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Liban - Conseil supérieur chiite

Ibrahim Chamseddine : Le tandem Amal-Hezbollah ne veut pas d’un centre de décision qui ne lui soit pas relié

Tollé dans les milieux chiites démocrates après un projet de loi présenté au Parlement visant à proroger de trois ans les mandats des comités exécutif et législatif du CSC.

Ibrahim Chamseddine.

Tout a commencé le 17 janvier, lorsque les députés Ali Bazzi (Amal) et Hassan Fadlallah (Hezbollah) ont présenté au Parlement une proposition de loi visant à proroger de trois ans le mandat des comités exécutif et législatif du Conseil supérieur chiite. Ces comités, qui sont normalement élus tous les six ans et qui élisent à leur tour le président et vice-président du CSC, selon le règlement intérieur de l'institution, ne l'ont pas été depuis 1975. Le CSC étant un organisme dépendant de l'État libanais, il a donc été possible aux députés Bazzi et Fadlallah de présenter leur demande de prorogation au Parlement.

Une situation qui a poussé plusieurs intellectuels chiites démocrates à se réunir mercredi dernier à l'hôtel Gefinor, à Beyrouth, pour demander la tenue d'élections au CSC et exprimer leur refus de toute prorogation. Parmi les participants à la réunion, l'ancien ministre Ibrahim Chamseddine, ainsi que l'ancien député Salah Haraké et le fils de l'ancien député Hassan Yaacoub, les membres du Renouveau démocratique, Harès Sleimane Malek Mroué et Mona Fayad, l'activiste Lokman Slim, un représentant de l'uléma Mohammad Hassan el-Amine, ainsi que le journaliste Ali el-Amine.

Le collectif réuni au Gefinor a relevé dans un communiqué de presse le caractère anticonstitutionnel du projet de loi, « étant donné qu'aucune situation exceptionnelle n'empêche la tenue d'élections au sein de cette institution ». Il a même adressé une lettre au président de la République, Michel Aoun, en sa qualité de « garant de la Constitution », lui demandant de « raviver la vie démocratique au sein du CSC ». Le collectif a également demandé à M. Aoun de lui accorder audience mais n'a pas reçu de réponse pour l'instant.

 

« Comment prônent-ils la proportionnelle... »
Cette prorogation peut être considérée comme la goutte d'eau qui a fait déborder le vase pour ces intellectuels qui dénoncent depuis un moment nombre de dysfonctionnements dont, dernièrement, la mainmise du tandem chiite Amal-Hezbollah, par le biais du CSC, sur les propriétés privées où il y a des cimetières ou des lieux à caractère religieux.

Ibrahim Chamseddine, dont le père, le cheikh Mohammad Mehdi Chamseddine, présidait le CSC à sa mort en 2001, dénonce le fait que le Conseil n'est plus un organisme impartial mais partisan lié à Amal et au Hezbollah. « Nous avons déjà assez de partis politiques », lance-t-il, interrogé par L'Orient-Le Jour. M. Chamseddine explique que les personnes qui sont appelées à élire les 12 membres du comité exécutif sont autour de 30 000 et sont des hauts fonctionnaires, des religieux et issus de professions libérales. Le comité législatif, qui compte aussi 12 personnes, est quant à lui élu par des membres du clergé. Les deux comités élisent ensuite le président et le vice-président.

« Ils ont peur des élites et ne veulent pas qu'il y ait un centre de décision qui ne soit pas relié à leurs partis, affirme M. Chamseddine, faisant allusion au tandem chiite. Avant, le Conseil exprimait la position de la communauté chiite, loin des partis politiques ». « Nous ne nous détournerons pas du CSC ni ne le laisserons aux mains des autres », ajoute-t-il.

Le journaliste Moustapha Fahs confie pour sa part qu'un mouvement socioculturel initié par les intellectuels chiites est en train de se mettre en place et qu'il pourrait communiquer avec Amal et le Hezbollah si ces derniers sont assez ouverts. « Je pense que le moment viendra où les élites chiites pourront aider ces deux partis. Il se sentent très forts maintenant mais, si on regarde de près, la situation régionale n'est pas rassurante », explique M. Fahs.
Interrogé sur la possibilité d'une mise en place d'un rassemblement chiite semblable à celui de Kornet Chehwane, le journaliste Ali el-Amine confie que certains intellectuels ont évoqué le sujet, mais qu'il nécessite « une certaine dynamique ».
« Comment Amal et le Hezbollah prônent-ils l'adoption de la proportionnelle aux prochaines législatives, en mai, alors qu'ils n'autorisent même pas les élections au Conseil supérieur chiite ? » se demande pour sa part Mona Fayad. « Nous nous adressons aux parlementaires. Si la prorogation a lieu, elle sera anticonstitutionnelle. Ils seront en train de spolier les droits d'une partie des chiites au nom du peuple qu'ils représentent », conclut-elle.

 

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commentaires (4)

La liberté dexpression existe bien , malgré qu'on a tendance à dire qu'en milieu chiite point de démocratie. Cette contestation est saine et les élus Amal et Hezb résistant devraient en tenir compte et agir en conséquences, MÊME S'ILS SONT MAJORITAIRES ET PEUVENT SE TARGUER D'UNE ADHÉSION ÉCRASANTE À LEURS THÈSES.

FRIK-A-FRAK

12 h 31, le 28 janvier 2017

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Commentaires (4)

  • La liberté dexpression existe bien , malgré qu'on a tendance à dire qu'en milieu chiite point de démocratie. Cette contestation est saine et les élus Amal et Hezb résistant devraient en tenir compte et agir en conséquences, MÊME S'ILS SONT MAJORITAIRES ET PEUVENT SE TARGUER D'UNE ADHÉSION ÉCRASANTE À LEURS THÈSES.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 31, le 28 janvier 2017

  • Du même "Calibre" que le "fabuleux Renouveau Démocratique" chrétien(?), ces chïïtes(?) démocrates !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 14, le 28 janvier 2017

  • "...ils seront en train de spolier les droits d'une partie des chiites au nom du peuple qu'ils représentent..." Exactement...et merci Monsieur I. Chamseddine ainsi qu'aux intellectuels chiites démocrates qui vous appuient dans vos démarches ! Irène Saïd

    Irene Said

    11 h 13, le 28 janvier 2017

  • Tant pis pour les Chiites. Ils votent massivement hezb ou amal et font du tord au Liban dans son ensemble (electricite non payee, taxes non payees, eau non payee, milices qui font leurs lois, nepotisme, etc...) Malheureusement, les Chretiens ont fait la meme chose quand ils etaient au pouvoir...c'est tres triste

    George Khoury

    10 h 59, le 28 janvier 2017

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