Difficile de trouver plus de différences de caractère que celles existant entre la Première ministre britannique, Theresa May, fille d'un prêtre anglican, et le président Donald Trump, ancienne vedette d'un Reality Show, qui la recevra demain à la Maison-Blanche. Mais ils ont les mêmes problèmes.
Mme May a pu réaliser un scoop, en devenant la première dirigeante internationale à rencontrer le nouveau président des États-Unis. Il est en effet extrêmement important pour les grands de ce monde de venir tâter le pouls de la nouvelle administration américaine, d'autant que cette dernière suppose des changements d'orientation de poids. Ce sommet américano-britannique est donc vital pour Theresa May, qui – au-delà de la consolidation des « relations spéciales » entre Londres et Washington – a besoin de gagner un allié fort pour une Grande-Bretagne hors de l'Union européenne. Donald Trump, lui, a ainsi défini sa position, sans retour, envers le Vieux Continent : « Drop dead Europe. » Et il sera ravi d'aider la Première ministre britannique par le biais d'un deal commercial, qui lui est en principe impossible de réaliser autrement, avant que Londres ne sorte totalement de l'Union européenne.
De son côté, Mme May va défendre sa position, favorable à l'Otan que son interlocuteur, Trump, considère comme « obsolète ». À ce sujet, elle le rencontrera à mi-chemin en admettant que ses membres doivent, certes, payer une plus grande contribution, celle des États-Unis étant supérieure aux autres. Un tweet pouvant aider la politicienne vient de Nicholas Soames, député britannique conservateur et petit-fils de Winston Churchill, qui a écrit : « Trump a besoin de montrer qu'il n'est pas naïf et qu'il comprend que Poutine vise à détruire l'Alliance transatlantique et affaiblir l'UE. »
(Dossier : Russie, Merkel, Otan, Brexit : la machine à polémiques Trump se lâche sur l'Europe)
Réincarner la relation Reagan-Thatcher
Selon un analyste des relations internationales, « il est clair que la Première ministre cherche le respect de Trump après les scènes humiliantes contre la Grande-Bretagne, provoquées par les visites répétées à la Trump Tower de Nigel Farage, l'un des architectes du Brexit. Il venait de cette manière demander que le président élu requière qu'il soit nommé ambassadeur de Grande-Bretagne à Washington. Et M. Trump a fini par lui trouver un job à la chaîne de télévision ultraconservatrice, Fox News. Autre affront infligé par Trump à l'alliée privilégiée : son refus de rencontrer son ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson. Dans ce contexte, Mme May a préféré mettre en colère les pays européens en n'assistant pas, le 15 janvier, à la conférence de paix sur le Moyen-Orient, pour gagner les faveurs de Trump. Il semble que, quelle que soit sa politique, le leader de la seule superpuissance ne peut pas être ignoré. Pour ne pas paraître surestimer les avantages, ou sous-estimer les risques d'être proche de Trump, Theresa May avait envoyé, en décembre dernier, ses deux chefs de cabinet à New York pour rencontrer l'équipe de transition du président élu, en prévision de sa visite.
Le timing de cette visite est vu, ici, comme le résultat du push donné par le chef stratégiste de Trump, Steve Bannon, qui cherche à établir des liens avec les différents partis européens qui prônent la désintégration de l'Union européenne. À noter que Mme May arrivera à Washington seule, sans aucun de ses ministres. Les officiels des deux côtés de l'Atlantique semblent vouloir réincarner la relation entre Margaret Thatcher et le président Ronald Reagan durant les années 80. Le quotidien londonien The Telegraph a cité dans ce sens une source gouvernementale disant que les officiels des deux côtés veulent, « vraiment, vraiment » capter l'idée Reagan-Thatcher, à savoir, un nouveau populiste à la Maison-Blanche et une femme forte au 10 Downing Street. Ils veulent raviver cette flamme aussi tôt que possible. Pour sa part, Trump a placé le buste de Winston Churchill au bureau Ovale. Et il a commencé à appeler Mme May « My New Maggie ». Mme May, elle, espère plus pragmatiquement que les tarifs douaniers imposés sur les opérations import-export entre leurs deux pays soient éliminés. Et elle a affirmé qu'elle n'allait pas « avoir peur de défier les points de vue de Trump qu'elle considérera inacceptables ». Et, geste d'hospitalité américaine supplémentaire, elle sera la première leader étrangère à être conviée à participer à la retraite que tient le GOP tous les deux ans et qui a débuté hier en Philadelphie.
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LA LIBRE EXPRESSION
19 h 13, le 26 janvier 2017