Rabab Sadr.
Malgré son travail à plein-temps à la tête de la Fondation Imam Sadr, Rabab Sadr trouve le temps de s'occuper de ses onze petits-enfants et a même récemment décroché un doctorat en philosophie. Portrait d'une femme à la positivité contagieuse et à la volonté de fer.
Rabab Sadr est bien connue du grand public. Et pour cause, elle est la sœur de l'ancien chef (spirituel et politique) de la communauté chiite au Liban, l'imam Moussa Sadr, disparu en 1978 en Libye dans des circonstances mystérieuses. Elle est aussi celle qui poursuit aujourd'hui son œuvre caritative. Traumatisée par la disparition de son frère, elle mettra un moment à s'en remettre, « grâce à la prière et au travail assidu ». « Si on n'était pas croyants, je pense qu'on aurait probablement perdu la tête dans la famille après la disparition de l'imam. C'est une situation qui n'est pas facile, mais je ne m'autorise pas à aller dans mes pensées vers des endroits qui font mal », confie-t-elle.
C'est ce qui l'a sans doute poussée à travailler durant la guerre civile auprès de familles dont des membres avaient été kidnappés, que ce soit du côté chrétien ou musulman. « Je prenais contact avec les chefs des milices des deux côtés, alors que je ne les connaissais pas. J'intercédais pour qu'on libère les kidnappés dont on me parlait. J'ai réussi à sauver de cette manière plusieurs vies, sauf une fois, malheureusement, dans le cas d'une femme qui s'est avérée avoir déjà été tuée avant mon intervention », souligne-t-elle.
« L'imam était beaucoup plus âgé que moi, indique Rabab Sadr. Il était là quand je suis venue au monde et j'ai grandi avec lui à mes côtés. Il prenait soin de moi, surtout que j'étais la plus jeune de la famille, et il m'a beaucoup influencée. Nombre de personnes estiment que c'était un homme extraordinaire, moi aussi. C'est mon modèle, j'essaie de faire ce qui l'aurait rendu heureux. »
(Lire aussi : Report de l’audience dans l’affaire Sadr)
Styliste, peintre et poète
Enfant, Rabab Sadr a été « turbulente » et c'est son grand frère, le sayyed, qui a sans doute été le premier à se rendre compte qu'elle avait besoin d'une attention particulière. Une attitude qu'elle reproduit avec ceux de ses onze petits-enfants qu'elle sent différents des autres. « Je suis très proche de mes petits-enfants. Des fois, si je remarque que l'un d'eux est un peu agité, je l'entoure, on discute, on sort ensemble pour déjeuner ou dîner », raconte-t-elle.
Passionnée d'art dans sa jeunesse, Rabab Sadr a suivi une formation universitaire en stylisme et en peinture en Italie après avoir obtenu une bourse. Elle a écrit également des poèmes et a récemment obtenu son doctorat en philosophie, mention très bien, avec pour sujet « La philosophie pratique de l'imam Moussa Sadr. « J'ai mis des années à terminer mes études et je n'ai plus le temps de me consacrer à l'art, mais ce n'est pas grave. Je suis heureuse de faire le travail que je fais », confie Mme Sadr.
Ses moments libres, elle les passe à regarder des films, à faire du tricot et des travaux manuels pour oublier les journées « dures humainement ».
(Pour mémoire : L’affaire Sadr a besoin d’un feu vert international, estime Rabab Sadr)
Femmes, appliquez vos droits
« Je viens d'une famille très pratiquante mais je n'ai jamais senti qu'il y avait certaines choses qui m'étaient interdites, ni de la part de mon mari ni de la part de l'imam. Même l'État et les lois ne m'ont pas empêchée de faire ce que je voulais au niveau de mon travail pour les droits de l'homme, indique Rabab Sadr. Jamais je n'ai été mise de côté parce que je suis une femme ou parce que je suis voilée. Je fréquente même des milieux chrétiens pratiquants avec lesquels je me sens parfaitement en osmose. Je participe à des rencontres dans les églises durant lesquelles je lis des textes sacrés. »
« Je ne pense pas que les femmes ont besoin de manifester ou de revendiquer leurs droits. Elles doivent tout simplement les mettre directement en application dans la vie pratique et mettre les autres devant le fait accompli », estime Rabab Sadr.
« La vie est belle, donc pourquoi ne pas aller vers le positif ? Aimons notre pays et protégeons-le. Chaque jour qui passe est un jour qui ne reviendra pas, utilisons donc nos jours de façon positive », conclut-elle.
Pour mémoire
Rabab Sadr presse le Liban et la Libye de régler le dossier Moussa Sadr
Malgré son travail à plein-temps à la tête de la Fondation Imam Sadr, Rabab Sadr trouve le temps de s'occuper de ses onze petits-enfants et a même récemment décroché un doctorat en philosophie. Portrait d'une femme à la positivité contagieuse et à la volonté de fer.
Rabab Sadr est bien connue du grand public. Et pour cause, elle est la sœur de l'ancien chef (spirituel et politique)...
commentaires (8)
Rabab Sadr est une femme à admirer , elle possede le respect des convictions d'autrui et compatit aux souffrances des autres quels qu'ils soient !
Samira Fakhoury
21 h 25, le 12 avril 2017