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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Le pied de nez du Sud complique un peu plus la situation au Yémen

Les revendications sécessionnistes ne menaceraient pas l'unité du pays à court et moyen terme.

Des véhicules militaires des Émirats arabes unis à l’aéroport international de Aden, dans le sud du Yémen. Photo Reuters

L'annonce hier de la création d'un « Conseil de transition du Sud » au Yémen aura eu l'effet d'un véritable coup d'éclat. Cette autorité parallèle, censée administrer le sud d'un pays en guerre, a été placée sous la présidence de l'ancien gouverneur de Aden, Aidarous el-Zoubaidi, limogé fin avril par le président Abd Rabbo Mansour Hadi. Il est doté d'une présidence de 26 membres, dont les gouverneurs de cinq provinces du Sud et deux ministres du cabinet de M. Hadi, selon un communiqué de M. Zoubaidi. Le Conseil de transition s'engage à « poursuivre le partenariat avec la coalition (arabe) dans le Sud pour faire face à l'Iran » et à maintenir « le partenariat avec la communauté internationale dans la lutte antiterroriste », en allusion à el-Qaëda et au groupe État islamique, fortement implantés dans le Sud, toujours selon le communiqué.

L'ancien administrateur de Aden avait été démis de ses fonctions par le chef de l'État en même temps que le ministre d'État Hani Ben Brik, autre figure du Mouvement sudiste (al-Hirak), un groupe séparatiste. Ces limogeages ont provoqué de vives réactions dans le sud du Yémen où des milliers de protestataires, sortis le 4 mai dans les rues de Aden, ont ouvertement contesté l'autorité de M. Hadi. Ils avaient d'ailleurs appelé M. Zoubaidi à former une direction politique pour « représenter le Sud » qui, jusqu'à 1990, constituait un État indépendant.

L'annonce affaiblit encore plus l'autorité du président yéménite, actuellement exilé en Arabie saoudite. Depuis le début du conflit yéménite, le président Hadi – qui fut le vice-président de Ali Abdallah Saleh – est le « maillon faible d'une coalition manifestement traversée de multiples tensions », avance François Burgat, chercheur à l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman (Iremam), rappelant le soutien des Émirats arabes unis, membres de la coalition arabe, à certains Sudistes, dont M. Zoubaidi. Pour le chercheur, l'idée d'une partition Nord/Sud est « en train de prendre place dans la palette des possibilités de sortie d'une crise de plus en plus coûteuse pour le pays, mais également pour les membres de la coalition, et pourrait être portée par les Émirats qui ont toujours eu un attrait particulier pour le port de Aden ».

 

(Lire aussi : Saleh prêt à négocier avec les Saoudiens, sous conditions)

 

Rancune sudiste
Car le ressentiment des Yéménites du Sud est bel et bien là. Il n'a même jamais disparu, malgré la réunification de leur pays au début des années 1990. Les différents conflits qui ont éclaté depuis ont contribué à exacerber un sentiment de marginalisation politique et matérielle. Plus pauvre en ressources, le gouvernement siégeant dans le Nord se serait, selon les autonomistes, approprié les richesses du Sud, où les gisements pétroliers ne sont pas négligeables. À court ou moyen terme, toutefois, une partition du pays reste irréalisable, malgré la montée en puissance de groupes séparatistes ou autonomistes, notamment à cause de la guerre qui fait rage dans le pays, estime Thomas Juneau, professeur à l'Université d'Ottawa et spécialiste du Yémen. L'annonce d'hier serait donc plus symbolique qu'autre chose, d'autant plus que les différentes factions sudistes sont complètement fragmentées et ne peuvent faire front uni, malgré le soutien des EAU.

Ces derniers pourraient néanmoins tenter de profiter de la situation actuelle afin de consolider leur assise dans le sud du Yémen. Car ils jouent sur plusieurs tableaux : ils ne cachent pas leur soutien à certains groupes sudistes et à certains hommes forts du Sud yéménite, comme Aidarous el-Zoubaidi et Hani ben Brik, ouvertement opposés au président Hadi... et soutenus par Riyad. Ils combattent les houthis dans le cadre de la coalition arabe menée par Riyad, ainsi qu'el-Qaëda dans la péninsule arabique (AQPA). Mais ils s'opposent également au groupe al-Islah, branche locale des Frères musulmans, lesquels luttent contre les houthis...

Pour M. Juneau, ces contradictions font partie intégrante de la relation très complexe qu'entretiennent les EAU et le royaume wahhabite. Dans ce jeu risqué, il s'agit pour les Émirats de préserver leurs intérêts sécuritaires et politiques avant tout. Pour autant, les deux pétromonarchies n'en deviendront pas des ennemies, les relations entre les deux pays étant bien trop étroites, trop importantes. « Les EAU ont besoin de développer leurs propres outils, leurs propres moyens de pression face à l'Arabie, non dans une optique de relation d'inimitié, mais simplement pour ne pas se faire écraser par l'Arabie », souligne Thomas Juneau.

 

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LE DENTISTE SAOUDIEN TRAITERA VITE CE PETIT MAL DE DENT !

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 01, le 12 mai 2017

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  • LE DENTISTE SAOUDIEN TRAITERA VITE CE PETIT MAL DE DENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 01, le 12 mai 2017

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