'homme de lettres, surnommé l'émir de l'éloquence, parangon de la renaissance arabe et de ses deux conditions sine qua non : la modération et la solidarité entre les peuples de la région. Une solidarité que ce citoyen arabe avant l'heure avait prônée dans le respect des frontières étatiques.

Appel à l'action
C'est un appel à l'action, à une nouvelle renaissance arabe qui a animé les différents discours prononcés jeudi soir à la résidence de l'ambassade à Yarzé, avec la participation du leader de la Rencontre démocratique, le député Walid Joumblatt, et le ministre des déplacés Talal Arslane, accompagné de sa mère Hayat Arslane et sa fille. Étaient également présents les ministres Nohad Machnouk, Ghattas Khoury et Marwan Hamadé, les députés Waël Bou Faour, Ghazi Aridi et Nehmé Tohmé, les anciens ministres Leila Solh Hamadé et Marwan Kheireddine, l'ancien député Farès Souhaid, ainsi que des figures diplomatiques et spirituelles, notamment le cheikh Akl druze, représenté par le juge Gandhi Makary.

Après le mot d'ouverture de la journaliste Lina Doughan, Walid Boukhari a expliqué le choix de la date de l'événement, qui coïncide à un jour près avec celle de l'arrivée de l'émir Chakib à Djeddah, le 12 mai 1929, à bord d'un navire britannique, depuis Lausanne en passant par Naples. Cet itinéraire, l'émir lui consacre un ouvrage dont il offre la première édition au roi Abdel Aziz ben Abdel Rahman al-Saoud, fondateur du royaume d'Arabie. « L'émir Chakib Arslane, porteur du double message de la renaissance arabe et de l'islam éclairé (...) voyait en la personne du roi Abdel Aziz l'image du leader arabe noble capable de réaliser les espoirs politiques des Arabes », affirme le chargé d'affaires saoudien. À cet égard, Walid Joumblatt rappelle « l'appui affiché de l'émir Chakib aux efforts du roi d'Arabie d'unifier les territoires saoudiens », et évoque « ses nombreux déplacements entre la Mecque et Djeddah ».

 

(Lire aussi : Visite du chargé d’affaires saoudien à l’USEK sous le signe de l’ouverture)

 

Feuille de route morale et intellectuelle
Si Walid Boukhari appelle à « continuer sur la voie de la culture de la paix », M. Joumblatt lui propose une feuille de route morale et intellectuelle. S'inspirant du fameux ouvrage de Chakib Arslane Pourquoi les musulmans sont en retard et pourquoi sont-ils devancés par les autres ?, le leader druze rappelle les raisons de la décadence arabe qui y sont énumérées : « La paresse, la lâcheté, l'avarice, la dépravation morale, l'ignorance, l'éducation incomplète et la stagnation. » Et de constater : « N'est-ce pas cela qui retarde aujourd'hui encore nos sociétés ? » S'inspirant de la pensée de l'émir de l'éloquence, son petit-fils propose « quatre actions pour un renouveau arabe et islamique ». Il appelle d'abord à « cesser les guerres et les conflits armés dans le monde arabe, et à donner aux solutions politiques le temps de prendre forme et de s'appliquer dans les différentes zones de tiraillements. Surtout que l'expérience a prouvé que la guerre est le chemin le plus coûteux vers la paix ».

Walid Joumblatt valorise ensuite l'enjeu d'effacer l'analphabétisme et l'illettrisme, si l'on veut « combattre l'ignorance, l'extrémisme, le repli et la régression ». Le corollaire en serait « le nécessaire renouvellement de la pensée religieuse, dont la charte d'al-Azhar constitue une référence », indique-t-il. Appelant en troisième lieu à placer en tête des priorités la lutte contre la pauvreté, le chef du Parti socialiste progressiste mentionne enfin un quatrième point, « le plus important, celui des libertés, sans lesquelles l'évolution de la pensée et de la société ne saurait être ». « L'inévitable évolution vers le respect des libertés est ce qui définit la complémentarité politico-économique arabe, préconisée par Kamal Joumblatt. Aujourd'hui, ce choix est une nécessité (...) qui ne demande qu'un peu de détermination et d'organisation pour s'accomplir. »

L'homme d'action que fut aussi l'émir Chakib est présenté par Talal Arslane comme modèle de cette détermination. Celui de « l'intellectuel engagé (...) qui a été le point de convergence des phares de l'éveil nationaliste et ceux de la réforme religieuse, l'objecteur de conscience face aux dangereux dérapages des sociétés islamiques (...). Il a initié une critique constructive pour préserver la rigueur et les règles de la langue arabe, souvent bafouée par les Arabes eux-mêmes. (...) Il a été aussi celui qui s'est acharné à combattre la colonisation au nom de l'indépendance, n'hésitant pas à conduire un convoi géant de plus de six cents chameaux à travers les déserts d'Égypte et de Libye, jusqu'à en tomber malade, pour fournir des armes aux résistants libyens contre l'occupation italienne ». En somme, « l'émir Chakib posait sur les pays arabes le regard d'un citoyen sur son propre pays, mêlant l'angoisse vive à l'enthousiasme de la jeunesse dans une synchronie équilibrée par l'esprit », conclut M. Arslane.

La « fleur » de Ghattas Khoury à Joumblatt
Pour le ministre Ghattas Khoury, le legs de l'émir Chakib s'est perpétué au Liban à travers la réconciliation de la Montagne de 2001, accomplie sous l'égide de Walid Joumblatt et du cardinal Nasrallah Sfeir, alors patriarche maronite. En y faisant référence, M. Khoury transmet au leader druze un message d'assainissement des rapports entre le courant du Futur et le Parti socialiste progressiste, récemment troublés par le feuilleton de la réforme électorale. « Les fils de la Montagne ont affirmé par leur réconciliation l'importance du vivre-ensemble. C'est par ce biais que nous, fils de la Montagne (dont M. Khoury fait partie, NDLR), déclarons vous soutenir au niveau de toute loi électorale qui réponde aux aspirations de la Montagne » : les convives n'étaient pas sûrs toutefois s'il s'exprimait au nom du courant du Futur ou en sa qualité de candidat potentiel aux législatives...
La cérémonie s'est achevée sur deux interventions de référence faites par l'historien Radwane Sayed et le sociologue Saoud Mawla, qui ont mis l'accent sur le dernier testament de l'émir : la cause palestinienne.

 

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Soutenant, sous le signe de la culture, une politique d'ouverture transcommunautaire, depuis l'arrivée à Beyrouth de son chargé d'affaires, Walid Boukhari, l'ambassade d'Arabie saoudite a dédié sa quatrième rencontre culturelle à la mémoire de l'émir Chakib Arslane (1869-1946). Un vibrant hommage a été rendu à l'homme politique, figure emblématique du nationalisme, fervent défenseur...

commentaires (1)

Hum, intéressant ce qui se passe à l'ambassade saoudienne.

Marionet

11 h 17, le 13 mai 2017

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Commentaires (1)

  • Hum, intéressant ce qui se passe à l'ambassade saoudienne.

    Marionet

    11 h 17, le 13 mai 2017

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