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À la fête !

Quatre jours sans journal, dus aux congés syndicaux de la fête de Pâques affectant tous les rouages de la production, c'est bien long. Long pour le lecteur, voulons-nous croire ; et long pour les journalistes eux-mêmes, tenus de recoller des morceaux d'actualité, de rapporter ou de commenter les faits saillants survenus dans l'intervalle. Car congés ou pas, la Terre a continué de tourner : de mal tourner, bien trop souvent, en dépit de tous ces adorables poussins et lapereaux qui ont envahi vos téléphones mobiles, chargés de vœux.


Entre les États-Unis et la Corée du Nord, le face-à-face tourne au poker nucléaire, assorti de menaces, de défis, mais n'excluant guère, faut-il espérer, les coups de bluff. En attendant, c'est à tout sultan tout honneur. Tayyip Recep Erdogan vient de remporter de justesse – mais guère en toute justice – un référendum qui promet de le sacrer président jusqu'en l'an 2029. Cet hyper-président concentrera entre ses mains tous les pouvoirs, à tel point que se trouve purement et simplement aboli le poste de Premier ministre. Erdogan rejette d'avance, avec mépris, les protestations de l'opposition et des observateurs internationaux qui crient à la fraude. Pour mieux intimider ses courageux adversaires, il se propose de rétablir la peine de mort et de claquer lui-même, toujours par voie de référendum, cette porte de l'Europe qui lui est plus que jamais interdite.


Ce néo-sultan a beau faire cependant, avec son peu convaincant score de 51,4 %, il ne rallie à son panache qu'un Turc sur deux. Pour la patrie d'Atatürk trahie par son lointain et mégalomane successeur, cela va être pour longtemps, et à grands risques, l'éternel débat autour du verre à moitié vide ou à demi plein...


Non loin de là, en Syrie, la coupe déborde largement. De sang. Et c'est une inconcevable escalade dans l'horreur qu'a connue ce pays martyrisé, selon les termes du pape, avec le dernier en date des attentats-suicides. Comble de cruauté, c'est un convoi de misérables réfugiés en cours d'évacuation qui a été visé. Comble d'infortune, plus de la moitié des 128 victimes étaient des enfants.


Pour des dizaines d'enfants libanais, la fête se poursuivait hier, autour du président de la République et de sa famille, qui avaient eu la charmante attention de les inviter au palais de Baabda. Entre jeux, distribution de cadeaux et autres divertissements, une fort opportune initiation au recyclage des déchets ménagers avait été prévue pour les bambins. Mais n'est-ce pas aux aînés, et plus particulièrement à certains responsables négligents, ou incompétents, que devraient être administrés des cours accélérés d'hygiène publique ? N'est-ce pas à une large part de l'establishment, aux indécrottables affairistes de la république toujours en compétition pour décrocher les gros contrats, qu'il faut rappeler aux rigueurs de la moralité politique ? N'est-ce pas tout ce beau monde qui mérite, en priorité absolue, un énergique recyclage ?


La crise des ordures est déjà vieille de près de deux ans sans qu'aucune solution radicale, définitive, ne pointe encore à l'horizon. La santé des citoyens demeure à la merci des nuées de microbes déversées dans l'atmosphère et qui, lentement mais sûrement, font leur œuvre. Et cela ne console certes pas d'apprendre qu'au Sri Lanka en revanche, les ordures tuent vite fait. C'est ce qui est arrivé le week-end dernier dans un bidonville de la banlieue de Colombo, dévasté par l'effondrement d'une montagne d'immondices avoisinante, soudain déstabilisée par des pluies torrentielles.


Là-bas aussi, on avait promis une usine de transformation des déchets. Là-bas aussi, on faisait traîner les choses...

Issa GORAIEB
igor@lorientlejour.com

Quatre jours sans journal, dus aux congés syndicaux de la fête de Pâques affectant tous les rouages de la production, c'est bien long. Long pour le lecteur, voulons-nous croire ; et long pour les journalistes eux-mêmes, tenus de recoller des morceaux d'actualité, de rapporter ou de commenter les faits saillants survenus dans l'intervalle. Car congés ou pas, la Terre a continué de...