Antiquité grecque chez Chanel

Colonnes renversées, lumière douce, quasi crépusculaire, sur fond de paysage méditerranéen, cothurnes, feuilles d'acanthe et rubans : Chanel investissait une fois de plus, mercredi 4 mai, les galeries du Grand Palais à Paris pour le défilé de sa collection Croisière 2018 sur le thème de La modernité de l'Antiquité . « J'exprime à travers la mode une fascination qui est la mienne depuis l'enfance. Le premier livre que j'ai lu était celui d'Homère », soulignait le créateur Karl Lagerfeld en exergue du programme. Et de fait, ce n'est pas seulement la statuette de Vénus conservée dans l'appartement de Coco Chanel, rue Cambon, qui a inspiré cette nouvelle collection à la fois riche et fraîche. C'est aussi une obsession esthétique que l'on retrouve par exemple dans les photos d'éphèbes et de déesses immatérielles de Lagerfeld montrées à Hambourg en janvier 2014.
Dans une palette royale où se déclinent l'or, le bleu nuit et les couleurs de terre, la collection fait alterner petites robes courtes et longueurs généreuses et fluides sans jamais tomber dans le cliché caryatide. Revue au goût contemporain, l'Antiquité grecque chez Chanel traduit en ceintures corsets marbrées les colonnes des temples et exalte un idéal de la beauté féminine filtré par la Renaissance avant de parvenir jusqu'à nous. La forme de la flèche domine les bijoux. Sans doute est-elle décochée par le jeune Hudson Koenig qui clôture le défilé en amour, la main dans celle de son grand-parrain.