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Culture - Installation

Vous aussi, vous pouvez vous approprier le sol !

Ahmad Ghossein installe son travail à Marfa' et s'interroge sur les limites de l'espace, de la terre ou de l'eau du Liban.

Un dessin tel que le Liban vu par l’étranger.

Ahmad Ghossein se dit « entre deux mondes », celui du cinéma et celui de l'art conceptuel, mais toujours dans la démarche inquisitrice. Que ce soit dans cet art ou dans ses films documentaires, ce n'est pas l'esthétique qui l'intéresse, mais la recherche de vérité à travers les formes artistiques plurielles.

La terre appartient à celui qui la libère : c'est ainsi que l'artiste (master en art visuel à l'Académie nationale d'art à Oslo et diplôme en théâtre à l'Université libanaise) a surnommé sa dernière installation qui se déploie à la galerie Marfa'. Ghossein est familier avec les endroits publics (en Norvège) où il expose, ainsi qu'avec les musées comme le MoMA, la Fondation à Sharjah et le MuCEM à Marseille... Ses films ont aussi fait le tour du monde : au festival Tribeca à Doha, à Dubaï et, récemment, à Cannes, dans le cadre de la Lebanon Factory (section la Quinzaine des réalisateurs) où il a été sélectionné avec d'autres réalisateurs pour présenter son œuvre. « L'art conceptuel aborde des problèmes qui ont un rapport avec la philosophie, avec les théories, tandis que le cinéma (qui couvre toutes les disciplines) est un monde à part, exigeant de travailler avec des documents, des photos, l'image. C'est un croisement de deux mondes, et si je choisis l'une ou l'autre démarche, c'est parce que le projet impose son format », dit-il.

 

Le lien est-il réel ou virtuel ?
« Ce projet, poursuit Ahmad Ghossein (originaire de la région de Marjeyoun), a commencé par mon observation des sculptures que fait le Hezbollah au Sud. En faisant mes propres recherches, j'ai réalisé combien l'espace était limité, la caméra ne pouvant pas monter au-dessus de 400 mètres. » La question que pose donc l'artiste est : « Où se termine la propriété privée et où commence la propriété publique ? Un petit document officiel, une lettre écrite par mon père, adressée à l'État, stipule que les gens sont en train de s'approprier des terrains avec leurs cours d'eau, d'une manière chaotique. » C'est ainsi que l'artiste lancera les recherches pour réaliser qu'au Sud et à la Békaa, l'État ne possède pas d'archives, de cadastres, ni même des chiffres précis concernant les terrains. Par oubli ? Par négligence ? Peu importe la raison. Les faits font preuve d'un vide total à ce niveau. L'exposition qui vise à capturer cette terre, et à la délimiter, a nécessité beaucoup de temps, mais l'a aidé à comprendre les lacunes de l'État et le manque de curiosité des citoyens.

Ainsi, personne n'a établi, depuis le mandat français, la véritable altitude des terrains par rapport au niveau de la mer. Un autre problème épineux, qui n'est peut-être pas entièrement développé dans cette exposition, mais qui le sera plus tard, indique l'artiste.

Ahmad Ghossein a donc l'art de provoquer le questionnement chez le visiteur ou le spectateur pour l'inviter à proposer ses propres réponses. Il vise également à sensibiliser les Libanais à un problème qui ne semble pas les intéresser. En documents, dessins, boîte lumineuse et petite vidéo sur le dernier cartographe au Liban, l'artiste essaye de délimiter réellement ce qui a toujours été virtuel pour ses compatriotes.

Galerie Marfa' (région du port) du mardi au vendredi (12h à 19h) et les samedis de 14h à 18h. Tél. : 01/571636.

 

Pour mémoire 

Ahmad Ghossein et son monde en cassettes

Ahmad Ghossein se dit « entre deux mondes », celui du cinéma et celui de l'art conceptuel, mais toujours dans la démarche inquisitrice. Que ce soit dans cet art ou dans ses films documentaires, ce n'est pas l'esthétique qui l'intéresse, mais la recherche de vérité à travers les formes artistiques plurielles.
La terre appartient à celui qui la libère : c'est ainsi que l'artiste...

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