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Liban - FL-Marada

Riachi à Bnechii : volonté d’ouverture sur les Marada ?

La réunion à Bnechii, hier. Photo ANI

Après sa visite remarquée jeudi dans la banlieue sud, où il a déjeuné notamment avec des cadres du Hezbollah et l'ambassadeur de Syrie, le ministre de l'Information Melhem Riachi s'est rendu hier à Bnechii où il s'est entretenu avec le chef des Marada, Sleiman Frangié, en présence du conseiller de ce dernier, Tony Eid, ainsi que de l'avocat Sleiman Frangié et de Véra Yammine, membre du bureau politique des Marada.

La démarche n'a pas été sans susciter des spéculations concernant une ouverture politique éventuelle des Forces libanaises (FL) sur l'autre principale composante chrétienne du Nord. La visite s'inscrirait également, toujours selon les spéculations, dans une volonté de convaincre M. Frangié de se rendre auprès du président de la République, Michel Aoun, les FL tentant par le biais de cette démarche de briser le gel entre Baabda et Bnechii. Une autre thèse voudrait enfin qu'au-delà de toutes ces considérations, les FL se soient simplement engagées dans une politique d'ouverture à l'égard de toutes les composantes politiques en vertu d'un agenda prévoyant des échéances électorales.

À l'issue de la réunion, le ministre de l'Information a déclaré que les discussions avaient porté sur des questions relatives à l'information et au projet de conversion du ministère de tutelle en un ministère de dialogue et de communication. M. Riachi a affirmé dans ce cadre que le chef des Marada a chargé le député Estephan Doueihy de suivre ce dossier au niveau des blocs parlementaires, « en vue de convertir le ministère de l'Information en un ministère qui ressemble au Liban de 2017 ». Il a par ailleurs qualifié la réunion de « fructueuse et utile, et empreinte d'un cachet familial ».

En réponse à une question au sujet d'un éventuel rapprochement entre les FL et les Marada, et sur la possibilité d'établir un document d'entente entre les deux formations, M. Riachi a déclaré : « Il n'y a pas besoin d'un document entre nous, sachant que nous lient des rapports étroits et familiaux. Nous sommes les fils d'une même région et nos relations sont naturelles, marquées cependant par des différences de points de vue », a-t-il encore dit, évoquant l'existence de « commissions spéciales en charge de régler d'éventuels incidents ».
Au sujet d'une possible médiation des FL en leur qualité d'alliés du Courant patriotique libre auprès du chef des Marada pour l'inciter à se rendre à Baabda et d'y rencontrer le président Aoun, M. Riachi a affirmé qu'« il n'en a pas été question durant la réunion », assurant qu'« entre le président Aoun et M. Frangié, aucune médiation n'est nécessaire, puisqu'ils communiquent entre eux en temps opportun ».

 

Future présidentielle ?
Joint au téléphone par L'Orient-Le Jour pour savoir dans quelle optique la visite du ministre des FL a été préparée, le ministre des Travaux publics et des Transports, Youssef Fenianos, s'est contenté d'indiquer que M. Riachi lui avait demandé de « lui programmer un rendez-vous avec M. Frangié pour discuter – comme il le fait et le fera bientôt avec d'autres personnalités – d'une transformation de son ministère en un ministère de communication », précisant que n'ayant communiqué avec aucun des deux interlocuteurs après leur réunion, il ignore si d'autres questions y ont été évoquées.
L'Orient-Le Jour n'a pu obtenir de plus amples informations lors de son entretien téléphonique avec M. Riachi, et a essayé en vain d'entrer en contact avec l'ancien ministre de la Culture, Rony Araiji, proche du chef des Marada.

Des sources bien informées ont cependant affirmé que le déplacement de M. Riachi s'inscrirait effectivement dans le sillage d'une politique d'ouverture adoptée par les FL envers chacune des forces politiques du pays. Ces sources indiquent qu'aussitôt après l'élection de Michel Aoun à la présidence de la République, un premier pas en ce sens avait été franchi en direction du Hezbollah. À l'époque, la déclaration ministérielle avait été adoptée malgré les réserves des ministres représentant les FL – et du ministre d'État à la Planification Michel Pharaon – à l'égard de la partie consacrée à la lutte contre les empiétements d'Israël sur la souveraineté libanaise. Face à la reconnaissance « du droit des Libanais à la résistance », les opposants à cette mention estimaient que ce droit appartient exclusivement à l'État. Les FL avaient alors, en marge de la séance du gouvernement tenue pour adopter la déclaration ministérielle, appelé les ministres du Hezbollah, Mohammad Fneich et Hussein Hajj Hassan, à se réunir avec deux de leurs ministres, Melhem Riachi et Pierre Bou Assi, dans une volonté de s'asseoir et discuter ensemble, en dépit des différences qui les séparent.

C'est avec cette même perception que M. Riachi a gagné Bnechii hier, affirment les mêmes sources, faisant observer que si des commissions mixtes de sécurité ont été créées en vue de prévenir – et régler – tout incident sécuritaire à Zghorta, au Koura et dans d'autres localités de la région, où militent les partisans de chacun des deux partis, c'est bien la première fois que l'approche se situe à un niveau ministériel. Il s'agit du premier contact officiel entrepris par les Forces libanaises auprès des Marada, le lien de communication étant un ministre, qui, selon ces sources, profite d'un projet de conversion de son ministère en un ministère de dialogue pour suivre un calendrier élaboré sur base d'une volonté d'ouverture.

Dans les mêmes milieux, on affirme enfin que la démarche d'hier aura certainement un suivi, les FL ayant, dans leur agenda, la volonté de rallier également les autres forces politiques, notamment les Kataëb, le Parti national libéral et chacun des indépendants. Un ralliement en vertu duquel les FL tenteraient, dans le cadre d'un enjeu de pouvoir, d'écarter les différends malgré les différences, en vue des prochaines élections législatives... ou même de la future présidentielle.

 

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commentaires (2)

C'est pas un peu tôt pour faire campagne ? Le hezb résistant saura évaluer la nature de ces "rapprochements " sincères ou pas .

FRIK-A-FRAK

11 h 45, le 28 janvier 2017

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Commentaires (2)

  • C'est pas un peu tôt pour faire campagne ? Le hezb résistant saura évaluer la nature de ces "rapprochements " sincères ou pas .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 45, le 28 janvier 2017

  • "Un ralliement en vertu duquel les FL tenteraient, dans le cadre d'un enjeu de pouvoir, d'écarter les différends malgré les différences, en vue même de la future présidentielle." ! Pourquoi ? Est-il déjà si mal en point, à 83 ans, alors qu'il vient d'être "élu" ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    02 h 39, le 28 janvier 2017

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