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Liban - Patrimoine

Des travaux à l’origine de l’effondrement de l’immeuble de la rue Sélim Bustros ?

Le bâtiment avait été rajouté par le ministère de la Culture en août dernier à la liste du patrimoine architectural à conserver.

L’immeuble partiellement effondré. Photo ANI

Lundi dernier, une partie de l'immeuble de la rue Sélim Bustros, en plein cœur d'Achrafieh, s'effondrait. Aujourd'hui, pour Oussama Kallab, architecte restauratrice rattachée à la Direction générale des antiquités (DGA), les choses sont claires : ce sont les travaux effectués dans ce local, jadis occupé par le glacier Wardé, cédé récemment à un nouveau locataire, qui ont provoqué la catastrophe: à savoir l'écroulement d'une bonne partie des trois étages de cette construction, appartenant à Fadi Hachem. Logeant au deuxième étage, celui-ci s'est retrouvé avec son lit sur la chaussée. Et sa tante est tombée de la même hauteur. Transportée à l'hôpital, elle n'a pas perdu pour autant son humour, déclarant qu'elle n'avait « jamais descendu les escaliers aussi vite ! »

Dressée sur le bien-fonds 726, cette bâtisse de la fin du XIXe-début XXe affiche ses baies à triple arcade face au jardin Saint-Nicolas à Achrafieh. Elle fait partie d'un tissu architectural à caractère historique, formé par les rues Sélim Bustros et Chucri el-Asli. Oussama Kallab connaît pierre par pierre le bâtiment. Elle rapporte que l'espace intérieur de chaque étage s'articule autour d'un hall central et de deux liwan. Que les plafonds sont en charpente et que certains murs agrémentés de motifs décoratifs sont peints. Il y a même au dernier étage une pièce habillée de boiserie.

Suite au décret 107/2016, le bien-fonds avait été rajouté par le ministère de la Culture en août dernier à la liste des bâtiments à conserver, rappelle l'architecte, affirmant d'emblée que malgré tous les dommages subis, particulièrement la chute des plafonds, au niveau du hall central, « il est possible de le reconstruire à l'identique ». Pour Ziad Chbib, mohafez de Beyrouth, il faut « attendre le rapport des experts pour déterminer les raisons exactes de cet effondrement et décider si techniquement les dégâts sont réparables ». À condition que le propriétaire ait les moyens (financiers) d'entreprendre la restauration.

Si la bâtisse ne comporte pas d'élément décoratif hors du commun, elle présente néanmoins un intérêt certain car elle est étroitement imbriquée dans l'histoire architecturale de la ville. Une histoire qu'on n'arrive plus à retracer qu'à travers les œuvres des orientalistes, les photographies de Fouad Debbas et les documents des historiens.
Toutefois, vu les dommages étalés sur trois niveaux, il y a fort à parier que même s'il existe une volonté de conserver ce patrimoine, elle n'aboutira qu'à la fabrication d'un immeuble artificiellement historicisé ! L'original est à jamais perdu. Sa reconstruction est chimérique.

 

Les occasions manquées...
Malgré les cris d'alarme lancés par les médias et la société civile depuis 1995, Beyrouth subit une opération de table rase de son histoire architecturale. Il ne reste plus grand-chose ou presque rien des maisons recensées et classées par le ministère de la Culture (leur chiffre se réduit comme peau de chagrin). Le patrimoine hérité de nos aïeux a été volontairement démoli pour faire place nette à une nouvelle ville. Tragique massacre de la mémoire qui illustre l'insouciance et la désinvolture féroces avec laquelle les parlementaires (ironiquement nos élus) ont traité cet héritage, au fil des ans. Aucun projet de loi (au nombre de sept), présenté par le ministère de la Culture pour régler le problème, n'a jamais été voté. Aucune mesure d'urgence proposée par des commissions de spécialistes – comme l'exemption fiscale sur le droit d'héritage ; une exonération de l'impôt sur le revenu pour les propriétaires de bâtisses protégées ou encore la création d'un « fonds » dédié à la conservation du patrimoine architectural – n'a été adoptée.

En bref, aucune décision n'a été prise pour encourager les propriétaires à revaloriser leur vieilles demeures. Et à long terme, les différentes notes administratives issues du ministère, du mohafez ou du conseil municipal ne pourront pas sauver ces biens, qui manquent d'entretien, se dégradent et se gorgent d'humidité. Elles ne seront que des cautères sur une jambe de bois.

 

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commentaires (1)

Un crime commis par l'etat de ne pas avoir voulu et su preserver le patrimoine Libanais qui appartient au Liban ...Il faut des lois qui sauvent les propriaitaires actuels et qui leur donnent le pouvoir et la possibilite de garder intact ce patrimoine , loin de la gourmandise monstrueuse des criminels du batiment !!!

Aoun Imad

19 h 49, le 18 février 2017

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Commentaires (1)

  • Un crime commis par l'etat de ne pas avoir voulu et su preserver le patrimoine Libanais qui appartient au Liban ...Il faut des lois qui sauvent les propriaitaires actuels et qui leur donnent le pouvoir et la possibilite de garder intact ce patrimoine , loin de la gourmandise monstrueuse des criminels du batiment !!!

    Aoun Imad

    19 h 49, le 18 février 2017

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