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Liban - Sécurité nationale

La rivalité entre les services bat son plein à l’AIB

Machnouk évoque des pressions européennes pour améliorer le contrôle à l'aéroport.

Photo AFP

Une imposante réunion a regroupé, hier, au palais de Baabda, sous la présidence du chef de l'État Michel Aoun, l'ensemble des services chargés de la sécurité aux frontières.

Outre les chefs des services de sécurité (armée, renseignements militaires, Sûreté générale, FSI et Aviation civile), les responsables des douanes ont également été conviés ainsi que les ministres responsables, celui de l'Intérieur Nouhad Machnouk, et des Travaux publics Youssef Fenianos.

Précédée par un tête-à-tête entre M. Aoun et le chef du gouvernement, Saad Hariri, la rencontre a été placée sous le thème de l'amélioration de la sécurité à l'Aéroport international Rafic Hariri et aux points de passage des frontières terrestres, imposée par la menace terroriste, d'une part, et l'approche de la saison des vacances, d'autre part.

En réalité, cette réunion, qui se tenait à la veille d'un atelier de travail qui sera organisé lundi prochain par l'Union européenne sur la sécurité de l'aéroport, a été motivée par la situation « chaotique » qui prévaut sur les lieux, « générée par la rivalité entre des services hybrides et le partage des zones d'influence à l'AIB », révèle à L'Orient-Le Jour une source qui suit de près ce dossier. Évitant de s'enliser dans les détails, le communiqué publié par Baabda a relevé « l'insistance du président sur la nécessité de la coordination entre les services sur la base du respect de la loi et des procédures en vigueur ».

Selon notre correspondante à Baabda, Hoda Chédid, il s'agit plus précisément d'un conflit d'autorité entre les Forces de sécurité intérieure (FSI) et le service de sécurité de l'Aviation civile, placé actuellement sous le commandement du général Georges Doumit, un homme dont plusieurs sources louent « la fermeté et le sens de l'ordre ». L'officier a déjà à son crédit l'arrestation de plusieurs contrebandiers. « Il a également imposé le principe d'un contrôle scanner à tous les passagers sans aucune distinction, comprendre les hauts responsables politiques qui avaient pris l'habitude de faire venir leur escorte sécuritaire pour les récupérer sur le tarmac », confie à L'OLJ une source informée. « Le général Doumit dérange, d'autant plus que la concurrence entre ces services pluriels bat son plein », poursuit la source. Secteur public névralgique par excellence, l'aéroport est devenu, depuis quelque temps, un terrain (de plus) où les responsables politiques rivalisent pour placer leurs hommes au sein des services chargés de la sécurité des lieux.

« C'est ainsi qu'il faut comprendre l'insistance de Nabih Berry, président du Parlement, de substituer un des siens au général Georges Doumit, à la tête de l'AAviation civile, alléguant du principe que ce poste revient traditionnellement à un chiite », précise encore la source.

 

(Pour mémoire : La double menace et la contre-attaque libanaise)

 

Contrat de gré à gré
C'est à un euphémisme qu'a d'ailleurs recouru hier le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, en affirmant que la réunion sécuritaire « est venue un peu tardivement », et soulignant que la responsabilité de ce retard incombe « aux ministres concernés », sans préciser s'il en faisait partie.

Saisissant comme à chaque fois l'argument sécuritaire et les requêtes européennes en vue pour l'amélioration de la sécurité à l'AIB, le ministre a évoqué la nécessité « d'une vigilance accrue alors qu'augmentent les pressions internationales, plus particulièrement de la part de l'Union européenne ». Interrogée, une source européenne informée a précisé à L'OLJ qu'il n'y avait rien de nouveau, encore moins de pressant au sens entendu par le ministre, en termes de requêtes formulées par l'UE, « depuis quatre ans déjà ».

Selon un commis de l'État qui suit de près ce dossier et qui a requis l'anonymat, les propos du ministre ne peuvent être compris que sous l'angle de son insistance « à bousculer » le processus de l'adoption des quatre adjudications et du contrat de gré à gré pour la réhabilitation des installations et équipements de l'aéroport devant assurer une plus grande sécurité à l'AIB. « Le contrat de gré à gré, octroyé à la société Hamra, dirigée par Hady Moukaddam, un proche de M. Machnouk, a été imposé sous prétexte que cette société est la seule au monde à avoir ce type d'équipements », ironise le commis de l'État, rappelant que toute concurrence a ainsi été éliminée d'emblée.

Pour sa part, le ministre de l'Intérieur a jeté la balle dans le camp du ministre des Travaux publics, utilisant une formule élégante pour le rappeler à l'ordre. « Nous pouvons être prêts très prochainement et comptons sur les efforts du ministre des Travaux publics, qui est responsable d'assurer les équipements de l'aéroport », a dit M. Machnouk, en réponse à une question sur le degré de vigilance nécessaire pour exécuter les décisions prises lors de cette mégaréunion.

Il a également indiqué que « les cahiers des charges relatifs aux adjudications – qui sont actuellement entre les mains de M. Fenianos, qui doit y apporter ses remarques – sont rigoureusement établis et ont été consultés par l'ensemble des ministres ». Avant de conclure : « Il reste à voir s'il est possible de parvenir à cet objectif dans les plus brefs délais à la lumière des requêtes internationales et de l'augmentation du rythme des opérations terroristes. »

Pour le commis de l'État, les signes ne trompent pas : « L'argument de l'urgence et du temps qui presse est devenu l'outil prisé pour faire passer les marchés publics en réduisant à son strict minimum la surveillance des organismes de contrôle. »

 

 

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Outre les chefs des services de sécurité (armée, renseignements militaires, Sûreté générale, FSI et Aviation civile), les responsables des douanes ont également été conviés ainsi que les ministres...

commentaires (2)

yalla monsieur machnouk, yalla! c'est a qui mieux mieux

George Khoury

08 h 03, le 01 avril 2017

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Commentaires (2)

  • yalla monsieur machnouk, yalla! c'est a qui mieux mieux

    George Khoury

    08 h 03, le 01 avril 2017

  • LA PAGAILLE REGNE AUSSI BIEN A L,AEROPORT QU,AUX PORTS... AVEC LE BAKSHISH ON PEUT GLISSER POUR AINSI DIRE UN CHAMEAU DANS LE PREMIER ET DES ELEPHANTS DANS LES SECONDS... SOUHAITONS QU,ON Y METTE DE L,ORDRE POUR LA SECURITE DES AVIONS ET DES PASSAGERS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    05 h 40, le 01 avril 2017

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