L'heure est à l'équilibre des rapports de force dans la région plutôt qu'à une véritable confrontation, malgré les menaces proférées récemment par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, à l'encontre d'Israël. Mais c'est ce même Hassan Nasrallah qui a repris ses attaques verbales aussi contre l'Arabie saoudite, alors que le président de la République, Michel Aoun, s'était engagé à y mettre un terme lors de sa récente visite à Riyad.
Ce développement a naturellement déclenché l'ire du royaume wahhabite. Le vice-prince héritier, Mohammad ben Salmane, a réagi en s'entretenant par téléphone dimanche dernier avec le Premier ministre libanais, Saad Hariri, mais les sources de la Maison du Centre ont pris soin de rester muettes sur la teneur de la conversation entre les deux hommes et se sont contentées de renvoyer les médias au contenu du communiqué publié à cette occasion par le ministère saoudien des Affaires étrangères. Il convient de souligner dans ce cadre que ce texte était le premier du genre depuis la nomination de M. Hariri à la tête du gouvernement.
De source diplomatique, on apprend que Mohammad ben Salmane aurait exprimé sa colère face aux critiques lancées par le secrétaire général du Hezbollah à l'encontre du royaume, surtout après l'engagement pris par Michel Aoun de mettre un terme à ces envolées. Le président Aoun avait également fait lui-même une déclaration la semaine dernière qui n'entrait pas non plus dans le cadre du nouveau pacte conclu récemment avec Riyad, à savoir la reconnaissance du Hezbollah comme élément complémentaire de la puissance de feu de l'armée libanaise. À l'heure qu'il est, rien n'a encore filtré sur les conséquences de ces propos, et la source précitée ne précise pas non plus si les accords passés avec l'Arabie lors de la visite de M. Aoun à Riyad sont désormais suspendus jusqu'à nouvel ordre.
Quoi qu'il en soit, les récents propos de Hassan Nasrallah – notamment concernant l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis – ont bel et bien déstabilisé les relations libano-saoudiennes tout en embarrassant au passage Michel Aoun. L'engagement de ce dernier à intervenir pour obtenir l'arrêt de ce genre d'attaques médiatiques est désormais caduc.
Quant aux causes de ces attaques verbales renouvelées, elles sont principalement à mettre en lien, une fois de plus, avec l'appui apporté par les Saoudiens à l'opposition syrienne sur le triple plan politique, militaire et financier, dans sa lutte contre le régime de Bachar el-Assad, mais également au Yémen où Riyad soutient le régime contre les rebelles houthis appuyés par l'Iran.
Il faut également rappeler la qualification par l'Arabie du Hezbollah comme groupe terroriste.
(Pour mémoire : Les propos de Aoun et Nasrallah alimentent les réactions politiques)
Les conséquences de cette animosité ont coûté cher à Beyrouth puisque, en plus de l'interdiction de voyager édictée par l'Arabie à ses ressortissants, de nombreux Saoudiens ont purement et simplement retiré leurs investissements préalablement effectués au Liban.
De plus, la représentation diplomatique saoudienne est toujours à son seuil minimal puisque Riyad n'est aujourd'hui représenté à Beyrouth que par un simple chargé d'affaires.
Dans ce contexte, une source informée a affirmé à L'Orient-Le Jour que des contacts tous azimuts ont lieu actuellement pour tenter de minimiser l'impact de cette nouvelle envolée verbale de Hassan Nasrallah, dans l'espoir de préserver les accords passés entre le président Aoun et Riyad. Le chef de l'État avait, rappelons-le, délibérément choisi de débuter sa tournée arabe en Arabie saoudite. Cependant, deux développements primordiaux semblent désormais en suspens : d'une part, la récente promesse faite par l'émissaire saoudien Thamer Sabhan d'élever la représentation de son pays au niveau d'ambassadeur et, d'autre part, la visite que devait effectuer le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, à Riyad afin de débattre du dossier de l'aide militaire censée être allouée à l'armée libanaise.
Une source proche de Baabda a confié à cet égard que le Hezbollah a quelque peu coupé l'herbe sous les pieds de Michel Aoun en ne lui rendant pas la pareille après les propos favorables à l'arsenal du parti chiite qu'il avait prononcés lors de son dernier entretien à la chaîne égyptienne CBS.
Pour mémoire
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commentaires (4)
je suis avec le hezb quand il parle du liban, mais contre quand il agit sous les ordres des iraniens
Bery tus
23 h 26, le 22 février 2017