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Nos Lecteurs ont la Parole - Jacques MECHELANY

La binationalité, enjeu crucial de l’élection présidentielle française

Dans le point n° 27 des 144 « Engagements présidentiels de Marine Le Pen 2017 », une petite phrase d'apparence anodine figure après l'annulation du droit du sol : la suppression de la double nationalité extra-européenne.
Cet engagement de Mme Le Pen a déjà fait couler beaucoup d'encre, et il a des implications cruciales pour les 250 000 Franco-Libanais au Liban et ailleurs.
Contrairement à une idée largement répandue au Liban selon laquelle Mme Le Pen ne mettra pas cette mesure en application, cette mesure est centrale dans le positionnement politique du Front national et elle est au cœur de la motivation des 40 % de Français ayant exprimé leur souhait de voter pour Mme Le Pen au second tour de l'élection présidentielle de 2017.
En effet, rares sont les électeurs de Mme Le Pen qui votent pour elle, pour son programme économique et social ou les réformes publiques. Selon l'institut de sondage Harris interactif, 80 % des électeurs ayant exprimé leur intention de voter Le Pen au premier tour votent pour elle pour ses engagements à lutter contre l'immigration, et 64 % pour qu'elle lutte contre le terrorisme.
Les Français sont inquiets de l'explosion de l'immigration maghrébine et africaine en France, et surtout de voir que de nombreux immigrés prennent la nationalité française, vivent en France et continuent de vivre selon les usages et coutumes de leur pays d'origine plutôt que de se fondre dans la culture et les valeurs de la République française.
Il n'existe pas de statistique officielle, la loi française n'exigeant pas de déclaration concernant la possession d'une autre nationalité, mais des sources concordantes évoquent une fourchette de quatre à cinq millions de binationaux en métropole, et selon les évaluations des ambassades, plus de la moitié des 2,5 millions de Français de l'étranger sont binationaux.
En 2015, Michèle Tribalat, démographe de l'INED, estimait à au moins 4,6 millions le nombre de personnes immigrées d'origine maghrébine sur trois générations, dont une très forte proportion de jeunes et des taux de natalité plus élevés que celui de la population française.
Et c'est bien cette très forte proportion de binationaux d'origine maghrébine que vise l'engagement de Mme Le Pen à supprimer la double nationalité extra-européenne. Cette mesure est le cœur de sa politique de lutte contre l'immigration et de restauration de l'identité française.
La suppression de la double nationalité est un moyen juridique et psychologique d'atteindre les objectifs de Mme Le Pen et de répondre aux attentes de son électorat.
En effet, forcer les binationaux à choisir une de leurs nationalités, c'est les mettre devant un choix cornélien, choisir la France et s'intégrer, ou choisir leur patrie d'origine et abandonner les avantages de la nationalité française, non seulement pour eux, mais également pour leur descendance.
C'est aussi forcer les immigrés présents en France à couper les ponts graduellement avec leur patrie d'origine et à s'intégrer dans leur nouvelle patrie, et surtout leurs enfants.
La lutte contre l'immigration est le socle sur lequel s'est bâtie l'ascension du Front national au cours des vingt dernières années et constitue l'attente principale des 40 % d'électeurs prêts à voter pour Marine Le Pen au second tour.
De nombreux Franco-Libanais pensent que cette mesure ne verra jamais le jour, soit parce que Mme Le Pen n'aura pas de majorité au Parlement, soit parce qu'elle ne s'appliquera pas aux Libanais.

C'est une grave et dangereuse erreur de jugement !
Mme Le Pen sait pertinemment que si elle est élue, elle ne disposera pas de majorité à l'Assemblée nationale. Ce n'est pas un hasard si les points 2 et 5 de son programme mettent en place une gouvernance par référendum, et en particulier l'élargissement de l'article 11 de la Constitution qui dit : « Lorsque le référendum a conclu à l'adoption du projet ou de la proposition de loi, le président de la République promulgue la loi dans les quinze jours qui suivent la proclamation des résultats de la consultation. »
Si Mme Le Pen est élue présidente de la République française, il est probable que l'une des premières mesures qu'elle prendra afin de satisfaire à peu de frais son électorat et de montrer qu'elle tient ses promesses de campagne sera de soumettre la suppression de la double nationalité au référendum.
Référendum qui a toutes les chances de passer auprès des 60 millions de Français de souche. Il ne lui restera plus qu'à promulguer.
Penser que cette mesure s'appliquera aux autres et pas aux Franco-Libanais, c'est méconnaître le droit et l'État de droit. Près de 250 000 Franco-Libanais se trouveront obligés de choisir, pour eux et pour leurs enfants, entre leurs deux nationalités, la française, son passeport et ses avantages, et la libanaise avec ses problèmes de visa, de sanctions bancaires et autres incertitudes politiques. Pour la grande majorité d'entre eux vivant hors du Liban, le choix sera vite fait, et pour les quelque 20 000 vivant au Liban, le choix sera cornélien.
Grâce à Mme Le Pen, le Liban aura encore perdu de nombreux talents.
Lutter contre l'immigration et le terrorisme sera la priorité de tous les gouvernants français, mais il y a d'autres méthodes que de diviser entre Français et binationaux et d'annuler des droits acquis de près de 10 % de la population française pour y arriver.
Voter blanc ou s'abstenir est un choix ; celui de laisser les autres décider de son avenir à sa place.

 

Dans le point n° 27 des 144 « Engagements présidentiels de Marine Le Pen 2017 », une petite phrase d'apparence anodine figure après l'annulation du droit du sol : la suppression de la double nationalité extra-européenne.Cet engagement de Mme Le Pen a déjà fait couler beaucoup d'encre, et il a des implications cruciales pour les 250 000 Franco-Libanais au Liban et...

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