Les Turcs ont perdu la partie. Les Américains ont clairement choisi mardi l'option kurde pour mener la bataille contre Raqqa, la capitale politique de l'État islamique (EI). La décision semblait actée depuis plusieurs mois, mais Ankara espérait un revirement stratégique après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump.
Ses espoirs ont été déçus. Non seulement Washington ne compte pas abandonner son soutien au Parti de l'union démocratique (PYD) – branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) –, mais il l'a au contraire intensifié au cours de ces dernières semaines. Washington a annoncé mardi qu'il allait fournir de nouvelles armes aux YPG (Unité de protection du peuple) – branche militaire du PYD – considérées comme la force la plus efficace de lutte contre l'EI. Le président américain a autorisé le Pentagone à « équiper » les milices kurdes « autant que nécessaire pour remporter une nette victoire sur le groupe État islamique » à Raqqa, a déclaré le porte-parole du Pentagone Jeff Davis. Les YPG ont salué hier la décision « historique » des États-Unis, estimant qu'elle allait accélérer la défaite de l'EI.
Alors qu'Ankara considère le PYD comme un groupe terroriste, la réaction turque ne s'est pas fait attendre. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a exhorté hier les États-Unis à revenir « sans délai » sur leur décision d'envoyer des armes aux milices kurdes YPG dans le nord de la Syrie. Auparavant, le vice-Premier ministre turc Nurettin Canikli a estimé que « fournir des armes aux YPG est inacceptable » avant d'appeler Washington à « mettre un terme à cette erreur ».
(Lire aussi : La Maison-Blanche approuve la fourniture d’armes aux milices kurdes YPG en Syrie)
Situation politiquement ingérable
Washington a cherché à calmer le jeu et à rassurer son allié, une semaine avant une première rencontre entre Donald Trump et Recep Tayyip Erdogan. Le chef du Pentagone Jim Mattis a assuré hier que les États-Unis allaient « dissiper toutes les inquiétudes » de la Turquie. « Nous allons travailler très étroitement avec la Turquie pour soutenir sa sécurité sur la frontière sud », a déclaré Mattis lors d'une conférence de presse en Lituanie. Mais les États-Unis ne comptent pas pour autant revenir sur leur décision malgré les menaces d'Ankara, pour qui l'armement des YPG est clairement une ligne rouge. Ils vont commencer bientôt les livraisons d'armes, a indiqué hier un porte-parole militaire américain.
Une partie du matériel est déjà sur place et pourra être distribué « très rapidement », a indiqué à la presse le colonel John Dorrian, un porte-parole américain de la coalition internationale contre le groupe État islamique.
Pour apaiser les craintes turques, les États-Unis affirment qu'ils vont livrer des armes calibrées exactement pour les besoins de l'offensive contre l'EI à Raqqa, et qu'ils surveilleront l'usage qui en sera fait. Mais cela ne devrait pas suffire à calmer la fureur d'Ankara qui subit un véritable affront en étant exclu de la bataille de Raqqa au profit de ses ennemis kurdes, après avoir été empêché par Washington de reprendre la ville de Manbij aux mains du PYD.
Conscient de la nécessité de ménager la chèvre et le chou, Barack Obama était resté ambigu sur la stratégie américaine pour la reprise de la capitale de l'EI. Il apportait un soutien aux Kurdes tout en laissant croire aux Turcs qu'ils auraient également un rôle important à jouer dans la bataille. Le 45e président des États-Unis n'est pas aussi diplomate que son prédécesseur et a clairement tranché pour l'option kurde. Quitte à mettre en colère son allié turc, dont les États-Unis ont pourtant absolument besoin pour mener la lutte contre l'EI, puisque les avions américains qui bombardent le groupe jihadiste décollent depuis la base d'Inçilrik en Turquie. Quitte à se retrouver face à une situation politiquement ingérable en menant la bataille pour la reprise d'une ville arabe sunnite aux côtés des forces kurdes.
Pour mémoire
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Ses espoirs ont été déçus. Non seulement Washington ne compte pas...
C'est pas finis les iraniens vont perdre la syrie et le Yémen !! Wait and see et tout ca avec l'accord des russes ,,,, donc connivence est devenue une réalité que personne ne peut réfuter
17 h 18, le 11 mai 2017