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À La Une - L'Orient Littéraire

En réponse à Michel Onfray : Si, l’existence de Jésus est un fait historique avéré

Meurt-on en martyr pour un hologramme ?

D.R.

Dans son récent livre Décadence (Flammarion), le philosophe Michel Onfray nie, comme il l'avait fait dans son Traité d'athéologie, l'existence de Jésus : celui-ci ne serait qu'une allégorie, un symbole, accomplissant fictivement les prophéties de l'Ancien Testament. Quelques écrivains avant lui – Bruno Bauer, Prosper Alfaric, Paul-Louis Couchoud... – s'étaient aventurés dans cette voie, sous le regard affligé des authentiques chercheurs, même libres penseurs.

Ce qui frappe dans la théorie « mythiste » d'Onfray, c'est sa méconnaissance profonde de l'exégèse moderne, des dernières découvertes archéologiques et, de façon plus générale, de la méthode historique. Il procède par amalgames, approximations et contresens, faisant flèche de tout bois, y compris des poncifs antireligieux les plus éculés. Il s'appuie par exemple sur les évangiles apocryphes et leur goût prononcé du merveilleux pour décrédibiliser les évangiles canoniques, écrits deux ou trois siècles plus tôt !

Soyons sérieux. Si une pieuse conspiration avait monté de toute pièce une telle affaire, celle-ci aurait été bien mal préparée ! Le simple fait de relever des contradictions dans les textes évangéliques, quant aux circonstances, au mot à mot des paroles prononcées, à la chronologie, montre d'évidence que leurs auteurs ont cherché à rendre compte de la vie d'un homme réel à travers la multiplicité des témoignages oraux. Pour les chrétiens, ces différences ne touchent en rien le fond du message, la signification de l'incarnation, de la mort sacrificielle de Jésus et de la rédemption, bien au contraire !

L'existence historique au Ier siècle de notre ère d'un rabbi juif nommé Ieschoua (Jésus) – contraction de Yehoshoua' (Josué), « Dieu sauve » –, qui attirait les foules par son charisme et son enseignement, et son crucifiement à Jérusalem par ordre de Ponce Pilate, préfet de Judée de 26 à 36, à la demande des grands prêtres Hanne et de son gendre Joseph dit Caïphe, est un fait indéniable.

Indépendamment des sources chrétiennes (particulièrement de l'Évangile d'un exceptionnel témoin oculaire, Jean), son existence se trouve attestée par plusieurs auteurs extérieurs au christianisme : Tacite, ancien gouverneur de la province d'Asie, Pline le Jeune, proconsul de Bithynie au début du IIe siècle, Suétone, chef du bureau des correspondances de l'empereur Hadrien un peu plus tard...

Un texte capital est celui d'un écrivain juif romanisé du Ier siècle, Flavius Josèphe, qui avait connu à Jérusalem les premières communautés judéo-chrétiennes : il parle d'un « sage » nommé Jésus qui fit un grand nombre d'adeptes. « Pilate le condamna à être crucifié et à mourir. Mais ceux qui étaient devenus ses disciples continuèrent de l'être. Ils disaient qu'il leur était apparu trois jours après sa crucifixion et qu'il était vivant : ainsi, il était peut-être le Messie au sujet duquel les prophètes ont raconté des merveilles. »

Réceptacle des anciennes traditions juives, le Traité Sanhédrin du Talmud de Babylone évoque également son nom : « La veille de la Pâque, on pendit (à la croix) Yeshû ha-notsri (Jésus le Nazaréen) parce qu'il a pratiqué la sorcellerie, a séduit et égaré Israël. » Il aurait été tellement plus facile, à la manière d'Onfray, de dénoncer le mythe ! Même le philosophe platonicien Celse (IIe siècle), violent polémiste qui haïssait le Christ, ne contestait nullement son existence historique.

Plus de cinq cents frères, dit saint Paul, ont été témoins de la résurrection de Jésus. Comment imaginer que de pauvres pêcheurs du lac de Tibériade, troupeau de fuyards apeurés à la mort de leur maître, aient soudainement lâché leurs filets, abandonné femmes et enfants pour parcourir le monde pour un simple mythe, préparé par quelques individus dans l'arrière-salle d'une taverne de Judée ? Saisi par l'éblouissement pascal, brûlant de conviction en témoins rayonnants d'une vérité libératrice, ils ont tout supporté, les quolibets, les insultes, la prison, la torture, la mort même, sans jamais se renier. Meurt-on en martyr pour un hologramme ?

 

*Jean-Christian Petitfils, historien et écrivain, auteur notamment de Jésus (Fayard/Livre du Poche) et du Dictionnaire amoureux de Jésus (Plon).

 

Retrouvez l'intégralité de L'Orient Littéraire ici

Dans son récent livre Décadence (Flammarion), le philosophe Michel Onfray nie, comme il l'avait fait dans son Traité d'athéologie, l'existence de Jésus : celui-ci ne serait qu'une allégorie, un symbole, accomplissant fictivement les prophéties de l'Ancien Testament. Quelques écrivains avant lui – Bruno Bauer, Prosper Alfaric, Paul-Louis Couchoud... – s'étaient aventurés dans cette...

commentaires (18)

Suite De plus, les épîtres de Paul, écrites vers l'an 60 avant les Evangiles ne rapportent rien de la vie, ni des miracles, ni des paroles du Christ, comme s'il parlait d'un être mythique, surnaturel! Quant aux prétendues sources historiques relatant la vie de Jesus, permettez de les trouver plutôt maigres de détails et un peu hors contexte dont celle que vous rapportez de Flavius Josephus, qui a écrit ses Annales vers l'an 90: un paragraphe rajouté sans autre détail que beaucoup pensent à été rajouté plus tard au 2eme siècle par Irène. En tous cas, aucun témoin oculaire crédible et tout le reste n'est que ouïe-dire, avec ajouts, copies de copies: beaucoup de mythes historiques ont débuté comme cela sans que l'on puisse leur retrouver de réalité historique. Alors, de grâce, n'essayez pas de nous donner des soit-disant faits historiques prouvant hors de tout doute l'existence réelle de Jesus comme certains apologétiques modernes qui veulent utiliser des faits scientifiques pour décrire des événements rapportés dans les Écritures! Ça frise le ridicule. Par contre, je respecte la foi profonde de ceux qui croient fermes dans tout ceci et le vivent sincèrement, mais, de grâce, n'essayez pas de pousser vos analyses à la limite de l'honnêteté scientifique!

Saliba Nouhad

15 h 25, le 06 mars 2017

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Commentaires (18)

  • Suite De plus, les épîtres de Paul, écrites vers l'an 60 avant les Evangiles ne rapportent rien de la vie, ni des miracles, ni des paroles du Christ, comme s'il parlait d'un être mythique, surnaturel! Quant aux prétendues sources historiques relatant la vie de Jesus, permettez de les trouver plutôt maigres de détails et un peu hors contexte dont celle que vous rapportez de Flavius Josephus, qui a écrit ses Annales vers l'an 90: un paragraphe rajouté sans autre détail que beaucoup pensent à été rajouté plus tard au 2eme siècle par Irène. En tous cas, aucun témoin oculaire crédible et tout le reste n'est que ouïe-dire, avec ajouts, copies de copies: beaucoup de mythes historiques ont débuté comme cela sans que l'on puisse leur retrouver de réalité historique. Alors, de grâce, n'essayez pas de nous donner des soit-disant faits historiques prouvant hors de tout doute l'existence réelle de Jesus comme certains apologétiques modernes qui veulent utiliser des faits scientifiques pour décrire des événements rapportés dans les Écritures! Ça frise le ridicule. Par contre, je respecte la foi profonde de ceux qui croient fermes dans tout ceci et le vivent sincèrement, mais, de grâce, n'essayez pas de pousser vos analyses à la limite de l'honnêteté scientifique!

    Saliba Nouhad

    15 h 25, le 06 mars 2017

  • Permettez-moi, Mr. d'être en désaccord avec vous: non, l'existence de Jesus n'est pas un fait historique aussi avéré qu'on le dise. Des prétentions aussi extraordinaires que celles rapportées par les Evangiles demandent des preuves extraordinaires. Or, il n y a aucune preuve historique ni archéologique directes contemporaines de la vie du Christ prouvant sans nul doute toutes les histoires fantastiques relatées. Étonnant que les scribes Juifs connus pour leur prose prolifique ainsi que les écrivains Romains qui rapportaient en détail tous les faits divers de l'empire romain, n'aient même pas mentionné ni rapporté aucune des histoires des Evangiles. Un homme qui a secoué et fait tremblé l'établissement Juif de son temps, qui a mobilisé les foules par milliers dans toute la Palestine d'antan, qui a effectué de magnifiques miracles en face de milliers de témoins, dont la naissance a occasionné le massacre de milliers d'innocents, la mort suivie de tremblements de terre, d'éclipse solaire et... rien, mais rien de rapporté par des sources indépendantes d son temps...Saisissant et choquant quand on y pense.. Oui, n'oubliez pas que les Evangiles canoniques ont été écrits par d'illustres inconnus le 1er 70 ans et le dernier 90 ans après et chacun reprenant les propos de l'autre en y ajoutant des histoires encore plus fantastiques: témoins oculaires de Jesus? Rien de moins sûr lorsqu'on sait que l'espérance de vie en ce temps-là dépassait à peine les 30 ans. A suivre

    Saliba Nouhad

    14 h 52, le 06 mars 2017

  • Belle Réponse à monsieur Onfray a qui "sa philosophie est montée à la tête" Que diable avait il à s'engager dans cette galère aventureuse?

    Chammas frederico

    12 h 56, le 06 mars 2017

  • Si l’historicité de la figure de Jesus ne fait pas de doute c'est les chrétiens qui l'ont divinisé ce qui a donne lieu a 4 siècles de controverses christologiques

    Tabet Ibrahim

    09 h 17, le 06 mars 2017

  • A propos, comment se fait-il que dans les pays à religions Monothéistes, leurs Déistes ne font que s’entretuer et se Massacrer ?! Au fond, léééh ?!

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    00 h 32, le 06 mars 2017

  • Il est possible que des "croyants" ne soient point déterminés par leur statut social : Ce fait est aussi peu décisif que l’est la conversion au "peuple" d’1 ou 2 de ces "croyants" ! Mais la "croyance" fait tout disparaître devant la solennité, amen, de la "religion". ! Car, si elle croit que ces catégories composant "ces peuples? ", si antagonistes, peuvent y échapper grâce à cette "religion"-là, combien doit-il être facile à 1 "croyant" de s'élever ; imbu donc de "croyance" ; au-dessus de son Métier de "croyant" ? Or, si ce "croyant" efface tout en s'adressant à la "croyance" des gens de manière qu'il devrait inclure même les "croyants" dans ses exhortations, il se voit aussi forcé de constater 1 différence entre eux car, sans cette dernière pas d'antagonisme, et sans celui-ci pas de matière à capucinades vraies ! Ainsi les divise-t-il en "croyants"…. Et en sujets bien sûr…. Non-"croyants" ! C'est, de sa part, de la "force morale, de la hardiesse et de la bravoure louable", bien évideMent !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    20 h 02, le 05 mars 2017

  • SUITE : Et l'on ferait preuve de méchanceté, n’est-ce pas, si l'on faisait remarquer qu'il y a privilégiés "croyants" et non-privilégiés…. Athées ; surtout que les 1ers ne voient nullement dans cette hiérarchisation de l’avilissement, mais 1 ascendance vers l'élévation…. Vers Dieu ! Or, voici qu'arrivent ces déistes "exacerbés" ; au fond, léééh ? ; qui ne voient pas only la différence entre 1 "croyant" et 1 Non-croyant, mais encore celle entre catégories sociales ! Si la grandeur d’1 religion consistait à y voir 1 différence, à présent sa grandeur consiste à la dissimuler. L’Incroyance devenant La Réaction : celle-là qui "excite", n'est-ce pas, ces "gentils croyants" dans leur "bonne" conscience-croyance…. Niaise !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    20 h 01, le 05 mars 2017

  • Bon, allez, "Thé-Eau-Zed" ; les Athées diraient…. Point barre.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    19 h 26, le 05 mars 2017

  • DES ATHEES AU SERVICE DU MAL PERSONNIFIE ET TOUT LE MONDE SAIT QUI...

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 38, le 05 mars 2017

  • Ce qui veut dire clairement ; grosso modo et en gros, quoi! ; que c'est, strictly, du PUR je-m’en-foutisme Athée, n’est-ce pas….

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    18 h 23, le 05 mars 2017

  • Dans touuus les cas, qu'un déiste ou un autre déiste disent n'immmporte quoi, cela est absolumennnt égal et laisse totalemennnt les ATHÉES really indifférents. Merci.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    17 h 40, le 05 mars 2017

  • exactement athées = animal, car sans âme .. il y a des preuves enumerer dans cette article qui prouve le contraire .. mais deja juste etre athées ne prouve t il pas que Dieu existe !?!?! car s'il n'existais pas le mot n'aurait exister comme quand on affirme et d'ailleurs bcp de scientifique (et la je ne parle pas de Hawkins, qui est une ame perdu et un aigri de la vie car ca non croyance n'emane que de son etat de sante) que la science existe pour justifier l'existence de Dieu

    Bery tus

    17 h 30, le 05 mars 2017

  • "Les chiens aboient et la caravane passe." ! Ainsi "Athées" correspondraient.... A "CHIENS" ! Quel déisme "humaniste", really !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    17 h 06, le 05 mars 2017

  • un Aufrau ou un autre athee neconnaisse pas JESUS FAIT HOMME cela nous est absolument egal....la caravane marche c'est notre foi

    Soeur Yvette

    16 h 59, le 05 mars 2017

  • Abraham, Moïse, Jésus et Mohamed (Mahomet) ont tous bel et bien existé. Qu'un Onfray ou un autre athée ne le reconnaisse pas, cela nous est absolument égal et nous laisse totalement indifférents. Les chiens aboient et la caravane marche.

    Un Libanais

    15 h 45, le 05 mars 2017

  • Question pour un champion : - Pourquoi il n'existe ni églises, ni mosquées ni synagogue dans la savane africaine ? - Parce que les animaux ne croient en rien sauf à se dévorer entre eux.

    Un Libanais

    15 h 30, le 05 mars 2017

  • Affirmer dans ces cas , dans un sens comme dans l'autre est en soi une hérésie . On ne peut que faire part de son sentiment profond de la chose . Telle doit être le sens de la Foi .

    FRIK-A-FRAK

    15 h 12, le 05 mars 2017

  • Bon ,si dieu n'existe pas, nous savons au moins que les religions existes..

    M.V.

    13 h 53, le 05 mars 2017

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