La violence contre les arbitres, nouveau fléau dans les stades libanais

Les hommes en noir ont été à leur corps défendant les héros malheureux de la quinzième journée du championnat du Liban de première division de football dont les rencontres se sont déroulées le week-end dernier.

Sur le terrain de Mourdachiyé, l'équipe du Salam Zghorta accueillait le Club social de Tripoli (Ijtimai), dans une rencontre cruciale pour ce dernier qui occupe la dernière place au classement général provisoire et dont les chances de rester la saison prochaine parmi l'élite s'amenuisent semaine après semaine.

Son équipe menée deux à zéro après à peine une demi-heure de jeu sur des buts du Brésilien Leonardo di Oliveira et de Jean-Jacques Yammine (4e et 33e), le capitaine du club tripolitain Waël Bayyad perd le contrôle de ses nerfs à la 73e minute de jeu et s'adresse à l'arbitre en des termes injurieux, ne laissant à ce dernier d'autre alternative que de brandir un deuxième carton jaune synonyme d'expulsion, le joueur ayant déjà été averti quelques minutes plus tôt pour un geste d'antijeu.

Ni une ni deux, Bayyad s'en prend alors physiquement à l'arbitre et le roue de coups sous le regard médusé des autres joueurs et des officiels accourus, contraints de s'interposer pour éloigner l'homme en noir et forcer le capitaine de l'Ijtimai à quitter l'aire de jeu.

Réduits à dix, les Tripolitains s'inclinent finalement par trois buts à un, une défaite qui les enfonce encore un peu plus dans les profondeurs du classement. Quant au Salam, il pointe désormais à la deuxième place du classement, à trois petits points du leader, le Ahed, qui compte toutefois un match en retard.

Bayyad devrait pour sa part être sanctionné lourdement, l'homme étant un récidiviste notoire. Il s'était en effet « illustré » la saison dernière en frappant violemment le capitaine de l'équipe du Nejmeh, Abbas Atwé, avant d'être exclu par l'arbitre de la rencontre, Hadi Salamé.

Le comité de discipline et des sanctions au sein de la Fédération devrait cette fois-ci sévir à la mesure du comportement du joueur tripolitain, qui a prouvé une fois de plus que sa place n'est pas sur un terrain de football.

Lynchage à Bhamdoun
L'incident avec Waël Bayyad n'est malheureusement pas un cas isolé, loin de là, car dans le même temps, à Bhamdoun, la rencontre opposant l'équipe locale du Akhaa Ahly Aley au Nabi Chit se terminait dans le chaos total, avec l'invasion du terrain par les supporters du Akhaa.

Ces derniers, exaspérés par l'expulsion (totalement justifiée) de leur joueur brésilien Cadu, qui ne trouvait mieux que de frapper son adversaire sénégalais Baba Sereni, et par la défaite de leur équipe (1-2), descendaient sur le terrain et commençaient à pourchasser et frapper à l'aide de bâtons et de barres de fer les trois arbitres, Ali Rida, Rabih Omeyrate et Samer Badr. Touchés à la tête, les trois hommes manquaient d'être proprement lynchés sans l'intervention des forces de l'ordre et du député Akram Chehayeb, présent dans les tribunes, ce qui a permis au trio arbitral de se mettre à l'abri dans leurs vestiaires.

Mais le calvaire des arbitres ne s'arrêtait pas là : leur voiture était prise en chasse dès leur départ du stade par des supporters qui ont tenté par tous les moyens de les forcer à s'arrêter. Par chance, ils ont pu rejoindre l'autoroute après avoir franchi Bhamdoun et Aley sains et saufs....

C'est la deuxième fois que les supporters hooligans du club du Akhaa commettent des actes de vandalisme, quelques semaines à peine après une première alerte survenue à la fin de la phase aller du championnat, pendant la rencontre face à Ansar.

Les sanctions de la Fédération, ainsi que la suspension du terrain d'Akhaa, n'y faisaient rien, le club du Salam de Zghorta se faisant fort de braver l'interdiction et de se déplacer à Bhamdoun pour y disputer son match contre le club hôte, malgré l'avis défavorable de la FLF, une attitude jugée désinvolte et pleine de mépris envers cette instance dont certains membres ont d'ailleurs immédiatement présenté leur démission en signe de protestation.

Le mal est donc profond, et la Fédération ne peut plus jouer à celui qui ne veut pas voir et savoir... Les sanctions devraient pleuvoir, des têtes tomber, des terrains être suspendus et des supporters poursuivis en justice. C'est seulement à ce prix-là que le championnat national pourra éviter de sombrer dans la violence qui, après s'être généralisée et malheureusement banalisée dans les tribunes entre supporters, s'est maintenant déplacée sur le terrain, même contre les arbitres (et en attendant le tour des joueurs).

Ansar continue sa dégringolade
Côté résultats, le Ahed garde toujours la tête du classement général, bien qu'il n'ait pas joué ce week-end en raison d'un déplacement à Mascate, la capitale omanaise, où il doit disputer le match retour contre la formation de Fanja pour le compte du troisième et dernier round préliminaire de la Coupe du monde des clubs arabes. Le Ahed s'était imposé 2-1 au Liban au match aller et pourrait se contenter d'un match nul ou même d'une défaite avec un but d'écart mais en marquant au minium deux buts, pour atteindre la phase de poules de cette compétition.

Enfin, Ansar n'en finit plus de sombrer... Le club détenteur du record des titres en championnat a concédé un piètre match nul et vierge contre le Chabab el-Sahel. Les Verts, qui ont ramené un seul point sur les neuf possibles lors de leurs trois derniers matches, rétrogradent désormais à la cinquième place du classement général provisoire et sont même sous la menace du Nabi Chit, qui ne compte plus que trois points de retard.
Au vu de ces résultats catastrophiques, le président du club, Nabil Badr, n'avait d'autre alternative que de se séparer de son entraîneur serbe Zoran Besic et nommer manu militari à sa place sur le banc de l'équipe un tandem formé de deux anciens du club, Sami Choum comme entraîneur principal, avec pour adjoint Bilal Zaghloul, ce dernier ayant obtenu d'excellents résultats avec l'équipe juniors ; en espérant que ce changement produise un électrochoc positif dès vendredi et l'accueil du Tadamon Tyr au stade municipal de Beyrouth pour le compte de la seizième journée.