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Moyen Orient et Monde - Crise diplomatique

Ankara et Berlin s’écharpent après l’annulation de meetings pro-Erdogan

Les relations entre les deux pays se sont détériorées depuis les purges consécutives au putsch avorté en Turquie.

Le maire de Gaggenau Michael Pfeiffer devant la mairie après une alerte à la bombe, suite à l’annulation d’un meeting en soutien au président turc Recep Tayyip Erdogan hier, en Allemagne. Uli Deck/AFP

Ankara et Berlin ont échangé hier sur un ton acrimonieux des accusations d'atteintes à la liberté d'expression, après l'annulation de rassemblements en Allemagne en soutien au président Recep Tayyip Erdogan, au grand dam de la Turquie.
« Ils ne veulent pas que les Turcs fassent campagne ici, ils œuvrent pour le non », a accusé hier le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu. « Ils veulent empêcher l'émergence d'une Turquie forte », a-t-il ajouté.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'en est, lui aussi, vivement pris à l'Allemagne hier a dénonçant l'annulation de ces rassemblements auxquels devaient participer des ministres turcs. « Ils empêchent mon ministre de la Justice de parler, mon ministre de l'Économie de parler. Je devais moi aussi m'exprimer par visioconférence », a grondé M. Erdogan.
Alors que les dirigeants turcs multiplient depuis jeudi soir les salves verbales, la chancelière Angela Merkel a, à son tour, dégainé hier et maintenu ses critiques déjà formulées sur la situation de la liberté de la presse en Turquie.
En déplacement à Tunis, la chancelière allemande a nié toute implication de son gouvernement dans l'annulation des rassemblements, un démenti assorti d'une critique : il est « approprié de notre part de critiquer les atteintes à la liberté de la presse » en Turquie, a-t-elle commenté. Le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères Martin Schäfer a affirmé hier que « le gouvernement fédéral n'avait aucune influence » sur ces décisions prises par les autorités locales. « Les autorisations sont décidées au niveau communal », a complété Mme Merkel lors de son déplacement à Tunis.
Ce pic de tension survient alors que la police allemande a annoncé hier l'annulation d'un meeting politique de soutien au président Erdogan à Frechen, dans l'ouest de l'Allemagne, la troisième décision du genre en deux jours. Les autorités locales allemandes avaient déjà annoncé jeudi l'annulation de rassemblements visant à promouvoir le oui lors d'un référendum le 16 avril sur une réforme constitutionnelle renforçant les pouvoirs de M. Erdogan, accusé de dérive autoritaire.

Alerte à la bombe
La ville de Cologne, dans l'Ouest, a indiqué qu'elle n'autoriserait pas la tenue d'un meeting prévu demain avec le ministre turc de l'Économie, Nihat Zeybekci, dans la salle d'une mairie de quartier. En signe de défi, le ministre de l'Économie a assuré qu'il se rendrait en Allemagne pour faire campagne demain, se disant prêt à « aller de maison en maison, de café en café » s'il n'était pas autorisé à tenir un meeting. Les autorités allemandes, évoquant des difficultés logistiques, avaient annulé jeudi la tenue d'un rassemblement à Gaggenau (Sud-Ouest). La mairie de Gaggenau a été évacuée hier après une menace à la bombe envoyée par une personne dénonçant l'annulation de ce meeting auquel devait notamment participer le ministre turc de la Justice Bekir Bozdag. Mais la police n'a trouvé aucun engin explosif.
En réaction, M. Bozdag avait renoncé à rencontrer son homologue allemand jeudi soir. Hier, il a qualifié l'annulation du rassemblement de « mesure fasciste ». Le ministre allemand de la Justice Heiko Maas a écrit une lettre à M. Bozdag dans laquelle il déplore l'annulation de leur entretien. Les autorités turques ont également convoqué jeudi soir l'ambassadeur d'Allemagne à Ankara pour protester contre l'annulation des rassemblements. Signe toutefois d'une volonté apparente de maintenir ouverts les canaux de communication, les ministres turc et allemand des Affaires étrangères ont convenu lors d'un entretien téléphonique de se rencontrer mercredi prochain, a indiqué un haut responsable turc hier.
Avant chaque scrutin majeur en Turquie, les différents partis font campagne auprès de l'importante communauté turque d'Allemagne. Le mois dernier, le Premier ministre turc Binali Yildirim s'était ainsi exprimé lors d'un meeting à Oberhausen (ouest de l'Allemagne) devant des milliers de sympathisants du pouvoir turc. Le gouvernement allemand avait été vivement critiqué par l'opposition pour avoir accepté la tenue de ce meeting favorable au renforcement des pouvoirs de M. Erdogan, accusé par ses détracteurs de dérive autoritaire, notamment depuis le putsch avorté.
Les turbulences entre Berlin et Ankara avaient viré à l'orage après l'incarcération mardi du journaliste germano-turc en Turquie, Deniz Yücel, une mesure critiquée par Mme Merkel. Le président Erdogan a accusé hier l'Allemagne d'« héberger des terroristes » et affirmé que le journaliste germano-turc incarcéré en Turquie était un séparatiste kurde doublé d'un « agent allemand ». Ankara accuse régulièrement les autorités allemandes d'héberger des « terroristes », une expression désignant notamment des membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et des putschistes présumés.
Malgré des altercations récurrentes ces derniers mois – notamment sur la liberté d'expression –, ces deux piliers de l'OTAN aux liens historiques sont des partenaires incontournables. Berlin et Ankara ont ainsi directement négocié un pacte migratoire UE-Turquie qui a permis d'assécher le flux de passages clandestins vers l'Europe. Le regain de tension survient à l'approche de l'anniversaire de la signature de cet accord, le 18 mars 2016.

(Source : AFP)

Ankara et Berlin ont échangé hier sur un ton acrimonieux des accusations d'atteintes à la liberté d'expression, après l'annulation de rassemblements en Allemagne en soutien au président Recep Tayyip Erdogan, au grand dam de la Turquie.« Ils ne veulent pas que les Turcs fassent campagne ici, ils œuvrent pour le non », a accusé hier le chef de la diplomatie turque Mevlüt...

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