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À la bonne vôtre !

Les promesses, c'est un peu comme les nouvelles : bonnes ou mauvaises, elles n'arrivent jamais seules. Après des années de panne totale, voici donc que l'on nous fait miroiter ce beau doublé gouvernemental pour la fin février : un projet de loi électorale flanqué d'un avant-projet de budget.


Après adoption par la Chambre, le premier devrait permettre la tenue, au printemps, d'élections législatives, les premières depuis l'an de grâce 2009. Pour éluder les échéances constitutionnelles, on a invoqué tantôt l'état précaire de la sécurité et tantôt l'incapacité des forces politiques à s'entendre sur une loi électorale moderne, l'actuelle remontant à 1960. Et pour parer à tout vide du pouvoir législatif, la légendaire ingéniosité des Libanais a accouché de cette énorme hérésie par laquelle l'Assemblée s'est elle-même octroyé, par deux fois, une rallonge de deux années sur son mandat.


Par quelle opération du Saint-Esprit une entente sur la question serait-elle soudain à portée de main? Et au plus fort de la polémique entre partisans de la proportionnelle et du scrutin majoritaire, pourquoi ce qui était impossible durant tout ce temps perdu serait-il désormais envisageable ? Il faudra bien qu'on condescende à nous le dire un jour. Encore plus extravagant cependant est le cas de ce budget étatique qui a joué les filles de l'air durant près d'une décennie et demie, et qui serait sur le point de reprendre vie.


Là aussi, le système D libanais a fait des miracles : les divers gouvernements qui se sont succédé depuis 2005 (date à laquelle était voté le bilan arrêté de 2003) ont tous usé d'artifices comptables et juridiques. Le plus bénin de ceux-ci était le recours systématique au douzième provisoire de l'année précédente pour les dépenses de l'exercice en cours. Considérablement moins bénins sont les autres trucs mis en œuvre. Des crédits supplémentaires pour le compte de certains ministères ont été ainsi votés par l'Assemblée sans toutefois que soit toujours précisée l'affectation de ces montants; des inscriptions ont été faites sans aucun support légal valable ; intraçables néanmoins sont ces irrégularités, les documents y afférents ayant en effet été égarés ou, plus vraisemblablement, détruits.


C'est dire qu'on se résigne à tourner la page sur ce passé peu reluisant. À aucun moment on ne songe, bien évidemment, à couper court à la corruption et au gaspillage, ne serait-ce qu'en dégraissant quelque peu ces administrations publiques qui regorgent de fonctionnaires souvent fainéants ou vénaux, eux aussi. En revanche, on va se payer sur la bête, cet infortuné citoyen tout juste bon à racketter, et qui écopera, selon toute probabilité, d'une hausse de la TVA et de diverses autres taxes. Celle – de l'ordre de 500 % – frappant les vins et spiritueux importés ne ravira que les municipalités inféodées aux partis religieux et qui ont déjà décrété, en toute illégalité, un interdit sur l'alcool. Apparemment grisés par la perspective de toutes ces rentrées fraîches, les responsables ne se rendent pas compte que le secteur du tourisme, cette traditionnelle poule aux œufs d'or déjà bien mal en point, sera le premier à pâtir de cette mesure qui équivaut, pour l'État, à se tirer une balle dans le pied. Le citoyen, lui, n'aura d'autre ressource que de payer plus cher le verre qui lui fera oublier un peu la médiocrité ambiante.
Le coup de l'étrillé, en quelque sorte...

Issa GORAIEB
igor@lorientlejour.com

Les promesses, c'est un peu comme les nouvelles : bonnes ou mauvaises, elles n'arrivent jamais seules. Après des années de panne totale, voici donc que l'on nous fait miroiter ce beau doublé gouvernemental pour la fin février : un projet de loi électorale flanqué d'un avant-projet de budget.
Après adoption par la Chambre, le premier devrait permettre la tenue, au printemps, d'élections...