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À La Une - Yémen

L'autorité du président Hadi ouvertement contestée à Aden

Les manifestants apportent un soutien sans équivoque à Aidarous Zoubeïdi, un gouverneur limogé.

Des milliers de Yéménites du sud ont ouvertement contesté jeudi à Aden l'autorité du président Abd Rabbo Mansour Hadi. REUTERS/Fawaz Salman

Des milliers de Yéménites du sud ont ouvertement contesté jeudi à Aden l'autorité du président Abd Rabbo Mansour Hadi en appelant le gouverneur limogé de la province à former une direction politique pour "représenter le Sud", qui jusqu'en 1990 constituait un État indépendant.

La résurgence depuis 2011 des revendications d'autonomie, voire d'indépendance, du Sud ont accompagné la contestation du pouvoir de l'ex-président déchu Ali Abdallah Saleh qui a plongé le Yémen dans une profonde crise puis la guerre civile.

Jeudi, les manifestants, venus de plusieurs villes du Sud, ont apporté un soutien sans équivoque à Aidarous Zoubeïdi, gouverneur de la province d'Aden limogé le 27 avril, et au ministre d'État Hani Ben Breik qui a été également démis de ses fonctions.

Dans un communiqué, les protestataires ont donné mandat à M. Zoubeïdi pour former une "direction politique nationale afin d'administrer et de représenter le Sud", et de "prendre toutes les décisions" pertinentes.

MM. Zoubeïdi et Ben Breik, réputés proches des autonomistes sudistes et des Émirats arabes unis, piliers de la coalition militaire arabe impliquée dans la guerre au Yémen, ont contesté la décision de M. Hadi de les démettre. La coalition militaire arabe intervient au Yémen depuis 2015 sous commandement de l'Arabie saoudite pour soutenir le pouvoir, menacé notamment par les rebelles houthis.

M. Ben Breik --que le président Hadi voulait soumettre à une enquête judiciaire et qui se trouvait aux Émirats à l'annonce de son limogeage-- n'a pas hésité à rentrer à Aden dans un geste de défi au chef de l'État. Il n'a pas été inquiété depuis.

MM. Zoubeïdi et Ben Breik ont joué un rôle de premier plan dans la sécurisation d'Aden, la grande ville du Sud déclarée capitale provisoire du Yémen, les rebelles houthis s'étant emparés de la capitale Sanaa.
Ils ont mobilisé pour cela leurs partisans qui se recrutent parmi les autonomistes sudistes ayant étroitement travaillé avec les troupes des Émirats arabes unis pour combattre les groupes jihadistes qui faisaient la loi dans la ville et la province jusqu'à l'année dernière.

 

(Pour mémoire : A Riyad, le chef du Pentagone dit ne pas vouloir d'un "nouveau Hezbollah" au Yémen)

 

Commission à Riyad
Dans leur communiqué, les manifestants à Aden ont souligné que "l'expérience sur le terrain avait montré la profondeur des liens entre le Mouvement et la Résistance sudiste et les forces de la coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui ont été scellés par les sacrifices et le sang" versé par les uns et les autres.

"Ce partenariat a permis d'atteindre les objectifs de la coalition qui sont la lutte contre l'expansionnisme iranien, le terrorisme et le rétablissement de la sécurité et de la stabilité de région".

Issus de l'importante minorité zaïdite, concentrée dans le nord du Yémen, et alliés à des unités de l'armée restées fidèles à l'ex-président déchu Saleh, les rebelles houthis sont accusés de liens avec l'Iran et de servir "les desseins expansionnistes" de Téhéran, grand rival de l'Arabie saoudite dans la région.

Les milieux politiques yéménites expliquent que M. Hadi avait démis ces deux personnalités pour leur proximité avec les Émirats arabes unis et qu'il a été influencé dans sa décision par son entourage, dominé par des islamistes proches des Frères musulmans, une mouvance généralement qualifiée de "terroriste" par Abou Dhabi.

La crise née des décisions de M. Hadi, qui ne séjourne que rarement à Aden, semble être à l'origine de la formation à Riyad d'une Commission de coordination regroupant l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Yémen. Cette commission serait chargée, selon des sources politiques yéménites, d'empêcher le président Hadi de prendre des décisions de nature à compliquer l'action de la coalition arabe au Yémen.

Depuis la contestation en 2011 ayant renversé l'ex-président Saleh, le Yémen a été plongé dans une crise qui a dégénéré en guerre en 2014 avec la conquête de la capitale Sanaa et de vastes régions par les rebelles houthis.

En mars 2015, l'Arabie saoudite a pris la tête d'une coalition militaire arabe pour tenter de repousser ces rebelles et rétablir l'autorité du président Hadi. Les forces progouvernementales, aidées par l'Arabie et les Émirats, ont réussi à reconquérir seulement cinq provinces du Sud.

 

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