« La gestion intégrée des frontières consiste en la coordination et la coopération nationales et internationales entre toutes les autorités et les agences impliquées dans la sécurité des frontières et la facilitation du commerce. » C'est ainsi que le Centre international pour le développement des politiques migratoires (CIPDM), dont l'objectif est d'assurer des frontières simples à traverser mais bien contrôlées et sécurisées, définit la gestion des frontières.
Pour le quatrième anniversaire du lancement du projet « International Border Management » (IBM) au Liban, le CIPDM a organisé hier une cérémonie au Bain militaire de Manara en présence d'une délégation du siège à Vienne présidée par Martijn Pluim, directeur du département de l'Est et responsable du dialogue sur la migration et de la coopération au sein du CIPDM.
Dans un contexte de crise migratoire et d'attaques terroristes, tous les pays du monde se trouvent de plus en plus concernés par la gestion de leurs frontières. Le Liban ne fait pas exception.
Pour M. Pluim, « le projet IBM-Liban est un exemple solide de la coopération durable entre des organisations ayant le même objectif, celui de défendre la résilience du Liban afin de résister aux chocs et aux pressions auxquels il est constamment soumis ».
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Dans son discours, M. Pluim a énuméré les différents impacts du projet : « Le projet a fourni la plate-forme nécessaire pour que les différents organismes puissent collaborer, le Comité de contrôle des frontières a été grandement soutenu par IBM-Liban, permettant à l'armée libanaise de jouer un rôle de coordination entre les différents acteurs, les formations avancées ont fourni à tous les organismes les capacités nécessaires pour profiter à fond de leur potentiel en tant qu'entités chargées de la protection du Liban, et le soutien infrastructurel fondamental fourni par IBM-Liban a contribué à élargir le champ d'action de tous les organismes en question. »
Le lieutenant-colonel Marwan Timani, représentant l'armée libanaise, s'est attardé dans son discours sur les projets de l'IBM au Liban. « Nous avons élaboré une stratégie nationale pour les frontières qui a été soumise aux autorités concernées, un plan de travail détaillé pour la bonne gestion des frontières ainsi qu'un plan pour les situations urgentes prêt à être suivi en cas de besoin », a-t-il expliqué. « Nous comptons, dans un futur proche, étendre la sphère d'action de l'IBM afin qu'il n'exclue plus les frontières maritimes et, pourquoi pas, aériennes aussi », a-t-il ajouté.
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À quels défis sont confrontées les frontières libanaises ?
« Le plus grand défi est certes la situation actuelle en Syrie pour laquelle aucune solution n'est envisagée pour le moment », a souligné M. Pluim dans un entretien accordé à L'Orient-Le Jour. « Le Liban est le pays le plus affecté par ce conflit avec environ un million et demi de réfugiés syriens, et la pression qui en résulte », a-t-il ajouté.
Mis à part l'afflux des réfugiés dans le pays, pour M. Pluim, « le mouvement d'aller et de retour de personnes impliquées dans la guerre en Syrie constitue un défi aussi important que le dossier des réfugiés ». En ce qui concerne la migration illégale depuis les frontières libanaises, « elle est de moins en moins forte ces derniers temps », affirme-t-il.
À l'instar des défis, les solutions sont également étroitement liées au conflit syrien. M. Pluim assure que « d'autres pays, notamment européens, devraient partager ce lourd fardeau avec le Liban et les Libanais ». Quant à la création de zones sûres en Syrie, M. Pluim estime qu'il est de loin plus facile d'évoquer cette solution en théorie que de la rendre concrète. « Comment garantir la sécurité d'une zone ? Qui ou quel organisme sera en charge de maintenir cette sécurité ? » s'interroge-t-il. « Plusieurs exemples de zones sûres, notamment en Afrique, se sont avérés être une vraie catastrophe », ajoute-t-il.
« Entre-temps, le projet IBM-Liban continue à faire preuve d'une grande efficacité vu l'engagement du CIPDM d'une part et des autorités libanaises d'autre part », a conclu M. Pluim.
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commentaires (2)
La gestion de la frontière relève du compromis et se tient au cœur de la responsabilité politique, affaire d'Etat, comment IBM peut-il en être chargé?
Beauchard Jacques
13 h 02, le 24 février 2017