Fattouche accuse la municipalité de Aïn Dara de « semer le chaos »

Le bureau de communication de Pierre Fattouche, promoteur du projet de la mégacimenterie qui l'oppose à la municipalité et aux notables de Aïn Dara (Aley), a envoyé une réponse à notre article paru dans L'Orient-Le Jour du 8 février, intitulé « Aïn Dara : Chehayeb demande que le conflit soit soulevé en Conseil des ministres ». Le texte accuse « ceux qui ont des objectifs douteux de disséminer des informations fausses sur le grand projet de développement que M. Fattouche a commencé à bâtir dans le jurd de Aïn Dara-Dahr el-Baïdar, qui créera des milliers d'emplois et qui a obtenu les permis légaux nécessaires et l'approbation des ministères concernés ».
Le texte dément formellement que l'usine ait été à la base prévue à Zahlé, et que le refus du chef-lieu de la Békaa l'ait déplacée vers Aïn Dara. « À Zahlé, nous devions installer des bureaux administratifs et des dépôts sur un terrain qui ne dépasse pas les 20 000 mètres carrés, alors que l'usine de ciment sera située sur un terrain de non moins de trois millions de mètres carrés qui se trouve dans le jurd de Aïn Dara-Dahr el-Baïdar », affirme le texte.
Pour ce qui est du permis de construire devant être fourni par le conseil municipal (NDLR : et qui ne l'a pas encore été), le texte assure que « tous les documents ont été réunis et les frais payés ». M. Fattouche se dit « étonné » que le président du conseil municipal de Aïn Dara, Fouad Haydamous, veuille recourir aux institutions « alors que sa bande est soutenue par les miliciens de Walid Joumblatt », l'accusant de « semer le chaos et de provoquer des confrontations aux conséquences imprévisibles ».
Enfin, répondant aux soupçons exprimés par M. Haydamous autour de l'étude d'impact environnemental du projet, le communiqué souligne qu'elle a été effectuée « par une compagnie mondialement connue et agréée par l'État libanais ». Selon le texte, cette étude montre « qu'il n'y a pas de dégâts possibles ou potentiels sur l'environnement et la santé humaine ».

En réponse au rassemblement
Rappelons que le conseil municipal de Aïn Dara avait organisé, mardi, un rassemblement en son siège en présence du ministre de l'Énergie César Abi Khalil, du député Akram Chehayeb (Parti socialiste progressiste, PSP), du député Fadi Habr (Kataëb), ainsi que de représentants des Forces libanaises (FL), du Parti démocratique de Talal Arslane et de nombreux élus de villages environnants. Tous les discours ont exprimé une vague de solidarité envers la municipalité de Aïn Dara, contre un projet qui, selon eux, sera préjudiciable à l'environnement et à la santé.
Dans un communiqué publié hier, M. Fattouche a accusé les deux députés Akram Chehayeb et Fadi Habr de « vouloir égarer les habitants honnêtes de Aïn Dara et des villages environnants, évoquant la pollution qui résulterait de cette usine et prenant pour exemple les cimenteries de Chekka, créées il y a plus de cinquante ans, et ignorant par le fait même les dégâts causés par l'usine de Sibline, appartenant au député Walid Joumblatt (NDLR : président du PSP) dans toute la région de l'Iqlim el-Kharroub ».
Le communiqué s'adresse aux hauts responsables politiques et aux forces de l'ordre, afin qu'ils « mettent fin au chaos qui règne dans la région de Dahr el-Baïdar-Aïn Dara, car tout retard dans la construction de l'usine causera des pertes significatives pour M. Fattouche en raison de ses engagements envers des sociétés étrangères, ce qui le poussera à intenter un procès à l'État pour exiger des indemnités ».