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Moyen Orient et Monde - Entretien express / Irak

« Nous apprenons régulièrement que des personnes meurent de malnutrition » à Mossoul-Ouest

Belkis Wille, chercheuse à Human Rights Watch, répond aux questions de « L'Orient-Le Jour », quelques heures après le début de l'offensive lancée par les forces irakiennes pour reprendre Mossoul-Ouest.

Un nouveau camp de réfugiés à Hamman Ali, au sud de Mossoul, hier. Zohra Bensemra/Reuters

Soldats et policiers irakiens poursuivent la bataille contre les extrémistes du groupe jihadiste État islamique dans la partie ouest de Mossoul, en Irak. La coalition internationale dirigée par les États-Unis appuie l'offensive en menant des raids aériens sur le dernier grand fief de Daech dans le pays. Les menaces ne pèsent pas uniquement sur l'organisation extrémiste, mais aussi sur les civils, pris au piège depuis des semaines. Les organisations humanitaires présentes en Irak s'inquiètent du sort réservé aux civils restés dans l'ouest de Mossoul, notamment aux 350 000 enfants présents sur place, rapportait hier l'AFP. Au total, ce sont 750 000 civils contraints d'attendre que les combats cessent pour espérer recevoir des vivres de l'extérieur. La malnutrition est devenue un fléau et seul un cessez-le-feu permettra aux acteurs humanitaires d'intervenir au plus près des civils.

Plusieurs ONG internationales sont présentes pour aider les populations, y compris près de Mossoul. Les forces irakiennes aident-elles les civils à fuir les violences ?

Quand les opérations ont commencé à Mossoul-Est, le Premier ministre irakien, Haider el-Abadi, a appelé les civils à rester chez eux et à ne pas fuir. En plus de poursuivre les combats, les forces irakiennes n'avaient pas la capacité de sécuriser les routes pour permettre aux citoyens de quitter la ville prudemment. Cela a permis de ne pas alourdir la charge dans les camps de déplacés. Le gouvernement a aussi demandé aux civils de poser un drapeau blanc devant leurs maisons, s'assurant qu'il s'agit bien de civils et non pas de combattants. À Mossoul-Est, le nombre de personnes fuyant les combats a donc été plutôt faible, en comparaison avec ce à quoi les acteurs humanitaires s'attendaient. J'espère que l'on va observer la même chose à Mossoul-Ouest, que la majorité des résidents de ce secteur restera chez elle et ne fuira pas.

(Lire aussi : À Mossoul, l'EI troue des maisons et fait payer les habitants)

 

Quels moyens ont les organisations humanitaires pour faire face aux nouveaux besoins de la population de Mossoul ?

Jusqu'ici, la communauté humanitaire a pu fournir avec succès des services à la population en fuite et celle arrivée dans les camps. Porter assistance aux civils restés dans la ville a été un véritable défi, notamment à cause du manque de sécurité. Quand Mossoul-Est était annoncée libérée ou reprise, la sécurité de la communauté humanitaire entrant dans Mossoul pour distribuer en urgence médicaments, nourriture et eau, était préoccupante. Les ONG ont aussi apporté leur soutien à la population encore active en ville afin de redresser l'économie le plus rapidement possible. Entrer dans la ville par Mossoul-Ouest représente un défi encore plus important, les acteurs humanitaires étant basés plus loin. Le manque de sécurité va rendre difficile l'aide apportée aux civils restés dans la ville.

En cas de siège de Mossoul-Ouest par l'armée irakienne, faut-il s'attendre à de nombreuses pertes civiles, comme lors de la bataille de Mossoul-Est ?

En réalité, il y a déjà un état de siège. L'ouest de la ville est encerclé. Il y a les Unités de mobilisation populaire à l'ouest, ne laissant aucun bien entrer ou sortir; la police fédérale au sud ; les forces kurdes irakiennes à l'est. Nous apprenons régulièrement que des personnes meurent de malnutrition à cause du manque d'accès à l'eau potable, de la pénurie de combustibles nécessaires pour se nourrir et faire fonctionner les générateurs. Tout cela rend la population de Mossoul-Ouest vulnérable. La véritable question est à quelle vitesse les opérations vont-elles se dérouler et à quelle vitesse allons-nous voir les villages de l'ouest repris un à un. Quand cela arrivera, les civils pourront bénéficier à nouveau de la distribution de nourriture à l'intérieur de la ville.

 

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