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Liban - Polémique

Ibrahim Chamseddine se déchaîne contre le Conseil supérieur chiite et l’accuse d’entraver ses projets

Le CSC aurait interdit la mise sur pied d'une université prévue par la fondation qui porte le nom de l'imam Chamseddine, disparu il y a 16 ans.

Ibrahim Chamseddine sous une photo de son père, Mohammad Mehdi Chamseddine. Un combat pour perpétuer un message d’ouverture. Photo Facebook

Figure incontournable du dialogue islamo-chrétien et un des symboles du courant libaniste au sein de la communauté chiite, Mohammad Mehdi Chamsseddine, ancien président du Conseil supérieur chiite (CSC), défendait l'ancrage des chiites libanais dans le projet de l'État, loin de toute autre forme d'allégeance transnationale.
Disparu le 10 janvier 2001 des suites d'une longue maladie, l'imam Chamseddine était, pour les uns, avant-gardiste. À l'heure où les conflits à caractère confessionnel envahissent la région et poussent certains à éprouver des craintes quant à l'avenir des chrétiens d'Orient, nombreux sont ceux qui rappellent le message de l'imam Chamseddine prônant l'importance de veiller à une présence « nécessaire et efficace » des chrétiens au Liban et au Moyen-Orient.
« Il est de la responsabilité des Arabes et des musulmans d'encourager tout ce qui serait à même de permettre aux chrétiens de recouvrer leur présence complète et leur participation à la prise des décisions dans la région », écrit l'imam Chamseddine dans son ouvrage Le testament. Comme son nom l'indique, il s'agit de recommandations de l'ancien président du Conseil supérieur chiite aux Libanais, et en particulier aux chiites du Liban, émises avant son décès.
Cette pensée moderniste et libaniste prônée par l'imam Mohammad Mehdi Chamseddine, grand compagnon de chemin de l'imam Moussa Sadr disparu en Libye depuis 1978, l'a classé parmi les opposants au Hezbollah et à son projet au sein de la communauté chiite. En dépit de ce tableau, l'imam disparu depuis 16 ans a fait en sorte que sa pensée se perpétue et soit transmise aux jeunes générations en fondant une association caritative et culturelle qui vise à véhiculer son message d'ouverture et de dialogue.

Une « atteinte à l'héritage de l'imam Chamseddine »
Après son décès en 2001, c'est son fils, Ibrahim, futur ministre d'État pour le Développement administratif, qui prend la relève. En 2003, il crée et préside la « Fondation Mohammad Mehdi Chamseddine pour le dialogue », qu'il préside jusqu'à ce jour.
L'association caritative désormais dirigée par l'ancien ministre a voulu construire l'université « Modon » conformément aux critères internationaux. Or les travaux ont été gelés depuis plus d'un an. Et pour cause : Le vice-président du Conseil supérieur chiite, le cheikh Abdel Amir Kabalan, a pris une décision en vertu de laquelle il a décrété que la mosquée de l'imam al-Sadek, construite par l'imam Chamseddine et l'association caritative en 1998, et les terrains qui l'entourent (destinés à la construction de l'université) font partie du waqf du CSC. Ils relèvent donc de l'autorité de celui-ci.
Ibrahim Chamseddine a ainsi choisi la 16e commémoration de la disparition de son père pour dénoncer ce qu'il appelle « l'atteinte du Conseil supérieur chiite à l'héritage de l'imam Chamseddine, ainsi qu'aux activités de l'association visant les futures générations ».
Lors d'une conférence de presse tenue hier au siège de l'association, à Chatila, M. Chamseddine a fait savoir que le cheikh Kabalan a voulu enregistrer les terrains en question en tant que waqf, sans aucune décision judiciaire, mais par le « pouvoir de certaines milices qui obéissent à sa volonté en matière foncière ». Selon lui, « il est faux de dire que la mosquée de l'imam al-Sadek et le terrain environnant font partie du waqf chiite ». « Ce terrain occupé par l'association est une propriété de la municipalité de Beyrouth », a indiqué l'ancien ministre d'État pour le Développement administratif avant de poursuivre : « En vertu d'un accord signé en 1983, entre la fondation et le conseil municipal de la capitale, celui-ci permet à l'association caritative d'user du terrain pour des projets culturels et pédagogiques. Ce contrat est valable pour 99 ans. » « Le propriétaire de ce terrain est connu. Il n'est donc pas un waqf. Et le Conseil supérieur chiite ne peut transformer en waqf une propriété qui n'est pas la sienne », a souligné M. Chamseddine, estimant qu'« à travers son action, l'instance religieuse chiite use d'un pouvoir religieux et communautaire pour tenter d'arracher un terrain à ses propriétaires pour la simple raison que certains de ses membres, nouvellement reconnus comme dignitaires, ont décidé cela et permis à des voyous d'y mettre la main ».
Ibrahim Chamseddine a également fait savoir que l'association qu'il préside a eu recours au Conseil d'État, ainsi qu'au tribunal chérié. Il a aussi mis l'accent sur « des doutes concernant un éventuel rapport entre celui-ci et l'alliance confessionnelle au sein de la communauté chiite » (le tandem Amal-Hezbollah). « Si le Conseil d'État a rejeté notre recours sous prétexte de non-compétence, nous estimons qu'il peut étudier notre cas, comme l'affirment plusieurs avocats et juristes. Et c'est pour cette raison que nous avons demandé la réouverture du procès », a dit l'ancien ministre avant de poursuivre : « Nous ne voulons pas croire que des policiers chiites se conforment aux directives de certaines personnes hors la loi. »

Les élections... 16 ans plus tard
Ibrahim Chamseddine a même été jusqu'à critiquer le CSC pour ne pas avoir tenu des élections en son sein depuis 16 ans. « Son mandat est arrivé à expiration et il n'a plus le droit d'user de ses prérogatives. Ainsi toutes les décisions qu'il prend sont susceptibles de recours devant les autorités compétentes. »
Il n'a pas non plus manqué d'adresser un message fort au Hezbollah, auquel il s'oppose depuis longtemps : « Le parti chiite, qui a été notifié de notre activité et qui dit plaider pour édifier un État fort au Liban, ne devrait pas permettre qu'une grande partie de chiites et leur instance centrale deviennent la proie d'un leadership sectaire qui cherche à s'éterniser. »
Interrogé par L'Orient-Le Jour en marge de la conférence de presse sur d'éventuels motifs politiques qui se cacheraient derrière cette « atteinte » à la fondation de l'imam Chamseddine, l'ancien ministre a affirmé être loin du tandem Amal-Hezbollah, « même si cela pourrait bien embêter d'aucuns ».

Figure incontournable du dialogue islamo-chrétien et un des symboles du courant libaniste au sein de la communauté chiite, Mohammad Mehdi Chamsseddine, ancien président du Conseil supérieur chiite (CSC), défendait l'ancrage des chiites libanais dans le projet de l'État, loin de toute autre forme d'allégeance transnationale.Disparu le 10 janvier 2001 des suites d'une longue maladie, l'imam...

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