En septembre dernier, donc bien avant l'élection présidentielle, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait cru avoir trouvé son sosie politique en rencontrant le candidat républicain Donald Trump. Le point fort de la rencontre entre les deux dirigeants aurait dû être des discussions sur l'annulation de l'accord nucléaire avec l'Iran, notamment en présence du général Michael Flynn, un farouche opposant à cet accord, mais qui vient de démissionner de son poste de directeur du Conseil de sécurité nationale pour avoir menti au président américain et à son vice-président sur ses contacts secrets avec la Russie. Avec un allié de moins dans la nouvelle administration, qui aurait pu nourrir ses visées anti-iraniennes, M. Netanyahu s'est ainsi retrouvé en terrain moins conquis qu'il ne le pensait. Pour l'ancien négociateur Denis Ross, « les Israéliens savent bien que Trump ne va pas déchirer, comme il l'a dit durant sa campagne électorale, l'accord avec l'Iran ». Qui, à ses dires aussi, est un « accord terrible ».
Toujours est-il qu'hier, le président Trump et le Premier ministre Netanyahu ont officiellement inauguré un partenariat scellé par une rencontre à la Maison-Blanche, qu'ils voudraient mener plus loin que leurs origines communes new-yorkaises. Rappelons que Bibi, né à Big Apple, avait dû se désister de sa nationalité américaine, la loi israélienne ne permettant pas aux responsables politiques d'avoir une double nationalité.
En outre, selon le porte-parole de la Maison-Blanche, Sean Spicer, « le président a été clair qu'il va œuvrer pour un accord mettant fin au conflit israélo-palestinien ». À ce sujet, le très crédible journal électronique Politico a publié un long article signé Aaron Miller, le vétéran négociateur de la paix israélo-palestinienne, portant le titre suivant : « Pourquoi la Trump love affair avec Netanyahu ne durera pas. » Et, il prédit : « Ces deux hommes sont destinés à s'affronter, pariez là-dessus. »
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Le P-O, deal par excellence pour Trump
D'autre part, le gendre du président Trump, Jared Kushner, nommée conseiller pour le conflit du Moyen-Orient, s'est beaucoup occupé de la visite du Premier ministre israélien, établissant des contacts avec les ambassadeurs arabes et les représentants des organismes arabo-américains et américano-juifs. Quoique les chances de Kushner de réussir le rapprochement entre les deux parties ne sont pas claires, son beau-père se considère malgré tout « un maître des grands deals », et il voit le conflit du Moyen-Orient comme « le deal par excellence ».
Également à l'agenda de M. Netanyahu, changer l'atmosphère d'animosité qui avait régné entre Israël et l'administration Obama. Malgré que Donald Trump ait promis que sous son leadership, l'alliance États-Unis-Israël serait différente, Benjamin Netanyahu, selon un analyste, « a besoin que ces promesses se traduisent en réels engagements ». Car le président Trump a modifié la position qu'il avait prise durant sa campagne, manifestant un appui sans condition à l'État hébreu. Aujourd'hui, il écoute des voix qui pèsent dans son administration, telle que celle du ministre de la Défense James Mattis, mettant en garde contre l'extension des colonies qui sont un danger pour l'État palestinien. L'actuel secrétaire d'État, Rex Tillerson, fait aussi preuve de prudence en endossant la solution des deux États. À noter en outre que le directeur de la CIA, Mike Pompeo, est en visite actuellement dans les territoires palestiniens.
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La grande presse américaine le constate, et le New York Times estime que le pilier stratégique entre les États-Unis et Israël est « modeste » et qu'il avait « ses racines dans la guerre froide, quand Israël faisait le contrepoids face aux projets communs entre les Soviétiques et les nationalistes arabes ».
Considérant la personnalité abrupte et cavalière du président Trump, nous explique un observateur de longue date de l'approche américaine du processus de paix israélo-palestinien, « Benjamin Netanyahu ne peut pas se permettre de faire de leçon à l'actuel président ». Pour l'avoir faite auparavant à Clinton alors en poste, il avait essuyé cette réponse : « Qui est la f... superpuissance ici ? » Mis dans la même situation, le président Obama a été glacial : il avait annulé, à chaque rencontre avec M. Netanyahu, la photo officielle de poignée de main.
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13 h 45, le 16 février 2017