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Économie - Finance

Hausse des taux US : un impact a priori limité sur le Liban

La Banque du Liban ne va pas répercuter sur ses propres taux l'augmentation d'un quart de point de base décidée mercredi par la Réserve fédérale américaine.

Les réserves en devises de la BDL ont atteint 39,6 milliards de dollars en 2016 (+10,6 %). Archives « L’OLJ »

L'effet sur le Liban de la décision, mercredi, de la banque centrale américaine (Fed) de relever d'un quart de point son taux directeur, pour le faire évoluer entre 0,75 et 1 %, devrait être mitigé, selon plusieurs analystes interrogés par L'Orient-Le Jour.

« Cette hausse était attendue et son ampleur est limitée », estime le directeur du département recherche de la Blominvest Bank, Marwan Mikhaël, qui rappelle que la Fed avait déjà annoncé trois hausses de taux en 2017 ; prévisions qu'elle a confirmées mercredi dernier. De fait, malgré le relèvement, cette prudence a entraîné une baisse du dollar, qui a même atteint vendredi matin son niveau le plus bas depuis un mois et demi face à l'euro (à 1,0784 dollar).

Lors de sa réunion mensuelle avec l'Association des banques du Liban et la Commission de contrôle des banques, la semaine dernière, le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, a assuré que la Banque centrale allait maintenir sa politique monétaire et ses taux d'intérêt inchangés malgré la décision de la Fed, a rapporté le Lebanon this Week de la Byblos Bank. « Le Liban est dépendant des fluctuations des entrées de capitaux. La pression sur les taux d'intérêt au Liban évolue donc plutôt en fonction de la compétitivité des taux libanais par rapport à ceux d'autres pays », commente M. Mikhaël.

Réserves suffisantes

L'attitude de la BDL contraste avec celle de la plupart des banques centrales des pays du Golfe, qui ont décidé jeudi de relever leurs taux directeurs d'un quart de point de pourcentage, dans la foulée de la Fed. Selon M. Salamé ces décisions pourraient avoir à terme un « impact négatif » sur les remises en provenance de ces pays.

De fait, les décisions des banques centrales du CCG sont motivées par la perspective d'un possible renforcement du dollar à long terme. Selon plusieurs observateurs, ce scénario – lié au renforcement des divergences entre les politiques monétaires américaine et européennes ou japonaise, d'une part ; et d'autre part, les politiques économiques et commerciales annoncées par Donald Trump – présente un risque pour les pays endettés en devises ou dont la monnaie est adossée à la monnaie américaine.

Cependant, la hausse des taux américains ne devrait pas remettre en question la parité entre la livre libanaise et le dollar, même à long terme, estiment plusieurs analystes. « Il n'y a absolument aucun signe qui va dans ce sens », confirme à L'Orient-Le Jour le directeur du département de recherche du groupe Byblos Bank, Nassib Ghobril. « Le niveau des réserves est suffisant pour garantir la stabilité de la livre, notamment depuis que la BDL a conclu son opération d'ingénierie financière », affirme-t-il. Pour rappel, la BDL affirme avoir cédé, entre mai et août 2016, plus de 12 milliards de dollars de titres de dette publique en devises à des banques libanaises. En parallèle, elle leur avait également racheté des obligations publiques en livres pour un montant équivalent, à taux d'escompte de 0 %. Cette opération a notamment permis de renflouer les réserves en devises de la BDL, en hausse de 10,6 % en 2016, à 39,6 milliards de dollars.
« Les taux libanais pourront être beaucoup plus influencés par la gestion des finances publiques locales que par l'évolution des taux américains. Ils augmenteront si l'État laisse le déficit se creuser, ce qui aura un impact négatif sur l'économie », avance par ailleurs M. Ghobril. Pour rappel, le déficit public a augmenté de plus de 25 % en 2016, pour atteindre un record de 4,94 milliards de dollars, selon le ministère des Finances. La dette, elle, a grimpé de 6,5 %, à 74,9 milliards de dollars en 2016.

Cependant, la hausse des taux décidée par la Fed devrait tout de même avoir pour effet de renchérir le coût de la dette à moyen et long terme, même si « l'impact de ces variations sur l'économie libanaise restera minime tant que les taux de la Fed resteront sous la barre de 1,5 % », souligne M. Mikhaël.

« Au Liban, les taux d'intérêt moyens pondérés de la dette publique en livres sont de 7 % alors que ceux servis sur les devises sont de 6,2 % », indique pour sa part l'économiste Roy Badaro. Selon lui, « il y aura un impact limité sur les nouvelles émissions de titres à court terme que l'État contractera durant les mois à venir, et ce jusqu'à correction du déficit ». « Dans ce contexte, 2017 sera une année de répit en attendant la tempête de 2018 au cas où le déficit continuerait de se creuser », conclut-il.

Lors de sa réunion avec l'ABL, M. Salamé a, lui, estimé que la hausse des taux de la Fed n'affectera pas le rendement des eurobonds émis par le Liban, ajoutant que ce dernier serait « de 4,4 % au-dessus des rendements des bons du Trésor américain sur 10 ans ». Pour rappel, le ministère des Finances doit émettre aujourd'hui 1,5 milliard de dollars d'eurobonds, en trois tranches de 10,15 et 25 ans.


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